In Colloque AECSE 28-29 Octobre 2011 :
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"Dans les sociétés occidentales contemporaines, on recourt ordinairement au vocable et à l’idée, supposée entendue, de « crise » pour nommer et représenter un certain nombre de phénomènes vécus comme déstructurants pour les personnes comme pour les institutions. Dans les domaines éducatifs formels ou informels, la « crise » est ainsi très fréquemment associée à l’idée d’une profonde dérégulation des institutions qui vient mettre en question leur fonctionnement et parfois leur existence. Elle est également associée aux expressions de la violence physique et symbolique qui semblent se multiplier et se banaliser dans l’espace public. À l’école, par exemple, c’est comme autant de manifestations ou de symptômes de la « crise » que sont représentés le quotidien des « incidents » dans des établissements, les difficultés accrues des enseignants dans l’exercice du métier, particulièrement sur les plans de l’autorité et de l’efficacité didactique, ou les nouvelles et multiples formes de « décrochage » des élèves. En secteur socio-éducatif, on parle de même spontanément en termes de « crise » pour dire les difficultés d’accueil des publics dans les structures, le décalage entre les objectifs politiques annoncés et les résultats constatés sur le terrain, et l’échec des dispositifs à enrayer les processus de ségrégation, voire de ghettoïsation sociale de certains territoires et populations. Enfin, la « crise » désigne les différends et les nouvelles formes d’incompréhension qui se produisent au sein de relations et des processus éducatifs intrafamiliaux et intergénérationnels. En cela, elle permet régulièrement de repérer et de penser des phénomènes inédits et des situations qui déconcertent l’intelligence et la compréhension collective."