Source :
Accéder au site source de notre article.
L’économie sociale et solidaire (ESS), aux racines historiques profondes mais aussi d’une ardente modernité, rassemble une grande diversité d’initiatives économiques, ne relevant ni du secteur public ni du champ capitaliste.
Ces initiatives cherchent à produire, consommer, employer, épargner et décider autrement, de manière plus respectueuse des hommes, de l’environnement et des territoires. Diverses dans leurs réalités, ces entreprises partagent néanmoins des caractéristiques essentielles : une finalité d’utilité sociale s’inscrivant dans un projet économique ; une mise en oeuvre du projet fondée sur une gouvernance démocratique et une gestion éthique ; une dynamique de développement s’appuyant sur un ancrage territorial et une mobilisation citoyenne.
La crise actuelle du capitalisme constitue une « opportunité » historique pour affirmer, faire connaître et reconnaître l’ESS, une ESS offensive mais ouverte, qui travaille à son propre développement, interroge et améliore ses pratiques, et oeuvre aussi à une transformation sociale, écologique et démocratique de l’économie globale, en alliance avec d’autres acteurs de la société (élus, syndicats, ONG, consommateurs, patronat responsable…).
Par sa réactivité et les solidarités qu’elle met en oeuvre, l’ESS constitue en effet une réponse immédiate importante aux conséquences de la crise. Mais au-delà d’un nécessaire essor quantitatif et qualitatif de l’ESS, ses valeurs et ses pratiques peuvent inspirer positivement les nécessaires réformes des régulations
économiques et inciter les pouvoirs publics, les entreprises et les citoyens à changer de comportement, pour tendre vers une économie plus solidaire, plus équitable, plus responsable.
Claude Alphandéry, président d’honneur de France Active, a lancé, dans le cadre d’un large groupe de réflexion et avec l’appui de la Fondation Charles Léopold Mayer pour le Progrès de l’Homme, une vaste réflexion s’inscrivant dans cette perspective. Cet ouvrage collectif concrétise cette réflexion1, menée en collaboration avec Laurent Fraisse et Tarik Ghezali. Il se divise en deux parties : Une première partie sur comment l’ESS peut et doit être un laboratoire pour un autre mode de développement, un mode de développement nourri des valeurs et des meilleures pratiques de l’ESS et qui affirme la centralité de l’Homme plutôt que celle de l’Etat ou du capital. Une seconde partie plus opérationnelle présentant 50 propositions pour permettre à l’ESS de changer d’échelle et plus largement de contribuer à un changement de cap de l’économie dans son ensemble.
Ce texte s’adresse à l’ensemble des acteurs de l’ESS et au-delà à tous les acteurs, politiques, économiques et civils désireux de s’appuyer sur la crise pour affirmer un nouveau mode de développement plus solidaire et plus soutenable. Toutes celles et ceux qui veulent agir vite et fort maintenant, avant que les habitudes et dogmes libéraux ne reprennent la main…
Il y a urgence. Car le débat public semble de plus en plus se résumer à l’équation sortie de crise = reprise de la croissance. La petite musique d’un “business as usual” – certes plus vert et plus social – commence à s’imposer, faisant fi des leçons des crises financière, économique, écologique, sociale, culturelle. Ces crises nous impose de questionner en profondeur nos modes de production, de consommation, d’investissement ; de réinterroger le sens de la croissance, du développement ; de construire un nouveau projet de société. L’économie sociale et solidaire est un laboratoire pour y parvenir.