PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

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La loi de refondation a marqué la priorité désormais accordée à l’éducation et rappelée par les nouveaux Premier Ministre et Ministre de l’Éducation nationale suite au remaniement du 31 mars. Mais cette volonté doit maintenant prendre une dimension supplémentaire dans les territoires les plus en difficulté, où s’exacerbe le sentiment d’exclusion.

La concrétisation de l’école du socle commun, attachée à la réussite de tous plutôt qu’à la sélection d’une élite, ne saurait pallier une politique ambitieuse de l’éducation prioritaire.

« Inventeur » des ZEP dans les années 70, le Sgen-CFDT revendique un droit d’inventaire sur leur mise en œuvre, mais pour défendre une éducation prioritaire à la cartographie rénovée, resserrée sur les territoires les plus en difficulté, et conçue en cohérence avec la politique de la ville. Pour les équipes pédagogiques et leurs partenaires territoriaux, il réclame le droit à l’innovation et à une vraie maîtrise locale de la politique éducative. Enfin, pour tous les personnels, il exige des aménagements spécifiques des conditions de travail et des obligations de service, ainsi que la reconnaissance de leur engagement.

Le plan de refondation de l’éducation prioritaire dévoilée en début d’année reprend certaines des principales revendications du Sgen-CFDT. Il est devenu opérationnel avec la publication le 4 juin de la circulaire intitulée Refondation de l’éducation prioritaire.

Ce plan est articulé autour de trois axes : les élèves, les équipes, le cadre. Le plan entend ainsi redonner une cohérence d’ensemble à la politique d’éducation prioritaire qui a souffert aussi longtemps d’un manque de gouvernance, de pilotage et de mise en perspective des dispositifs, des moyens et des objectifs. Tous les acteurs concernés font donc l’objet d’une remise à plat de leur place et de leur rôle dans le dispositif d’ensemble.

L’Axe 1 s’intitule « des élèves accompagnés dans leurs apprentissages et dans la construction de leur parcours scolaire ».

Cet intitulé met en exergue plusieurs mots-clés qui indiquent d’emblée le sens de ces mesures. Il y est question d’accompagnement à l’effectivité des apprentissages et de construction de parcours. Ainsi l’élève serait pris en considération comme individu pour ce qu’il est, avec ses difficultés et ses atouts, et accompagné par les adultes de l’établissement dans deux objectifs : s’assurer non pas que le programme soit terminé mais que les apprentissages soient effectifs et construire avec l’élève un parcours scolaire plutôt que de lui imposer ou de le laisser s’imposer, consciemment ou inconsciemment, une orientation subie.

Le Sgen dit trois fois oui à l’amélioration du taux de scolarisation des moins de 3 ans dans les réseaux d’éducation prioritaire. Toutefois, la quantité seule ne suffit pas. Il faut donner des outils aux enseignants pour un accueil qualitatif des tout petits car il n’y a plus à démontrer que la lutte contre les inégalités commencent dès le cycle 1. Les collègues doivent s’emparer des PEDT et veiller à ce que les moins de 3 ans ne soient pas oubliés. Avec les partenaires locaux, il faut prendre en compte les spécificités des tout petits pour les rythmes, les activités et l’adaptation des locaux notamment.

Le choix de mettre l’accent sur l’accompagnement des élèves passe par le déploiement du dispositif « plus de maîtres que de classes » dans chaque école de l’éducation prioritaire. Ce dispositif intéressant doit répondre à un cahier des charges rigoureux : priorité aux apprentissages fondamentaux, concertation entre le maître et les maîtres, maître supplémentaire dans le cycle. Mais il faut aussi des professeurs référents sur l’ensemble de l’école du socle.

Le choc de la transition entre CM2 et Sixième sort enfin de l’ombre. Ce n’est pas une lubie de pédagos ou de technocrates pour abattre le rideau de fer entre le Premier et le Second degré mais une réalité qui frappe encore et toujours les élèves les plus fragiles. Le Ministère propose de mettre en œuvre un accompagnement continu jusqu’à 16 h 30 pour les Sixième. L’idée est séduisante si elle dépasse le stade du slogan. Il ne s’agit pas seulement de garder les élèves dans l’établissement jusqu’à 16h30 (d’ailleurs tous les enfants ne sont pas forcément pris en charge par leurs parents ou un adulte dès 16h30), c’est tout le rythme du collège qui doit être révisé à tous les niveaux : organisation de la journée, de la semaine, de l’année. Par ailleurs, ce n’est pas la transposition de l’horaire symbolique de fin de classe de l’école au collège (d’autant plus symbolique que les horaires changeront à la rentrée 2014) qui garantira une meilleure transition et une meilleure adaptation des ex CM2. Il faut aussi mettre en œuvre une liaison réelle entre l’école et le collège et du contenu utile dans cet accompagnement avec des personnels formés à la prise en compte de l’hétérogénéité, à l’accompagnement, à la difficulté scolaire…

Parmi les lignes de force de la refondation de l’École, il y a celle du numérique. Il est donc proposé de généraliser l’utilisation de l’accompagnement individualisé interactif avec le dispositif gratuit et public créé par le CNED D’Col dans tous les collèges de l’éducation prioritaire. Il est évident que la puissance publique doit tout mettre en œuvre pour bloquer le développement du marché de l’angoisse scolaire. Il est tout aussi évident que l’Éducation nationale doit entrer résolument dans l’ère du numérique. Mais il ne faut pas que sur le terrain cela se transforme en une heure de cours en plus simplement agrémentée d’un clavier, d’une souris et d’un écran.

