PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

In Ministère de l’Education Nationale – Rapport 2014-47 – Juin 2014 :

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RESUMÉ

Par une lettre datée du 21 janvier 2014, le ministre de l’éducation nationale a demandé à

’inspection générale de l’éducation nationale de procéder à une évaluation du dispositif

expérimental « ABCD de l’égalité ». Cette opération, au service de l’égalité entre les filles et

les garçons, vise à «susciter une évolution positive des attitudes des enseignants et des

élèves des deux sexes». Copilotée par les ministères de l’éducation nationale et des droits

des femmes, elle relève des obligations dévolues à l’école par la loi et de la responsabilité des

enseignants, explicitée dans le référentiel de leurs compétences professionnelles tel qu’il a été

redéfini en 2013. Elle concrétise une modalité d’action au service des objectifs énoncés dans

la « convention interministérielle pour l’égalité entre les filles et les garçons, les femmes et les

hommes dans le système éducatif » valant pour la période 2013-2018, notamment au rang de

la priorité consistant à Agir dès l’école primaire.

Les douze inspecteurs généraux constituant la mission chargée de l’évaluation ont rencontré

les responsables locaux de la mise en œuvre de l’opération dans les dix académies concernées

ainsi que des personnels engagés dans l’opération (inspectrices ou inspecteurs, directrice ou

directeurs, enseignant(e)s).

Ils ont conduit des entretiens au niveau national avec des responsables des deux ministères

copilotes de l’opération, avec le directeur général du réseau CANOPE et une de ses collaboratrices,

avec des représentants syndicaux et des représentantes des deux principales fédérations de

parents d’élèves. Ils ont procédé à l’expertise des ressources mises en ligne sur le site dédié à

l’opération. Ils n’ont pas effectué d’observations directes dans les classes. Le bilan de la mise

en place dans les académies fait apparaître une grande diversité de situations. Ce manque

d’unité ne permet pas de fonder des comparaisons sur des variables clairement identifiées.

Dans une année où les priorités étaient nombreuses, le pilotage du dispositif d’abord assuré par

les recteurs et les IA-DASEN a été rapidement délégué à des chargés de mission. Les

formations attendues ont été organisées de manière fidèle aux cahiers des charges et ont

donné satisfaction ; c’est le point fort évident de l’expérimentation. Les ressources mises à

disposition des formateurs et des équipes pédagogiques par un site dédié du réseau CANOPE

sont de qualité variable mais ne méritent certainement pas les critiques exacerbées que l’on a

pu lire ou entendre. Globalement, le site construit dans des conditions très contraintes du point

de vue temporel aurait pu être rendu plus lisible, l’accumulation pouvant créer de la confusion

plus que constituer une richesse. La mission d’inspection générale et la direction du réseau

CANOPE ont, sur la question, des analyses convergentes.

Le rapport propose une analyse du phénomène de contestation marqué par les « journées de

retrait des élèves » qui a profondément interféré avec l’expérimentation. On ne peut minimiser

la violence symbolique pour les enseignant(e)s qu’ont constituée ces journées ainsi que les

polémiques persistantes autour de ce que l’école est accusée de mettre en œuvre dans

cette expérimentation. Si quelques professeur(e)s ou équipes pédagogiques ont été stimulé(e)s

par ces oppositions, beaucoup d’autres qui étaient engagé(e)s sans réelle conviction dans

l’expérimentation ont vu leurs interrogations renforcées. Sur la base des entretiens conduits

par la mission d’inspection générale avec des interlocutrices et interlocuteurs variés, quelques

« leçons » sont tirées de cet épisode inédit dans l’histoire de l’Ecole : la prudence à avoir en

matière de communication, la nécessité d’informer les parents et d’expliquer pour gagner leur

 

confiance quand il s’agit de questions éducatives à forte résonance symbolique, la nécessité

aussi de mieux outiller les enseignants, et ceux qui les accompagnent, avant de les lancer dans

des « expérimentations ».

Le bilan des réalisations sur le terrain est assez modeste mais le temps écoulé entre la fin des

formations et le début des polémiques a été court et la sérénité a manqué dans la deuxième

partie de l’année pour que des travaux d’envergure soient enclenchés. Les enseignant(e)s

bénéficiaires des formations développent une vigilance plus élevée que par le passé aux

modalités d’organisation et de conduite de la classe ainsi qu’aux supports des activités afin de

donner aux filles et aux garçons des opportunités d’apprentissage aussi égales que possible.

