In 20 Minutes.fr – le 14 novembre 2013 :
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ÉDUCATION – La réforme des rythmes scolaires de Vincent Peillon se heurte à l’opposition des parents, des maires et des enseignants. Pourtant, des portes de sortie existent pour le ministre de l’Education…
Alors que 25% des enseignants des écoles sont en grève ce jeudi pour protester contre la réforme des rythmes scolaires et que des maires refusent d’appliquer la réforme en 2014 , 20 Minutes dresse plusieurs pistes permettant au ministre de l’Education nationale de sortir de cette crise.
Ne pas reculer face à la fronde
Pour Claude Lelièvre, historien de l’éducation, Vincent Peillon et le gouvernement «doivent rester fermes face à la contestation», notamment la semaine prochaine, lors du Congrès des maires où le sujet risque d’enflammer les discussions. Pas question donc, pour l’historien, d’abroger le décret, ce qui serait «suicidaire politiquement», ni de reculer l’application de la réforme d’un an pour 83% des communes qui ne sont pas encore passés aux nouveaux rythmes. «Peillon doit continuer à expliquer sans relâche que sa réforme a du sens et mettre en exergue les exemples de mise en œuvre positifs. Car certains enseignants, parents et enfants sont très satisfaits des nouveaux rythmes. Il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain», renchérit Christian Chevalier, secrétaire général du SE-Unsa.
Rallonger les aides financières
Le nerf de la guerre dans la fronde des élus demeure le coût de la réforme. «Pour la désamorcer, il faut que le gouvernement annonce la poursuite d’une aide financière au-delà de la rentrée 2014 pour les communes en difficulté», avance Christian Chevalier. Un avis partagé par Claude Lelièvre.
Aménager la réforme en maternelle
Pour Valérie Marty, présidente de la Peep, deuxième fédération des parents d’élèves, le ministre de l’Education aurait tout intérêt à réécrire le décret sur les rythmes scolaires «afin d’abroger la réforme pour les maternelles». Car si le ministre a présenté mercredi des recommandations sur les rythmes en maternelle, Valérie Marty pense qu’elles sont insuffisantes. «Cette réforme n’est pas adaptée aux élèves de maternelle qui ont besoin d’une pause le mercredi. Par ailleurs, il est difficile de proposer des activités périscolaires à des enfants de cet âge et elles sont difficilement compatibles avec les réveils échelonnés de la sieste.» Une opinion partagée par Sébastien Sihr, secrétaire général du SNUipp-FSU, qui propose aussi de revenir à la semaine de quatre jours en maternelle ou de concentrer les trois heures d’activités périscolaires sur une seule après-midi pour les plus petits.
Débloquer les situations locales les plus conflictuelles
Dans certaines communes, les activités périscolaires sont de piètre qualité et les nouveaux rythmes ont créé une réelle désorganisation dans les écoles. Pour régler ces soucis locaux, Claude Lelièvre conseille au ministre de mobiliser les groupements de maires «pour faire des échanges d’expériences et pour dupliquer les modèles qui fonctionnent». Pour Christian Chevalier, «les Dasen (Directeurs académiques des services de l’éducation nationale) doivent réorganiser des réunions dans les endroits où cela se passe mal, pour remettre tous les acteurs à la même table et trouver des solutions. Il faut aussi que les inspecteurs d’académies jouent les médiateurs entre les écoles et les mairies là où ça coince.»
Assouplir le cadre de la réforme
Valérie Marty estime aussi qu’il faut assouplir le cadre de la réforme pour ne plus obliger les écoles à limiter forcément la journée de classe à 5h30 par semaine. «Il serait plus judicieux de placer les activités périscolaires sur une après-midi. Ce serait à la fois plus pratique et cela permettrait de faire des choses plus intéressantes.» Un cadre moins rigide permettrait aussi aux conseils d’école d’être davantage impliqués dans la mise en œuvre des nouveaux rythmes.
Claude Lelièvre est aussi partisan d’une réécriture du décret Peillon pour ouvrir des possibilités de dérogations. «Puisque certains enseignants sont rétifs à travailler le mercredi matin, il faut donner par exemple, la possibilité de ne pas travailler ce jour–là et de rattraper ces heures de classe lors de jours pris sur les vacances d’été.»
Entamer une autre séquence politique
«Il est urgent pour Peillon de s’emparer d’autres sujets plus fondamentaux pour l’école», conseille Claude Lelièvre. L’historien pense que la publication de l’étude Pisa de l’OCDE sur les performances de l’école française qui sera dévoilée à la fin du mois, donnera l’occasion au ministre de s’emparer d’autres dossiers. «Il faut parler des programmes, du métier d’enseignant… Le ministre doit rassurer les enseignants en montrant qu’il est préoccupé par leur sort. Des éléments indemnitaires vont être négociés, cela devrait y aider…», souligne Christian Chevalier.