PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

[*Echelles de territoires et rôle des associations*]

Synthèse d’une table ronde de l’université d’été 2008, animée par Michel ABHERVE, professeur associé à l’université de Marne la Vallée, avec André CHAMBON, chercheur à l’INRP, et Jacques GUYARD, secrétaire de PRISME et ancien député-mairie d’Evry.

On voit émerger, depuis 25 ans, des politiques territorialisées de la jeunesse, sous la double pression des lois de décentralisation et des difficultés rencontrées par et avec les jeunes dans le contexte de crise. En même temps la notion de « jeune » s’élargit, et finit par s’appliquer à une tranche d’âge qui va de 12 à 30 ans, de l’entrée au collège jusqu’à une insertion durable dans la vie active et sociale qui se produit de plus en plus tard.

Jusqu’aux années 70, l’enfance et l’adolescent relevaient avant tout de l’Etat et des familles. L’Etat assumait seul l’instruction, et partageait avec les familles et les associations l’éducation. Les communes se bornaient à mettre des bâtiments à disposition des enseignants et des associations (écoles, gymnase, salles de réunion), sans s’occuper des activités qui s’y déroulaient. Collèges, lycées et universités ne dépendaient que de l’Etat.

Les lois de décentralisation de 1981-1982 ont renforcé la capacité d’initiative des communes et surtout fait des départements et des régions des collectivités territoriales de plein exercice, compétentes pour définir et conduire les actions qu’elles estiment utiles. Elles découlent du constat que l’Etat n’arrive pas à adapter son action aux diversités des terrains humains rencontrés, et qu’il est impuissant, face à la crise des banlieues qui commence.

L’élaboration de politiques de la jeunesse a commencé au plan communal, dans les quartiers en difficulté, à la fois en essayant d’aider l’école à mieux réussir avec les jeunes les plus défavorisés, et en offrant à ceux-ci l’occasion de construire leur autonomie par des activités dont ils sont partiellement responsable (des contrats d’école au Projet éducatif local). Ces initiatives, les exigences de sécurité aidant, se sont rapidement étendues des enfants de l’école primaire aux jeunes adolescents, avec la difficulté que ceux-ci étaient beaucoup moins connus des services municipaux, traditionnellement tournés vers l’enfance. Après 20 ans de tâtonnements et d’expérimentations, on constate que toutes les mairies urbaines ont un service jeunesse, et que celui-ci travaille, pour les jeunes les plus difficiles, avec des associations (associations sportives, clubs de prévention, association d’éducation populaire), alors que les actions proposées aux jeunes sans problèmes particuliers ont assez souvent été reprises en gestion directe par la ville (maisons de quartier, anciennes MJC…)

Dans les deux cas, gestion municipale directe ou délégation à des associations, c’est la proximité qui s’est imposée, pour sa souplesse et le contrôle démocratique qu’elle facilite. Ce qui ne signifie pas que l’Etat a disparu : il reste présent dans la définition des objectifs et des méthodes par les contrats et financements complémentaires qu’il impose de fait aux communes, et qui ont assuré une certaine cohérence à un foisonnement d’actions.

Pour les associations, la remise en cause a été profonde. De généralistes, elles sont devenues beaucoup plus spécialisées dans des publics spécifiques (handicapés et jeunes en difficulté sociale). Dans l’ensemble, elles ont su s’adapter et le nom de « vieille dame moderne » qui a été décerné à la Ligue de l’enseignement pourrait s’adapter à bien d’autres.

Depuis quelques années, le paysage change. Les départements et les régions, qui s’étaient cantonnés avec succès depuis 1982 à leur compétences de constructeurs des collèges et des lycées, se sont vu confier leur gestion technique et ont été interpellés à la fois sur l’efficacité scolaire de leur intervention et sur les problèmes d’inadaptation des jeunes que la société envoie dans les établissements.

Cette longue évolution pose de plus en plus clairement le problème de la cohérence de l’action éducative. Car malgré la floraison des CEL, PEL, PRE, on en reste à une séparation quasi-totale entre la scolarité, qui continue d’être gérée par l’institution scolaire en toute indépendance, et l’action éducative qui vise l’autonomie de l’individu et sa bonne insertion sociale, bouleversée par les initiatives que nous venons de décrire. La récente décision de supprimer les cours du samedi matin et d’obliger les professeurs d’école à faire du soutien scolaire le plus souvent pendant la pause de midi aggrave cette séparation.

Il semblait pourtant acquis que les conditions de vie des enfants pesaient sur la réussite scolaire et sociale, et que la remédiation purement scolaire ne pouvait suffire à réduire significativement l’échec. Le combat reste devant nous.

L’intervention des départements et des régions dans ce domaine y offre une réelle opportunité. Trois régions viennent de s’engager dans un projet de réussite éducative et d’autres s’y préparent, avec la volonté forte d’articuler réussite scolaire et réussite sociale et humaine. Elles prennent chaque jeune comme ressource, et lui proposent à la fois des perspectives professionnelles, culturelles, d’engagement personnel, de mobilité possible.

Le chômage des jeunes, la crise reconnue du collège et premiers cycles universitaires rend leur intervention acceptable par l’opinion, y compris par les enseignants jaloux à juste titre de l’indépendance des équipes pédagogiques.

Septembre 2008

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Categories: UNIVERSITES D'ETE

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