CRITIQUE. –
Être critique, au sens grec du terme, signifie discerner, « juger comme décisif ». Qui a rapport à une crise ; qui décide de l’issue d’une maladie. Exercer une fonction de veille et de vigilance. E. Kant a été le premier philosophe à asseoir un système philosophique sur la notion de critique : critique de la raion pure (1781), de la Raison pratique (1788), de la faculté de juger (1790). Pour G. Bachelard, 1938,1940, la connaissance est un produit de la raison polémique.
La connaissance scientifique ne progresse que par la critique des présupposés divers qui constituent autant d’« obstacles épistémologiques » à un rationalisme appliqué, forme du dialogue toujours renouvelé entre la raison et l’expérience, M. Fabre, 1995. L’expérience de La niaiii à la pâte, G. Charpak, 1996, initiée par l’Académie des sciences pour rénover l’enseignement scientifique primaire, fait de la science, une école d’objectivité : « Préparer les enfants à la vie démocratique, c’est leur donner le sens d’une participation au débat, leur apprendre à former leur opinion dans la confrontation avec le point de vue des autres ». Le développement de la posture critique ne consistet-il pas à subsistuer à une « pédagogie de la transmission », une « éthique de la discussion », à la manière d’Habermas et alii. ?
Dans l’espace universitaire français, l’université de Paris VIIIVincennes a développé dans la mouvance des évènements de Mai 68, une pédagogie critique à l’université (Pratiques de formation (analyses), n°43, mars 2002). Enseigner c’est d’une certaine manière, résister, N. Postman, 1981.
Au niveau international, l’oeuvre de Paulo Freire (1921-1997) est l’un des exemples les plus réussis de l’approche critique en éducation. Pour l’auteur de la Pédagogie des opprimés, 1970, critique d’une pédagogie « bancaire » qui oppose un éducateur qui sait tout et un apprenant qui ne sait rien, l’éducation est une pratique de la liberté dont le fondement est la prise de « conscience critique », située socialement et historiquement. P. Freire, 1967, a soutenu une rationalité autocritique et démocratique d’orientation dialogique : « plus un groupe humain est critique, plus il est démocratique et perméable ».
Concluons avec le philosophe de l’éducation, O. Reboul, 1992, « La culture n’est pas un savoir, ni une sorte ou une somme de savoirs, elle est un certain rapport du sujet avec ce qu’il sait […] La culture, c’est d’abord un élan, un désir d’en savoir plus […] L’homme cultivé, c’est l’homme qui questionne et qui se questionne ».