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Le discours du Président de la République, mardi 09 octobre à la Sorbonne, sur la refondation de l’école était attendu après que le rapport issu de la concertation initiée par Vincent Peillon soit paru.
Après une décennie complète pendant laquelle l’école, au sens large, du primaire à l’université, a été honnie, vilipendée et stigmatisée, une page a donc été officiellement tournée avec ce discours fondateur dans lequel François Hollande a remis la question scolaire au centre des débats et de l’action gouvernementale.
Les engagements pris dans la campagne présidentielle relatifs aux politiques éducatives et à celles de la jeunesse seront donc au cœur du mandat, précisés une nouvelle fois par le Président et demain déclinés par le gouvernement et le Parlement qui statueront sur la future loi d’orientation et de programmation.
Quelques critiques se sont fait entendre évidemment à droite notamment de Monsieur Copé sur le coût prohibitif des mesures annoncées et de la gabegie budgétaire que représenterait l’embauche sur le mandat de 60 000 personnels éducatifs. L’argument déjà déployé durant la campagne marque bien la différence entre la droite et la gauche, non pas sur la seule question des moyens mais aussi et surtout sur la manière de considérer le rôle et l’utilité de l’école. Le renvoi incessant à la responsabilité individuelle comme preuve de la culpabilité des familles et des élèves décrocheurs a, rappelons chaque fois que possible, fini de déconsidérer les auteurs de tels propos.
D’autres remarques plus policées mais toutes aussi pernicieuses ont fusé de la bouche de l’ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, Jean Baptiste de Froment, relatives à la concertation, forcément inutile, et évidemment des propositions retenues par le Président.
Avec toute la mauvaise foi du monde dont sont capables les conseillers politiques, Monsieur de Froment pouvait déclarer que sur les rythmes scolaires, « le gouvernement est très en deça du projet que nous avions envisagé. On attendait une proposition qui allait au delà du diagnostic. Ce n’est pas le cas. A part la suppression du samedi matin, qui fait consensus, le gouvernement ne change pas grand chose à la situation actuelle. »
Sur ce sujet, le Président a pourtant choisi de tracer une voie plutôt audacieuse comme le rapport de la concertation le suggérait allant au-delà de la simple suppression de la semaine de 4 jours.
Si chacun a bien compris que la réforme des rythmes éducatifs ne pourrait tenir à elle seule de l’alpha et l’oméga de la refondation de l’école, la redéfinition à l’école primaire du temps passé à l’école constituera « un levier puissant »
« La rentrée scolaire 2013 doit marquer la première étape de l’amélioration des rythmes scolaires, autour de la semaine de quatre jours et demi, de l’allégement de la journée et de la mise en place d’un temps éducatif complémentaire. »
Est –il anodin d’annoncer, mais Vincent Peillon le précisera dans les jours à venir, que les collectivités seront demain totalement partie prenante à travers la conception de temps péri éducatifs forts ?
Est –il anodin d’annoncer par cette réforme dans un calendrier aussi rapide que possible, tout en préservant le temps de la concertation indispensable des territoires, la fin des inégalités éducatives territoriales ??
Il faudra aussi, je le concède à mes amis pédagogues, reposer la question des programmes (création d’une instance « légitime » pour les écrire) et des formes d’apprentissages à l’école maternelle et élémentaire, pour repartir sur deux pieds : redéfinir le temps passé à l’école ne peut être un simple ajustement de calendrier hebdomadaire ou quotidien !
D’autres réformes importantes ont été annoncées par François Hollande, la création d’une vraie formation universitaire et professionnelle pour les enseignants ( future ESPE), indispensables au-delà des recrutement annoncés, la dotation de moyens pour les écoles primaires et les collèges pour résoudre les problèmes concrets tenant compte « des spécificités territoriales, scolaires et sociales, l’attention particulière sur les temps de passage du primaire au secondaire mais aussi la création d’un grand service d’orientation véritablement au service des élèves et parents, de l’ e –education ( un enjeu dont les communes ont déjà saisi toute l’importance) et du sort réservé à la voie professionnelle.
Est-ce à dire que l’ensemble de ces mesures volontaires puissent permettre de refonder l’école dans un simple claquement de doigts?
Cette refondation est d’abord est avant tout politique. Elle permet de donner, pour le mandat complet, la priorité absolue à l’école dont le budget sera non seulement préservé mais aussi amplifié par tous ses financeurs, Etat, collectivité et CAF.
Cette refondation est avant tout morale. Elle permet de relégitimer le contrat qui lie les français à leur école attendant des politiques volontaristes sans exiger la révolution immédiate.
Cette refondation est naturellement incomplète. Le choix de concentrer les moyens et les actions dés le plus jeune âge implique nécessairement un temps plus long dans lequel le collège, le lycée et le métier enseignant soient eux aussi revus largement. Ce sera l’an 2 de la refondation de l’école.