Le plan de refondation pose comme exigence de développer l’ambition et la curiosité des élèves pour les aider à construire leur parcours. Effectivement, il est urgent de donner des perspectives autre que l’attente de la prochaine sonnerie aux élèves et autres qu’une orientation précoce qui s’apparente d’ailleurs davantage à un tri. Il faut accompagner les choix de l’élève en lui permettant de découvrir tous les possibles. Il faut aussi briser le plafond de verre que s’impose aux-mêmes les élèves et leur famille. Le socle commun doit aider l’élève, sa famille, les adultes à co-construire un parcours assumé.

Changement de cap sur les internats. Alors que le gouvernement précédent avait fait le choix d’exfiltrer les élèves méritants des établissements difficiles pour les placer dans des internats d’excellence, le plan propose de créer des internats de proximité pour les collégiens. Tout en reconnaissant que le contexte proche de l’élève peut être un frein à sa réussite, cette mesure n’oublie pas que les jeunes ont aussi besoin de la proximité de leur famille. La ghettoïsation dans un sens comme dans l’autre n’est bénéfique à aucun des deux groupes. Au contraire, là où elle n’existe pas, il faut encourager la mixité sociale car l’hétérogénéité est source de réussite pour tous les élèves.

 

L’axe 2 intéresse tous les personnels des établissements qui doivent devenir des équipes éducatives formées, stables et soutenues.

On pourrait gloser sur ce qui semble être une évidence et que de nombreux acteurs, dont le Sgen-CFDT, n’ont de cesse rappeler. En éducation prioritaire, les personnels doivent recevoir une formation forte et pertinente. Les élèves comme les personnels ont besoin de stabilité pour pouvoir développer un travail d’équipe efficace et performant. Dans les difficultés que rencontrent au quotidien les collègues de l’éducation prioritaire, l’administration doit apporter un soutien particulier et renforcé.

Pour former une équipe, il est impératif de donner du temps à ses différents membres pour se rencontrer et échanger. Enfin, ce temps de concertation en équipe est reconnu comme une partie intrinsèque du travail des enseignants et, plus largement, de tous les personnels qui ont en charge, d’une manière ou d’une autre, les élèves. Concrètement, les enseignants dans les collèges reconnus REP+ bénéficieront dès la rentrée 2014 d’une pondération 1,1 pour chaque heure de cours. Cette pondération permettra de dégager une heure et demie de temps de service (16 heures et demie devant élèves + une heure et demie = 18 heures) pour formaliser le temps de travail en équipe. Dans les écoles REP+, la pondération consistera en une décharge de 9 jours par an. Le Sgen-CFDT se félicite de cette nouveauté et appelle d’une part à ce que le temps de travail en équipe soit partie intégrante de la mission d’enseignement et d’autre part à ce que cette pondération ne se transforme pas en heures supplémentaires au risque d’être rendue inopérante. La circulaire d’application à venir en dira plus sur ce que sera la réalité dans les classes à la rentrée.

Aux grands maux, les grands remèdes : le Ministère propose un grand plan de formation continue et d’accompagnement pour l’éducation prioritaire. Cela pourrait passer pour une lapalissade mais on sait à quel point la formation continue fait défaut aux enseignants. Le Sgen approuve l’inscription dans le déroulé de l’année scolaire de trois jours de formation. L’accompagnement par des experts est une solution nouvelle qui mérite d’être mise à l’épreuve car la distanciation comme l’expertise scientifique manquent cruellement aux praticiens de terrain. Enfin, le tutorat des enseignants nouvellement nommés est presque une évidence dans le cadre ne serait-ce que d’une gestion humaine des ressources. Une telle ambition de moyens et d’objectifs en matière de formation appelle des garanties sur les sujets liés : remplacement, pilotage, décloisonnement, carrière, projet d’établissement.

L’une des principales difficultés que rencontrent les établissements difficiles est celle de pourvoir les postes puis de stabiliser les personnels.

