Les recherches présentées dans ce numéro ont, à une exception près, été réalisées dans le cadre de l’Équipe universitaire de recherches en éducation et didactique (EURED) du Centre de recherches en éducation, formation et insertion de Toulouse (CREFIT) de l’université de Toulouse-le Mirail. Ce qui les rassemble, en dépit de différences sur lesquelles nous reviendrons plus loin, demande donc à être explicité d’emblée.
Leur objet tout d’abord. Celui-ci est constant depuis plus de trente ans : il s’agit de la lecture-écriture, entendue principalement dans le sens que ce terme revêt dans les milieux de l’éducation. L’épistémologie qui les guide ensuite : constructiviste et socio constructiviste. « Constructivisme » est à entendre ici en référence à Jean Piaget et donc au souci de considérer que dans l’acquisition de la lecture-écriture ce qui importe au premier chef est l’activité que développe l’enfant pour s’approprier la langue écrite. « Socio-constructivisme » renvoie à la nécessité de prendre en compte – et la référence principale est ici Lev Vygotski – que cette acquisition n’a pas lieu dans un vide social mais varie sensiblement selon le contexte – linguistique, didactique, pédagogique – dans lequel elle a lieu. En d’autres termes, ce qui intéresse l’EURED est la lecture-écriture, tant du point de vue de l’apprentissage que de celui de l’enseignement.
Or, ce qui pourrait aller de soit pour le sens commun – à savoir que l’apprentissage de la lecture-écriture dépend largement de l’enseignement – ne correspond pas en l’état actuel de la division du travail à l’organisation de la recherche. Ceux qui s’intéressent à l’apprentissage ne sont généralement pas les mêmes que ceux qui s’intéressent à l’enseignement. La position de l’EURED s’inscrit en faux contre cette tradition et conduit donc à étudier, autant que faire se peut, l’acquisition de la langue écrite en fonction du contexte dans lequel elle s’effectue. Si telle est la position de principe, dans la réalité des pratiques, les questions sont parfois étudiées dans un premier temps sans considération du contexte – et relèvent donc davantage du constructivisme que du socio constructivisme –, quitte, si les résultats sont encourageants, à être reprises ultérieurement en fonction du contexte.
Sur le plan méthodologique, les recherches de l’EURED respectent les critères de scientificité – objectivité, séparation des variables, administration de la preuve – qui se sont développées dans les sciences de la nature puis dans les sciences de l’homme. Une modalité particulière de cette méthodologie est la didactique expérimentale : dans le cas de la lecture-écriture en effet, compte tenu du double souci d’étudier les effets du contexte didactique et de le faire en respectant les exigences méthodologiques rapportées ci-dessus, le chercheur est amené à créer des situations expérimentales dans laquelle il intervient en tant que didacticien.
A ce rapide énoncé de ce qui est commun à l’ensemble des recherches de l’EURED (pour une présentation plus complète, voir Fijalkow, 2000) et donc de celles présentées ici, ajoutons un souci praxéologique constant qui, contre vents et marées scientifique et/ou idéologiques, considère qu’il appartient aux chercheurs en éducation d’apporter des éléments utiles à ceux qui, sur le terrain de l’ensei¬gnement, à quelque niveau hiérarchique qu’ils se situent, ont pour fonction de faire en sorte que l’acquisition de la lecture-écriture s’effectue de façon toujours plus efficace.
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