In Education et Devenir – le 29 mars 2013 :
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L’hiver interminable a stoppé net quelques ardeurs : échec de la dernière grève lancée contre la réforme des rythmes et contre tout le reste, division pour la prochaine grève du 28 mars.
Et la nouvelle attendue, la loi sur la refondation de l’école, vient d’être votée après 10 jours de débat à l’Assemblée. Espérons simplement que le nombre de députés présents n’est pas proportionnel au nombre d’enfants que cela concerne. Il ne reste plus qu’à passer à la mise en œuvre.
Certes, la discussion a été rude à l’Assemblée, il en sort une loi aux contenus suffisamment flous pour penser qu’elle sonnera creux, ou au contraire qu’elle permettra des changements. Mais certaines de nos idées ont été retenues : lien école-collège, avec conseil d’école, reconnaissance du socle commun, comité de pilotage local pour les activités péri-éducatives, marge de manœuvre dans les collèges en termes de DHG, reconnaissance de la place des mouvements pédagogiques comme formateurs dans les ESPE. E&D connaît bien tous ces domaines, il ne faut pas laisser passer la création des ESPE dans les différentes académies sans que nous n’y soyons associés, nous nous devons d’intégrer les comités de pilotage comme ce pourrait être le cas à Lyon, grâce à notre action au sein du CAPE régional. Lorsque les maquettes auront été retenues, il sera trop tard pour faire passer nos idées. Le futur débat au Sénat puis la navette peuvent encore enrichir le texte à la marge .
Des points noirs subsistent cependant : remplacer l’éducation civique par l’enseignement moral et civique résonne d’une manière inquiétante. La découverte du sens civique n’était donc pas suffisante pour construire une société démocratique ? Ne contient-elle pas nécessairement des références morales et éthiques ? Le plus inquiétant est l’absence de projet sur la formation continue. Le Ministre dit que c’est le prochain sujet de réflexion tout comme le métier d’enseignant, mais quand ? Comment ? A quel niveau ?
L’article 60 crée un comité de suivi de la loi, respectant la parité (une grande nouveauté dans le système éducatif) ; mais qui va le composer (outre les élus,) ? Qui en désignera les membres ? Une fois de plus, jacobinisme et centralisation des décisions à Paris vont-ils l’emporter ?
La grande inconnue concerne les décrets d’application : la concertation devrait les nourrir, si l’on veut éviter le fiasco du décret sur les rythmes ! On peut d’ailleurs remarquer que le clivage gauche-droite ne traverse pas forcément les choix des collectivités d’appliquer ou pas la réforme. En tant que groupe de recherche et de propositions, nous ne pouvons que participer aux rencontres locales qui s’engagent un peu partout dans un contexte de crispation. Seuls, l’échange, la rencontre entre les interlocuteurs permettront l’émergence d’une réflexion commune et la naissance des projets éducatifs territoriaux.
Le débat sur l’école a été mal engagé avec les meilleures intentions du monde, mais notre position critique doit s’accompagner de propositions et d’interventions partout où cela est souhaitable.
Donc, soyons résolument optimistes, vigilants et surtout acteurs et intervenants partout où E&D peut être présent. Le chemin du possible est là, il s’agit pour nous de l’indiquer avec nos partenaires !