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"L’école française, entend-on souvent, est profondément « inégalitaire ». Elle serait trop « élitiste », trop « sélective », trop « reproductrice », générerait un « échec scolaire » massif, etc. En tout cas, tout semble montrer qu’elle reste aujourd’hui encore largement impuissante à corriger le déterminisme héréditaire des destinées sociales, et très modestement celui des destinées scolaires. Dans le débat public contemporain, en France, ces questions et ces accusations sont récurrentes, et portées notamment, ces dernières années, par des sociologues reconnus, et souvent situés à gauche, tels que Christian Baudelot et Roger Establet, François Dubet ou encore Jean-Pierre Terrail avec leurs nuances respectives. Quoique ce diagnostic ne soit pas nouveau en lui-même (on peut le faire remonter au moins aux années 60-70, au moment de la publication des ouvrages de Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron), il prend sans doute aujourd’hui un tour particulièrement aigu dans la mesure où depuis lors, le mouvement de « démocratisation » scolaire – ce que l’on appelle parfois la « massification » – a profondément modifié les conditions d’accès aux différents niveaux d’enseignement dans le sens d’une nette élévation du taux de scolarisation et d’une plus grande ouverture de principe : en ce sens très large, on peut dire que l’égalité des chances à l’école a globalement progressé. Or, contre toute attente, force est de constater que cette démocratisation de l’école ne s’est pas traduite dans les faits par une plus grande mobilité sociale. Pour ce qui est de la dernière décennie, si l’on se réfère notamment aux enquêtes successives du programme PISA, il faut même souligner que la corrélation entre statut social et réussite scolaire semble s’être renforcée en France. D’où un malaise certain, et même une impression d’échec voire d’impasse, une véritable désillusion."