In Fédération des PEP – le 2 octobre 2013 :
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Les classes de découvertes, un espace éducatif « créateur de passerelles ». Retour d’expérience d’Hélène GINESTAR (ancienne directrice de SEGPA et aujourd’hui bénévole PEP).
Pourquoi avoir créé ce dispositif de « classes de découvertes des métiers » ?
Ancienne directrice de SEGPA (Section d’enseignement général et professionnel adapté) dans un collège d’une cité en région parisienne à Grigny, en Essonne, je faisais avec l’équipe pédagogique lors des stages de 4ème et 3ème les constats suivants :
Sur les élèves :
•Ils ont souvent une mauvaise connaissance des différents corps de métiers.
•Ils choisissent des stages à proximité de leur lieu d’habitation, stages qui ne sont pas représentatifs de tous les corps de métiers (Agent territorial spécialisé des écoles maternelles – ATSEM, cuisinier dans la restauration rapide, employé de commerce, etc.).
•Ils ont une mauvaise estime d’eux, donc n’osent pas aller voir les employeurs et quand ils ne sont pas pris en stage, ils vivent cela comme un échec.
•Ils ont peur de l’inconnu, ont des représentations erronées de l’extérieur.
•La méconnaissance des différents corps de métiers entraîne des choix d’orientation non pertinents. Les jeunes ont souvent une image erronée de la réalité des métiers. L’abandon de scolarité en CAP est alors fréquent.
Sur les stages :
L’expérience a montré qu’il est difficile d’organiser la découverte des métiers en entreprise dans le contexte territorial dans lequel se trouve notre établissement scolaire.
•Les entreprises sur la ville sont rares et les élèves venant de quartiers défavorisés sont souvent mal accueillis dans les communes limitrophes.
•Le quartier est un espace fermé, bordé géographiquement par des grands axes routiers. Il y a peu de lien avec les autres parties de la ville. Des rivalités entre jeunes issus des différents quartiers existent. Les élèves hésitent à sortir de la cité pour chercher des stages.
•La précarité sociale et le taux de chômage élevé dans le quartier ne favorisent pas l’ouverture sur le monde professionnel par l’intermédiaire de réseaux sociaux.
L’idée de sortir les élèves de leur milieu pendant une période de stage s’est imposée à nous. En effet, nous y avons vu beaucoup d’intérêts :
•Découvrir des corps de métiers différents.
•Agrandir son horizon en changeant d’environnement géographique (vie en zone rurale, montagnarde ou côtière).
•Initier au monde professionnel des métiers de l’hôtellerie, du tourisme et des métiers de la mer ou de la montagne.
•S’ouvrir à d’autres milieux et patrimoines culturels (exemple : plages du débarquement, programme d’histoire de 3ème…).
Les classes découvertes : un espace à réinventer ?
Bien sûr. La remise en question doit même aller plus loin. En lien avec la logique actuelle de parcours, il est aujourd’hui nécessaire que chaque acteur, qu’il soit issu du secteur associatif, du monde de l’entreprise ou de l’école, agisse comme un créateur de passerelles.
En ce sens, les classes de découvertes offrent des temps éducatifs privilégiés, encore trop sous-exploités, pour réaliser cette jonction entre des univers différents mais inscrits dans une continuité de parcours éducatif et de vie. Les associations parce qu’elles sont des acteurs majeurs économiques et sociaux fortement inscrits dans les territoires doivent renforcer leur rôle de pivot. Ce type de projet révèle que la mutation est en cours.