PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

Atelier de l’université d’été 2008 animé par Martine FOURIER, Directrice de CAPCITES, membre du bureau de PRISME,

Laëtitia SAADAOUI, professionnelle du développement local

Nolwenn LE RAY, chargée de mission DGA Solidarités

«Cet atelier participe du travail collectif auquel PRISME s’est associé concernant le travail social communautaire qui réunit régulièrement des acteurs institutionnels. Après les émeutes de 2005, un texte est paru dans les ASH sur le « mieux vivre ensemble » à partir duquel s’est constitué un comité de pilotage (COPIL) qui se réunit dans le projet d’un séminaire en décembre 2008 et d’un colloque en 2009. Depuis le début de l’année, trois thématiques sont analysées par des groupes de travail : recherche et analyse des concepts, analyse des pratiques de terrain, sensibilisation, formation, coordination à partir des deux thèmes précédents. Durant cet atelier, nous travaillerons sur ces trois thèmes dans une démarche participative et nous vous demandons d’écrire ce qu’évoque pour vous le « développement social local ».

Comme les mots sont « chargés d’histoire», le groupe a établi une liste et ouvrages ressources.

[(Développement : « Processus multi-dimensionnel » Philip Mondolfo, Travail social et développement, Dunod, 2001 ; « (…) approche globale des problèmes de territoire. Dépasser le sectoriel, trouver une structure qui permette de mettre en lien les différents acteurs (projets transversaux) ». Jacqueline Mangin, Guide du développement local et du développement social, Logiques sociales, l’Harmattan, 1989

Développement social : « processus d’éclosion et de revitalité des sociabilités permettant d’obtenir des changements dans les statuts sociaux des participants, les conduisant à pouvoir renégocier une citoyenneté pour eux-mêmes ou de nouveaux rapports avec les autres catégories ou les institutions ». Philippe Mondolfo, Travail social et développement, Dunod, 2001

Développement social : « Dans le contexte de l’action publique française au niveau local, le développement social se présente à la fois comme une finalité et comme un processus tendant à accroître la participation active des habitants dans la vie de la cité, à réduire les inégalités et à lutter contre les exclusions. A travers l’optimisation des ressources publiques et privées, humaines et matérielles, les approches favorisant le développement social prennent appui sur des orientations et politiques publiques, sur des interventions professionnelles et sur des projets impliquant des acteurs d’horizons divers, contribuant ainsi à une dynamique sur le territoire ». Carole Dane, Travailler avec les quartiers en difficulté, Dunod, 2005

Développement local : « Moyens et réalisation des projets ou des politiques par la mobilisation combinée d’actions et de ressources et la production de richesses locales. (…) » Développement social local et décentralisation, les Actes, Co-éditions, Adels-Syros, 1985, p.5 ; « Mise en œuvre, le plus souvent mais pas exclusivement, dans un cadre de coopération intercommunale d’un projet global associant les aspects économiques, sociaux et culturels du développement. (…) » Le guide du développement local de la DATAR

Développement social Local : « Processus qui implique une diversité de tâches et d’activités. Il cherche à engager les gens au ras des pâquerettes pour les décisions et orientations qui les concernent ou qui concernent leur environnement immédiat ». Henderson et Thomas, Savoir faire en développement social local, Editions ; Bayard, 1987 – 92 p.23

Développement communautaire : « Participation consciente et organisée de la communauté en vue de son propre développement ». Le projet de territoire, élaboration et conduite partagée d’un projet de territoire, sous la direction de Didier Minot, Op, cit, P.156 ; (Définition proposée par le Combined European Bureau for Social Development) œ Le développement communautaire est la voie d’une société civile renforcée donnant la priorité aux actions des communautés et leurs perspectives dans le développement social, la politique économique et environnementale. Il cherche l’émancipation (« empowerment ») des communautés locales, en tant que communautés géographiques, communautés d’intérêt ou l’organisation de communautés autour de thèmes spécifiques ou d’initiatives politiques. Il renforce la capacité du peuple en tant que citoyens actifs à travers leurs groupes communautaires, les organisations et les réseaux, ainsi que la capacité d’institutions et d’agences (publics/privées et non gouvernemental) à travailler dans le dialogue avec des citoyens pour construire et déterminer le changement de leurs communautés. Il joue un rôle crucial dans le soutien de la vie démocratique active en recherchant la promotion de la voix autonome des personnes en difficultés et des communautés vulnérables. Il a un enjeu principal lié aux valeurs et aux principes sociaux recouvrant les droits de l’homme, l’inclusion sociale, l’égalité et le respect de la diversité, ainsi que des compétences spécifiques et des bases de connaissances ».)]

