On parle souvent des inégalités sociales à l’Ecole, y compris les officiels, les autres discriminations sont souvent tues. Comment expliquez-vous cela ? Est-ce parce que le problème est négligeable ?
Les disparités de réussite selon les catégories d’élèves sont inégalement reconnues, c’est vrai. La disparité sociale des résultats scolaires est étudiée en France depuis l’émergence de la sociologie de l’éducation d’après-guerre, celles associées au sexe sont bien connues également, tandis que celles liées à l’origine des familles ne sont reconnues comme dignes d’être étudiées et significatives que depuis peu.
Il y a à cela des raisons historico-politiques, liées à l’histoire du système statistique ; et des raisons théoriques : les sciences sociales disposent d’explications générales pour les disparités liées à la position sociale, comme pour celles liées au sexe. Pour celles liées à l’origine ethnique ou aux caractères raciaux, les théories pertinentes sont moins reçues dans l’université française.
Peut-on vraiment parler de discrimination ethnique dans l’Ecole française ?
Tout dépend de ce qu’on appelle « discrimination ». Notre droit reconnaît aujourd’hui un délit de discrimination, dans les cas où un individu est indûment privé d’un droit ou d’égalité dans l’accès à un service, ou encore dans les cas où une disposition apparemment neutre nuit spécifiquement à une catégorie de population (« discrimination indirecte »). Dans ce sens là , il n’y a pas de discrimination dans l’Ecole française à raison de l’origine des élèves.
Du moins les données d’enquête disponibles n’y concluent pas. Pas plus que dans l’action de la police, de la justice, etc. Pourtant il y a du malaise, l’expérience subjective des élèves et celle des enseignants sont parfois dégradées en relation avec ces questions d’origine. Les experts anglais ont mis en circulation le concept de « racisme institutionnel » Ã ce propos. Je ne le reprendrais pas, mais je parle de catégorisation ethnique.
Cela veut dire que dans l’école, les classements ethniques sont en usage, et ils sont mêlés de façon confuse mais sensible, Ã des opérations banales comme l’affectation des élèves dans les divisions, la punition, le conseil, l’accueil des familles, etc.
In Le café pédagogique
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