Ces enseignant(e)s, dans leur majorité, souhaitent un accompagnement plus soutenu et des

aides en matière d’outils pédagogiques. Les doutes, voire les difficultés, qu’ils expriment

montrent qu’ils ont une conscience aiguë de leur responsabilité d’éducateurs et souhaitent agir

dans le respect des droits des enfants.

En matière de préconisations, non seulement il n’est pas proposé de renoncer au projet, il s’agit

même de l’amplifier, en en faisant évoluer les modalités, de bâtir rigoureusement et progressivement

un projet qui s’intègre au quotidien de la vie scolaire et des enseignements et qui relève pleinement

de l’éthique professionnelle des enseignant(e)s. L’égalité des droits entre les filles et les garçons doit

relever d’une vigilance et d’une bienveillance permanentes, et non d’un « dispositif » que les professeur(e)s

auraient la faculté de choisir ou de rejeter. Cinq recommandations développées dans la dernière partie

du rapport sont ici résumées :

– clarifier les composantes du projet et l’échéancier : dans des délais courts, il convient de préciser le

sens de l’éducation à la valeur égalité, particulièrement quand il s’agit de l’égalité filles – garçons ; par

ailleurs, il faut mobiliser les enseignant(e)s sur la prise de conscience de leurs modalités d’action, de ce

qu’elles masquent et de ce qu’elles produisent ainsi que sur les changements souhaitables. Enfin, en vue

d’une application qui respectera le calendrier de mise en œuvre des nouveaux programmes, il convient de

demander au conseil supérieur des programmes de préciser les contenus d’un enseignement explicite

pour l’égalité des droits entre les filles et les garçons, ce qui conduira à des évolutions liées et intégrées

à la mise en œuvre des programmes, soutenues par des documents d’accompagnement ;

– étendre autant que possible la formation et l’enrichir, en s’appuyant sur un site-ressources réorganisé ;

formation continue et formation initiale (de l’encadrement autant que des enseignant-e-s) sont concernées ;

– proposer un accompagnement et un rôle particuliers aux écoles pionnières qui confirmeraient leur

engagement pour faire évoluer leurs pratiques ;

– communiquer avec les parents pour aplanir les différends, lever les malentendus et partager un projet

éducatif avec eux ;

– engager une démarche rigoureuse d’évaluation dont le pilotage pourrait être confié au CNESCO et à

laquelle l’inspection générale pourrait être associée.

SOMMAIRE

Introduction : rappel du contexte et présentation du rapport

1. La mise en œuvre du dispositif expérimental « ABCD de l’égalité »

1.1. Une réalité difficile à cerner tant sont diverses les situations académiques

1.2. Les formations : un temps fort du dispositif expérimental

1.3. Les ressources diffusées au niveau national : tri, réorganisation et extension sont indispensables 

2. La contestation externe, ses incidences sur l’expérimentation et au-delà

2.1. Les « journées de retrait des élèves » : un phénomène inédit, d’une réelle violence symbolique pour les enseignants et,

souvent, générateur de doutes

2.2. Une leçon à tirer de cet épisode : aborder les « questions socialement vives » avec toutes les précautions nécessaires 

3. Un premier bilan

3.1. Une évolution des modalités d’organisation et de conduite de la classe, les contenus mêmes des activités et des

apprentissages peu affectés

3.2. Une demande forte : la nécessité d’un accompagnement pérenne pour consolider une évolution des pratiques 

4. Des perspectives pour la généralisation, qui soit celle d’une éducation pour l’égalité des droits entre filles et garçons 

4.1. Clarifier les composantes du projet et l’échéancier

4.2. Étendre autant que possible la formation et l’enrichir, en s’appuyant sur un site-ressources réorganisé

4.3. Proposer un accompagnement et un rôle particuliers aux écoles pionnières qui confirmeraient leur engagement 

4.4. Communiquer avec les parents pour partager un projet éducatif avec eux

4.5. S’engager dans une démarche rigoureuse d’évaluation

Conclusion

Annexes

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