Des commentaires autour de termes communs

« Territoire, habitant, communauté, implication et participation des habitants et des notions plus spécifiques : appartenance, débat local qui démontrent comment se constituent les représentations de chacun sur un thème. »

« Le terme « développement social local » est le plus usité par les acteurs. Il permet de rechercher les éléments constitutifs permettant de travailler sur les territoires, pour fédérer, pour construire. »

« Développement social et développement communautaire résultent des mêmes définitions, le mot communautaire portant des tabous en France. Les autres pays européens ne comprennent pas pourquoi notre utilisation de deux termes associés différents. Le terme d’« empowerment » n’ayant pas d’équivalent en France, nous choisissons de le traduire par émancipation. »

« Il y a des termes définis institutionnellement sur le développement social des quartiers mais ils sont dépassés. Ce qui est intéressant dans le groupe de travail sur les concepts c’est de réaliser que les termes sont vivants et s’adaptent aux changements d’échelles et de la société. La démarche conceptuelle est en miroir du thème, rattachée à un processus d’auto- questionnement permanent. »

« Pour savoir de quoi on parle, il faut que l’ensemble des personnes d˜un groupe mettent les mêmes choses sur le même terme mais il peut y avoir des éléments spécifiques pour chacun, qui peuvent être connus de tous. »

« Au Québec, le développement communautaire fonctionne avec le développement économique, au contraire de la France où l’approche est d’abord sociale, même si l’aspect économique reste sous-jacent. «

« En France, on effectue des diagnostics sur différents thèmes, sans mise en cohérence, avec un morcellement des territoire et personnes, avec beaucoup d’énergie et de temps pour avoir une vision parcellaire. Les travailleurs sociaux sur un territoire ont également cette vision parcellaire car les autres éléments ne sont pas à leur disposition. En fonction des personnes reçues par les travailleurs sociaux reçoivent, ceux-ci dégagent des problématiques communes, par exemple, le nombre important d’impayés de loyers. En Seine et Marne par exemple, les personnes concernées ont été invitées à une information collective et certains membres du groupe ont pensé que d’autres personnes du quartier rencontraient les mêmes difficultés. Ils ont constitués un groupe et construits des outils de communication pour les autres habitants du quartier. »

« Témoignage d’une expérience de santé communautaire accompagnée pendant dix ans.

L’hypothèse de l’association AIDES (contre le Sida) est que le malade du SIDA est un réformateur social, expert de sa maladie, ce qui permet de dépathologiser certains éléments (sexualité, prostitution, drogues) et de respecter et d’accompagner les choix de vie des personnes. Un local d’accueil de toxicomanes a été ouvert dans une cité de banlieue avec un partenariat institutionnel avec la mairie, la DDASS, des leaders politiques locaux mais aussi la mosquée, les dealers, les associations de quartiers, acteurs d’un pouvoir informel. La volonté que les personnes accompagnants soient aussi d’anciens usagers, de reconnaître leur expertise, sans hiérarchie entre les compétences acquises à l’université ou dans la rue. Cela a permis à des personnes en exclusion d’être respectées dans leurs choix de vie, de créer une solidarité entre elles et avec les personnes du quartier. Certains ont amenés spontanément des repas et cela a modifié le regard sur le public à partir de quelques principes : Que notre action ne nuise pas : est-ce que ce qu’on fait sera plus néfaste que de ne rien faire ? Qu’ils soient vivants demain. Le règlement intérieur était ni drogue, ni violence dans les locaux et les forces de l’ordre n’intervenaient pas aux abords du local et sur nos publics, sauf exception. Le quartier s’est pacifié, la délinquance a diminué car le lieu accueillait les plus exclus. Nous avons changé les horaires de travail, le fonctionnement en fonction des besoins du public. En le travaillant avec les usagers. C’était une approche collective d’un groupe qui a une communauté de combat sur un territoire. En même temps, c’était un lieu collectif. »

Une action locale

« La commune de Lésigny est composée de résidences fermées entre elles. La commune n’est pas en ZUS mais il y a des difficultés : violences conjugales, signalements d’enfant maltraités, soucis d’autonomie des enfants, jeunes adultes ayant du mal à construire leurs projets de vie, modes de garde multiples.
L’objectif était d’agir en amont. Depuis 1994, le centre social a mis en place de l’aide aux devoirs et a retravaillé son projet depuis 2 ans à partir d’un diagnostic, en partenariat avec les associations, le collège et les travailleurs sociaux. »

En première action, pour l’accompagnement à la scolarité, les familles sont orientées par les directeurs des écoles. La référente famille rencontre les parents individuellement une fois par trimestre. Parallèlement, des sorties familiales permettent aux familles de se connaître mais à la référente de mieux connaître la population. En troisième lieu, des ateliers familles naissent sur des projets ponctuels, comme l’an dernier le sujet sur le carnaval et les costumes. Les suivis sont individuels et collectifs. A la rentrée prochaine un café des parents s’installe dont les parents ont participé à l’organisation. »

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Categories: UNIVERSITES D'ETE

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