PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

Circulaire de rentrée 2015

Si l’on observe les occurrences conceptuelles de ce texte, on constate l’importance de l’accompagnement.

François Durpaire et Béatrice Mabilon-Bonfils, dans un article publié dans Libération à la rentrée 2015 disaient, parlant de la rentrée scolaire, qu’il s’agissait d’ «un rituel dépassé ». On pourrait s’interroger a fortiori sur le sens d’une circulaire de rentrée 2015, publiée le 3 juin, alors que le travail de préparation de la rentrée est pour l’essentiel accompli dans les académies et les établissements.

En 2012, la circulaire équivalente avait été publiée par M. Châtel le 27 mars, en 2013, celle signée par M. Peillon l’avait été le 10 avril, en 2014, M. Hamon a publié la sienne le 20 mai. D’année en année, de plus en plus tard, puisque cette année Mme Vallaud Belkacem publie la sienne en juin. Circulaires de moins en moins susceptibles d’orienter le travail effectif de préparation de rentrée conduit dans les écoles, collèges et lycées et dans les académies.

Quel sens conserve donc une circulaire de rentrée dans ce contexte ?

Sans doute celui de présenter les orientations de la politique éducative nationale, en général et dans le détail. La longueur de ces textes est révélatrice : 16000 mots pour M. Châtel en 2012, qui intitulait sa dernière circulaire de rentrée Orientations et instructions pour la préparation de rentrée, restaurant ainsi une dose de commandement dans le propos ; un peu plus de 8000 mots pour la Circulaire d’orientation et de préparation de la rentrée de M. Peillon en 2013, qui avait fait disparaître du titre les instructions et réduit de moitié la longueur du texte ; un peu moins de 8000 mots pour M. Hamon en 2014, qui avait compensé cette sobriété relative traduite dans le titre – Préparation de la rentrée scolaire 2014- par près de 25000 mots dans 19 annexes dont on n’est pas sûr que leur nombre incita à leur lecture exhaustive. En 2015, Mme Vallaud-Belkacem frôle les 9000 mots. Inversion de la courbe, l’inflation verbale reprendrait-elle ? Le titre lui est en revanche on ne peu plus sobre : Circulaire de rentrée 2015. Il ne s’agit donc plus de donner des instructions comme M. Châtel, ni d’orienter la préparation de la rentrée comme M. Peillon, ni de contribuer à la préparation comme M. Hamon. En effet, en juin, il serait trop tard pour prétendre le faire. Il s’agit d’un texte politique sans autre visée qu’une défense et illustration de la ligne ministérielle.

Si l’on observe les occurrences conceptuelles de ce texte, on constate l’importance de l’accompagnement.
Accompagnement des élèves, qu’il s’agisse de l’accompagnement personnalisé (4 occurrences), d’accompagnement pédagogique (2 occurrences), d’actions d’accompagnement (1 occurrence). Accompagnement aussi des personnels : accompagnement de proximité des stagiaires (1 occurrence), des équipes (1 occurrence), accompagnement national par le plan national de formation (1 occurrence), accompagnement académique et départemental des établissements (2 occurrences). Accompagnement aussi par les ressources pédagogiques (3 occurrences), accompagnements divers (3 occurrences).

17 occurrences pour l’accompagnement, contre, par exemple, 4 pour l’interdisciplinarité, 3 pour l’éducation aux médias et à l’information, 1 pour les conseils à la vie collégienne (sic) et les conseils de vie lycéenne, on voit bien apparaître avec l’accompagnement un mot-clé de cette circulaire. Il ne s’agit plus de donner des instructions pour la rentrée, d’orienter la préparation de rentrée, de préparer cette rentrée, il s’agit d’accompagner par un discours balayant l’ensemble des axes de travail ministériels les cadres et l’ensemble des personnels, afin de planter le décor de leur travail. Il n’est pas certain qu’ils y trouvent toutes les réponses à leurs questions, mais ce n’est pas l’objectif. Plus que d’un accompagnement, délégué pour l’essentiel aux académies et à l’échelle départementale, il s’agit de proposer un cadre de référence. Cette circulaire de rentrée prétend rappeler le cap national quand on pourrait le perdre à l’échelle d’une école, d’une circonscription ou d’un établissement. Elle traduit à sa manière le nouveau régime de gouvernance hybride qui se met en œuvre dans l’éducation nationale : on continue au Ministère de produire des décrets et des arrêtés auxquels tous les personnels sont tenus de se conformer, mais la rentrée ne souffre ni instructions, ni orientations, un simple rappel de la ligne ministérielle est adressé aux personnels.

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