Ainsi le Ministère envisage de prendre le problème par les deux bouts : une incitation financière par de l’indemnitaire ou par le GRAF pour inciter les collègues à demander des affectations en établissement difficile et une bonification pour en sortir après une durée de service préalablement fixée. Le Sgen est favorable à des mesures visant à reconnaître et valoriser de la même façon tous les personnels en fonction du lieu d’exercice et non en fonction des spécificités de corps. Mais certaines de ces mesures ne devraient pas s’appliquer uniquement aux écoles et établissements REP+ mais bien à l’ensemble des établissement d’une éducation prioritaire repensée au niveau territorial.L’axe 3 prend en considération le cadre d’ensemble dans lequel s’inscrivent les établissements de l’éducation prioritaire, leurs élèves et leurs équipes qui y travaillent. Ce cadre doit être « propice aux apprentissages ». Il est effectivement pertinent de ne pas essayer de pratiquer une éducation ou une pédagogie déconnecté dans ces établissements mais de bien avoir une approche systémique du sujet car il ne faut pas laisser les équipes enseignantes seules dans cette mission.

Avant toute chose, la notion de réseau est réaffirmée au travers de projets pérennes construits sur la base des meilleures pratiques. Pour le Sgen-CFDT, le réseau ne saurait vivre sans un projet collectivement formulé et le projet ne peut pas vivre s’il ne s’inscrit pas dans un réseau. Cela étant dit, il faut donner des garanties aux équipes avant qu’elles se lancent dans la construction, exaltante mais fastidieuse, de tout projet. Ces garanties doivent portées sur les moyens qui doivent assurer la pérennité du projet et sur la le pilotage, voire plus largement sur la gouvernance du réseau. Les personnels doivent être associés à la vie du réseau, à ses perspectives et à son fonctionnement. Les enseignants sont aussi des personnels de conception (cadre A de la fonction publique). Ils ne peuvent donc pas être considérés comme les exécutants d’un projet défini ailleurs sans leur expertise.

La bonne volonté des uns et des autres ne peut pas faire office de viatique pour les réseaux. La création d’un fonds académique pour financer des actions pédagogiques et l’animation des réseaux vient reconnaître que l’obligation de résultats ne peut pas ne pas être assortie d’une obligation de moyens. Reste à s’assurer que ce fonds sera géré selon des règles connues de tous et qu’il ne serve pas d’autres fins que celles pour lesquelles il est créé.

Un élève n’étant pas l’avatar orphelin d’un enfant, on se souvient subitement qu’il a des parents et que ceux-ci doivent être impliqués dans sa scolarité. Ainsi est proposé un accueil des parents, chaque matin, pour mieux les associer à la vie de l’école. L’intention est louable mais doit trouver une traduction concrète sur le terrain. Ainsi se posent plusieurs questions auxquelles il faudra apporter des éléments de réponse avant de lancer l’accueil proposé : qui accueille les parents ? quand ? dans quels locaux ? pour dire quoi ? que peuvent apporter les parents ? qu’attendre d’eux ? quelle place des associations de parents ? des représentants de parents ? Pour le Sgen-CFDT, c’est encore une fois aux équipes sur le terrain, localement, en fonction des dynamiques propres à chaque territoire, de construire les réponses adaptées.

Qui dit éducation prioritaire pense aussi sécurité des personnels et du public (élèves mais pas seulement). Le Ministère annonce le recrutement de 500 assistants de prévention et de sécurité (APS) supplémentaires pour améliorer le climat scolaire. Le premier bilan ministériel, d’une quinzaine de lignes à peine, salue le travail de ces agents. La notion de climat scolaire doit encore trouver toute sa place tant dans la formation que dans les pratiques de tous les personnels. Le Sgen-CFDT est favorable à ce que tous les personnels soient intéressés à la question du climat scolaire dans un objectif de prévention et de protection des élèves comme des collègues.

Le bien-être des enfants à l’école, c’est aussi une question de santé. Le bien-être tout court étant une condition de la santé selon l’OMS. Un infirmier scolaire supplémentaire dédié aux écoles et un assistant social, dans les réseaux les plus difficiles, seront recrutés. Pour le Sgen-CFDT, il est nécessaire de renforcer la présence des adultes non enseignants dans les établissements parce qu’ils ont un regard différent sur l’élève, des compétences différentes au service des élèves et que les élèves ont aussi besoin d’adultes qui ne soient pas, qu’on le veuille ou non, dotés du pouvoir de sanction pédagogique ou disciplinaire.

Si ces mesures vont dans le sens d’une plus grande réussite des élèves concernés, elles constituent aussi une étape importante vers la reconnaissance des personnels et l’amélioration de leurs conditions de travail. L‘augmentation de l’indemnitaire, la mise en place de formations spécifiques, la réduction du face-à-face élèves au profit du travail en équipe sont une réponse aux attentes des personnels.

Le Sgen-CFDT sera donc exigeant sur la mise en œuvre et le suivi dans la durée, notamment sur le pilotage et l’articulation avec la politique de la ville.

 

Par ailleurs, le Sgen-CFDT demande que ce qui est désormais reconnu comme vérité pour l’éducation prioritaire le soit aussi pour le reste du système éducatif. Il faut valoriser l’autonomie et l’innovation. Il faut adapter la définition des métiers à la réalité des services. Il faut faire travailler en réseau les écoles et les établissements.

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