DÉSCOLARISATION:
Le terme de déscolarisation est d’acception récente dans les textes officiels. On le trouve en 1996, dans une circulaire relative à la prévention de l’absentéisme et en 1998, à l’occasion d’une circulaire sur la lutte contre la violence en milieu scolaire. Pourtant dès 1971, 1.lIIitch, évoquait la perspective d’« une société sans école" et prônait la « déscolarisation de la société", le « démantèlement de l’institution scolaire », au profit de réseaux d’apprentissage, d’échanges de savoirs réciproques, de la « libre expérimentation des connaissances acquises, la découverte personnelle ». La déscolarisation est directement liée à la scolarisation, instituée comme norme, qui produit ses propres déviances. Les intervenants sociaux situent les problèmes liés à la scolarité dans un ensemble de problématiques sociales et familiales (absentéisme, échec scolaire, protection de l’enfance, violence, délinquance, etc.).
Depuis plusieurs années, l’évolution d’indicateurs statistiques, comme les taux de scolarisation entre 13 et 16 ans, semble confirmer le constat d’une augmentation sensible des sorties précoces du système éducatif, mais que l’on ne sait que très imparfaitement mesurer, localiser ou expliquer. Des situations de déscolarisation (voire même de non-scolarisation de jeunes soumis à l’obligation scolaire) sont de plus en plus fréquemment évoquées par des travailleurs sociaux, des responsables de l’Éducation nationale, des cabinets de juges pour enfants, des élus …
Selon la direction de la programmation et du développement du ministère de l’Éducation nationale, octobre 1999, en 1970, trente jeunes sur cent du même âge terminaient leur formation initiale sans qualification, quinze en 1980 et dix en 1990. Depuis 1994, les non-qualifiés sont environ soixante mille par an, soit près de huit jeunes sur cent. On peut faire l’hypothèse que le « décrochage» résulte de processusvariés (désintérêt pour l’école et le travail scolaire, absentéisme, exclusions temporaires, orientation par l’échec, etc.) dont l’apparition dépend de la spécificité d’un territoire et des contextes sociaux, familiaux et scolaires. La déscolarisation interroge le fonctionnement des institutions éducatives.
Depuis l’année 1999-2000, un ensemble de mesures ont été prises par l’Éducation nationale pour accueillir les élèves en grande difficulté (rénovation des classes spécialisées… ), prévenir les ruptures au collège et construire des parcours de formation qualifiante (programme « Nouvelles Chances»).
L’exemple berlinois de « l’apprentissage productif» (rapport du sénateur à la formation, à la jeunesse et aux sports, Berlin, 2003) témoigne en faveur du fait que l’on peut lutter contre la déscolarisation des élèves par la déscolarisation des savoirs.
« Apprendre productivement » est en quelque sorte un moyen de se former pour les jeunes en Europe, I.Biihm,J. Schneider et alii, 1996.