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Deux Tables Rondes rassemblaient, samedi 29 octobre, des chercheurs en sciences de l’éducation, des acteurs des collectivités locales et des intervenants issus de la société civile ou de la profession pour examiner l’état alarmant de la diffusion de la recherche. Deux raisons principales de la crise en ressortent : la dégradation des conditions de recherche pour les universitaires et de formation pour les enseignants, et l’incompatibilité des rythmes et des enjeux d’un point de vue politique.
Chercheurs et collectivités territoriales : une difficile entente ?
Dans une seconde Table Ronde, animée par Pascal Bouchard (essayiste-Toueduc), les intervenants évoquaient la crise de la diffusion de la recherche auprès des partenaires du territoire. L’occasion de mieux comprendre les attentes des politiques à l’égard des chercheurs, comme l’a montré l’intervention d’Alain Bocquet, Secrétaire National de l’ANDEV. (association nationale directeur éducation des Villes) : affirmant sa conviction que « la nécessité de reparler d’éducation passe d’abord par le local », où s’exerce un pouvoir de proximité, avec des décideurs qui sont aussi des partenaires, il évoque un double gain : la richesse universitaire peut nourrir les collectivités locales, mais les collectivités représentent aussi des ressources à portée de main pour les universités.
Un monde complexe pour les profanes.
Mais les chercheurs, poursuit Alain Bocquet, sont injoignables, illisibles, non fédérés, hyper-spécialisés et fonctionnent en circuit fermé « inter pares ». Le temps de la recherche n’est certes pas celui de la politique (entre publication et mandature, par ex.), ce qui gène les contacts et l’efficacité, et les chercheurs se méfient beaucoup de la dénaturation de leurs idées et projets par les politiques. Mais il faudrait apprendre à se connaître et se à découvrir, ce qui suppose que les chercheurs se mettent à la portée du public et donnent à connaître les résultats de leur recherche. Le rapport avec les collectivités n’est pas seulement des contrats et de l’aide financière, mais aussi de la communication sur le travail réalisé.
Des enjeux de communication pas toujours compatibles.
Directrice de l’enseignement supérieur et de la recherche au Conseil Régional Ile-de-France, Pascale Bourrat-Housine précise les obstacles de partenariats entre recherche et collectivités : les décideurs locaux ont besoin de données facilement utilisables, qui permettent de négocier des budgets précis et réalistes. Des prévisions pour la formation continue n’ont ainsi jamais été rendues par des chercheurs, qui voulaient atteindre une précision inutile au regard de la demande urgente et globale des pouvoirs publics. De même, lors de recherches en santé publique, il est arrivé que la publication des travaux ne soit pas souhaitée par le CRIF pour des raisons de confidentialité, ou que des résultats négatifs (comme l’absence de nuisance liée à l’éruption volcanique en Islande) ne soit pas rendus publics faute d’intérêt. Les résultats de la recherche ne sont pas toujours compatibles avec les exigences de la communication politique, qui doit faire simple et donner des réponses. De même, les exigences de réserve éthique sur des travaux commandés par marché public ne sont pas acceptables pour les autorités locales.