« Art ou pratique ayant pour fin la vie bonne et heureuse », Le mot « éthique » (ethos) désignait pour les Grecs l’ensemble des comportements, des mœurs, dont l’enracinement profond donne à l’homme une « seconde nature » : « je me sers des mots éthique » et « morale », souvent confondus et qui, certes, sont interchangeables jusqu’à un certain degré- l’un vient du grec, l’autre du latin, et ils recouvrent le même phénomène. J’ai cependant proposé…d’appeler éthique le souhait d’une vie accomplie, avec et pour les autres, dans des institutions justes…L’éthique comme souci de soi, comme souci de l’autre, comme souci de l’institution ; je tiens beaucoup à cette relation entre les trois termes- l’élément réflexif, l’élément d’altérité et l’élément institutionnel », Paul Ricoeur, 1994.

On peut considérer que l’éthique est plus proche des déterminations du comportement de la subjectivité vivante des individus, tandis que la morale est l’exigence universelle, irréductible et transcendante.

L’éthique se rattache à un ici et maintenant, à une communauté humaine, à un « être ensemble », le devoir est un impératif d’universalité qui vaut par lui-même sans égard au contexte. Ceci explique la faveur accordée au terme d’éthique et le discrédit qui frappe le terme morale.
« Que désigne l’éthique ? Non point le discrédit de la morale, à savoir un ensemble de règles propres à une culture, mais une « métamorale », une doctrine se situant au-delà de la morale, une théorie raisonnée sur le bien et le mal, les valeurs et les jugements moraux », J. Russ, 1994.
O. Clain, de l’Université de Laval au Canada, 1999, propose de distinguer :
– l’éthique de la civilité (Duclos D.)
– l’éthique de la responsabilité (Jonas H.)
– l’éthique communicationnelle des Comités d’éthique
– l’éthique fondationnelle qui a une optique plus générale.

Mais il y en a beaucoup d’autres : éthique de la sollicitude (inspirée d’E. Lévinas) ; éthique des devoirs (de style kantien) ; égoïsme rationnel (inspirée de Hobbes) ; contractualisme (à la manière de Rawls) ; éthique des vertus (influencée par Aristote). Certains auteurs placent l’éthique dans le cadre de la philosophie morale, divisée en trois branches : méta-éthique, éthique normative, éthique appliquée.
La réflexion éthique n’est jamais achevée ; elle ne peut se ramener à un code, ni à un recueil de solutions, ni à un dogme. Elle ne protège pas des dilemmes et des dialogues critiques sur ce qui est bien ou pas. J. Feldman et R.-C. Korn, 2000.

L’éthique est, au contraire, un appel à la réflexion traversée avant tout par une exigence, une attitude en face des problèmes de la vie et doit rester ouverte à toutes les interpellations qui constituent le meilleur moyen de progresser dans la réflexion et l’action.
En ce sens, « L’éthique est l’obligation qu’on s’impose à soi-même, la responsabilité que l’on prend pour garantir sa propose liberté conjointement à celle d’autrui avec lequel on est en interaction ». (Lévinas E.). Pour Emmanuel Lévinas, cet ensemble de fins, de valeurs et de prescriptions ne constitue cependant pas un « système intrinsèque à l’exercice universel de la raison » mais ‘le produit historique de l’activité des hommes vivant en société », la régulation et la détermination étant inséparables de l’élan et du dépassement.

Le choix d’éduquer sous-tend une éthique, c’est-à-dire une « attention obstinée aux conditions de possibilité de l’émergence des personnes »,P . Meirieu, 1991.

Toute éducation suppose une réflexion éthique sur le rapport entre finalités orientées par des valeurs et réalités à analyser. L’expérience éthique est une totalité qui constitue dans une conscience singulière un rapport à soi ; un rapport à l’autre ; un rapport à la norme sociale qui gouverne les rapports entre les individus.
Les enseignants de la maternelle à l’université peuvent contribuer dans leurs pratiques quotidiennes à une éducation à l’altérité, pour les respect de l’autre.(*)

(*) Pour aller plus loin, se rendre sur le site [->www.reseau-ethique-pedagogie.org]

PRISME a rencontré ses animatrices le 16/12/03