PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

Les premières rencontres PEP ont permis, entre autres, de confronter les points de vue entre militants, directeurs,  professionnels, responsables associatifs et d’administrations en ce qui concerne la présence d’enseignants spécialisés dans les différents lieux accueillant ou accompagnant la scolarité des « élèves à besoins éducatifs particuliers ».

L’inquiétude, légitime, est grande. L’annonce d’une prochaine circulaire relative aux obligations de service des enseignants spécialisés peut certes être interprétée positivement, mais elle sera loin de lever toutes les ambiguïtés. Que vaudrait un texte s’appliquant à des personnels dont la disparition sur le terrain est constatée dans de très nombreux départements, y compris dans les préparations de la rentrée 2012 ? Quel serait l’avenir de la fonction de « direction spécialisée Éducation nationale » s’il n’y a plus la certitude de pouvoir compter sur un réseau d’enseignants spécialisés dans les dispositifs sociaux, sanitaires
et médico-sociaux sous tutelle autre que celle du ministère de l’Éducation nationale ?

On entend parfois qu’aucune consigne n’aurait été donnée aux responsables des services déconcentrés de l’Éducation nationale. Sauf que les indications constamment réitérées (« priorité » à l’enseignement dans les classes) induit localement des retraits d’emplois spécialisés parfois considérables, mettant à mal une politique d’inclusion résolue, cohérente et concertée.

Elle induit aussi la volonté de réduire l’action des enseignants spécialisés à une seule fonction au détriment de l’approche professionnelle pertinente, construite depuis plus de trente ans en tenant compte des évolutions personnelles et collectives, sociales, politiques et pédagogiques.

Comme le rappellent encore les référentiels de compétences accompagnant les diverses formations spécialisées :

? les enseignants spécialisés enseignent,
? et, disposant d’une expertise pédagogique certaine, ils sont acteurs du partenariat et de la coopération avec les équipes de l’école, du collège ou du lycée général ou professionnel, du lieu de formation professionnelle,
? et ils sont les professionnels indispensables dans la coordination de la scolarisation des élèves en situation de handicap ou atteints de maladies invalidantes (participation à l’élaboration, à l’accompagnement et/ou à la mise en oeuvre, à l’évaluation des PPS, PAI, PPRE, etc.)

Une interprétation restrictive de la loi « handicap » de 2005 tendrait à ne plus accompagner les familles qui le souhaitent dans l’élaboration des réponses à mettre en oeuvre pour leur enfant. Aussi, risque-t-on d’amplifier un mouvement conduisant des élèves dans une classe ordinaire certes, mais avec le seul soutien – épisodique, de plus en plus épisodique – d’auxiliaires aux statuts fl uctuants. Ce soutien, s’il est essentiel dans certaines situations (et sous réserve de la pérennisation d’une fonction, d’une formation et de personnels enfin reconnus) camoufle de plus en plus souvent le refus de proposer aux jeunes et aux parents qui le souhaiteraient le recours aux services ou établissements spécialisés et à leurs professionnels. Les évolutions, considérables ces dernières années, peuvent pourtant encore s’accentuer dans le sens d’une meilleure collaboration entre l’institution scolaire et les dispositifs médicaux, psychologiques, sociaux et éducatifs1.

On évoque parfois « LA » rigueur pour justifier des choix difficiles (« difficiles » pour qui ?) Mais pourquoi les enfants, les jeunes les plus démunis, devraient-ils en faire prioritairement les frais2, au mépris des lois et des déclarations officielles de ces dernières années dans les secteurs éducatif, sanitaire, psychologique et social ?

1. Cf. l’article qui m’avait été demandé par La Nouvelle Revue de l’AIS (publication de l’ex-Cnefei, Suresnes) n°15, 3e trimestre 2001, à l’occasion du centenaire
de loi de 1901 relative aux associations : « La Scolarité des jeunes porteurs de handicaps : de nouvelles collaborations entre les établissements scolaires et
les structures spécialisées du secteur associatif »
2. Article du Café pédagogique, 16 décembre 2011, « Primaire : Répartition académique des suppressions de postes dans le premier degré »
http://www.cafepedagogique.net/searchcenter/Pages/Results.aspx?k=Pélissard

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