Briand, l’autre artisande la loi de 1905

L’un des derniers titres parus dans cette collection de poche mérite une lecture attentive. Auteur d’une thèse de doctorat consacrée à l’activité parlementaire d’Aristide Briand, Christophe Bellon nous offre ici un essaisur cet homme clé de la Ille République plus donc qu’une biographie, même si les grandes dates et faits marquants ne manquent pas, Briand a marqué son époque, à n’en pas douter! Avec Jean Jaurès, il est l’artisan de la loi de Séparation des Églises et de l’État de 1905, que Jaurès lui-même, dans La Dépêche du Midi du 30 avril 1905 a salué en ces termes: ((La grande 48 Communes Septembre 201 0 n° 505 réforme de la Séparation, la plus grande qui ait été tentée dans notre pays depuis la Révolution française ». Jaurès avait raison, et cette loi a assuré plus d’un siècle de paix religieuse dans notre pays. L’essai de Bellon, sur ce point précis, permet de comprendre pourquoi il ne faut pas y toucher. Bien sûr, ce court volume aborde bien d’autres points: on comprend, en le lisant, le rapport de Briand à la politique? ,Çe socialiste "indépendant" refuse de s’intégrer dans le mouvement socialiste unifié en 1905 par Jaurès et G~esde : homme symbolisant la III" République, il n’aime guère les partis organisés, plus tenté par un destin indépendant et donc solitaire. Au plan personnel, cela lui a réussi: il a été 30 ans député, a passé 16 ans dans les allées du pouvoir, comme ministre (à de nombreux postes) et président du Conseil à plusieurs reprises. Certes, ce faisant, il s’est éloigné de sa famille politique d’origine ! Bellon n’évacue aucun aspect de cette vie riche. On notera ainsi ,les dernières années, qui l’amènent à devenir celui qu’on a surnommé "le pèlerin de la paix", sur fond de création de la Société des/Nations, et de la volonté de créer une union fédérale européenne. Un essai stimulant, consacré à un homme qui se voulait au-dessus de la mêlée.