In L’Expresso – le Café Pédagogique – le 9 juillet 2014 :
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Alors qu’un projet de décret prévoit de rendre quasi impossible le redoublement, comment font les autres pays européens ? Un rapport Eurydice étudie le redoublement dans les 27 pays de l’Union Européenne et casse bien des représentations et des idées reçues.
Il indique tout d’abord que dans tous les pays de l’Union européenne « selon la législation en vigueur, il est possible pour un élève de redoubler une classe…. Le redoublement est donc proposé comme la dernière réponse aux difficultés d’apprentissage. Il est considéré qu’en répétant une année scolaire, l’élève a l’opportunité d’améliorer son apprentissage et ses compétences. » (page 21)
Il indique également qu’il est difficile, notamment en primaire de comparer les différents pays, puisque certains utilisent de manière significative le redoublement, alors que d’autres affichent des taux de redoublement faibles, mais « retardent » l’entrée des élèves dans la première classe de l’enseignement obligatoire. « Les enfants qui sont jugés comme n’étant pas suffisamment prêts pour l’école primaire sont maintenus au préprimaire une année supplémentaire, le temps nécessaire pour eux de se préparer à ce nouvel univers qu’est l’éducation primaire et ses exigence….Dans 9 pays ( Tchéquie, Danemark, Allemagne, Estonie, Lettonie, Hongrie, Autriche, Roumanie et Slovaquie) …il est fréquent de retarder l’admission des enfants à l’entrée en primaire. Une fois entamé leur cursus, les élèves en grande majorité ne redoublent pas… ». ( p. 11, p. 37 ) ce qui, indique le rapport, fait que à la cinquième année du primaire la répartition des âges est assez homogène pour les différents pays de l’UE.
Entre 10 et 16 ans, les conseils de classes se prononcent en fin d’année scolaire partout sur les mêmes critères « Dans la totalité des pays, le progrès scolaire de l’élève est exprimé par des notes et à la fin de l’année scolaire, sa progression à l’année suivante ou son maintien sont décidés sur la base des notes qui lui ont été attribuées… » (pages 43, 44). Pour tous les pays de l’UE, à peu près le même pourcentage d’élèves est appelé à redoubler en fin d’année scolaire. Les chiffres sont similaires en « Belgique, Danemark, France, Malte, Finlande et Suède.. », mais les procédures de mises en œuvre des propositions sont très différentes.
L’omniprésence des examens de rattrapage
« Dans presque tous les pays (sauf en France, à Malte et au Portugal), les élèves n’ayant pas réussi l’année scolaire ont la possibilité de passer des examens de rattrapage ou de recevoir des devoirs supplémentaires afin d’améliorer leur(s) note (s) et ainsi d’éviter le redoublement. ….Il s’agit de faire bénéficier l’élève d’une seconde chance d’être évalué et donc d’être admis dans la classe. Les pays qui pratiquent ses dispositifs proposent des devoirs supplémentaires dans les matières où ils ont échoué ou des examens/tests en fin d’année ou juste avant la rentrée des classes ( page 45) ».
Il y a donc dans la grande majorité des pays de l’UE, une session de juin qui propose et une session de conseil de classe fin août qui décide. Par exemple «…..En Finlande, selon les réglementations , les élèves doivent avoir la possibilité de prouver qu’ils ont atteint un niveau acceptable via différentes méthodes adoptées à leurs capacités ( examens écrits, discussions avec l’enseignant, etc. ) » ( page 27). Ces sessions de fin août, début septembre rattrapent environ 75 à 80% des élèves proposés au redoublement en juin.
Comme l’indique le rapport Eurydice, c’est cette différence de procédures qui explique le taux élevé de redoublement en France et non le fait qu’ailleurs le redoublement serait prohibé. A l’inverse de la France, dans les autres pays de l’UE (sauf deux) « les élèves en difficulté peuvent avoir l’occasion d’obtenir une promotion conditionnelle dans la classe supérieure…..Ils doivent s’inscrire pendant les congés scolaires à un programme de rattrapage et de révision établi par l’équipe enseignante et passer avant la rentrée l’évaluation correspondante. Celle-ci est prise en compte pour autoriser l’élève à poursuivre des études » ( page 46).
La France aurait intérêt à s’inspirer de ce rapport non pas pour supprimer le redoublement ( ce qu’aucun pays de l’UE n’a fait) , mais pour modifier les procédures en mettant en place comme cela existait auparavant pour le baccalauréat une session de juin et une session de septembre de rattrapage avec des dispositifs de rattrapage financés par l’Etat.
Jean-Louis Auduc
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