PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

Attaché au modèle associatif, le mouvement sportif reste réticent face à l’ESS, observe Frédéric Steinberg, chef du Bureau de l’emploi et des branches professionelles au ministère chargé de la Jeunesse et des Sports.
 
Frédéric Steinberg, le mouvement sportif vous semble-t-il prêt à se saisir du modèle de l’ESS ?
Nous avons le sentiment qu’il est de plus en plus interpellé, tout en observant de forts conservatismes, notamment un attachement naturel au système associatif. Et le basculement vers un autre statut
juridique, par exemple une Scic (Société coopérative d’intérêt collectif) n’est pas toujours aisé. À titre d’exemple, en 2007-2008, nous avons accompagné des projets de Scic sur cinq territoires : des associations de préfiguration ont vu le jour mais nous en sommes toujours restés à cette phase, sans réussir à aller jusqu’au bout du processus de création. Néanmoins, depuis des Scic se sont créées, notamment dans le secteur équestre et les sports de nature.
 
Comment expliquez-vous cette frilosité ?
La Scic bouscule les repères classiques. C’est un système très innovant qui oblige à un autre mode de gouvernance, dans lequel il faut mobiliser les usagers de manière différente, les impliquer et entendre leurs besoins. Il faut aussi réfléchir à l’articulation des rôles entre les bénévoles et les professionnels salariés. Car ces derniers, à la différence de ce qui se passe dans une association, disposent chacun d’une voix en vertu du principe coopératif «une personne égale une voix». Il faut également accepter de sortir d’un mode de financement «tout subvention» et envisager les relations avec les collectivités territoriales sous un autre angle, celui du multi-sociétariat. Se poser précisément la question de l’utilité sociale de son projet, sur un territoire donné. Accepter une transparence financière totale. Cela représente beaucoup de changements !
 
L’ESS peut-elle contribuer à développer l’emploi sportif ?
Nous menons un travail d’information en direction du secteur associatif dans l’optique de sa professionnalisation, et particulièrement de la bonne gestion des emplois aidés, nombreux  dans le domaine sportif. Notre objectif est de réfléchir avec les clubs très en amont, dès le recrutement du jeune, de manière à pérenniser cet emploi. Soit en cherchant des financements publics, soit en envisageant avec eux la façon de développer de nouvelles activités et de toucher de nouveaux publics afin de faire évoluer le modèle économique du club. Autre piste de travail : pour les trente ans de la loi sur les groupements d’employeurs, nous allons actualiser un guide

pratique portant sur le modus operandi pour créer ce type de structures dans le secteur du sport et de l’animation. Le besoin est réel, et la possibilité offerte depuis fin 2011 aux collectivités territoriales de mutualiser leurs emplois avec des clubs est une vraie opportunité, dans le contexte de la réforme des rythmes éducatifs. Nous solliciterons les services déconcentrés de l’État afin qu’ils soutiennent les clubs dans cette mutualisation de l’emploi.

 
Print Friendly
Categories: 4.2 Société