LA VILLE D’ARGENTEUIL ANIME DEPUIS PLUSIEURS MOIS UNE DÉMARCHE AVEC LES ACTEURS DE SON TERRITOIRE AGISSANT EN MATIÈRE D’OFFRE LINGUISTIQUE.
OBJECTIFS : RENDRE LISIBLE L’OFFRE LOCALE, LA QUALIFIER, ET RÉFLÉCHIR À LA NOTION DE PARCOURS DES APPRENANTS.
Depuis plusieurs années, discours publics et dispositions législatives situent la connaissance de la langue française comme un enjeu fort d’intégration et de lutte contre l’exclusion des populations étrangères ou issues de l’immigration – primo-arrivants, vieux migrants, femmes… -. Aux côtés de formations linguistiques s’inscrivant dans un cadre législatif particulier (contrat d’accueil et d’intégration par exemple), de nombreuses actions sont également développées par des acteurs de proximité, dans un objectif d’autonomie plus large. Elles s’adressent à ces mêmes populations mais aussi, par extension, à toute personne que des difficultés de communication et de maîtrise de la langue rendent fragiles et vulnérables dans un certain nombre de situations sociales, éducatives, professionnelles.
L’ensemble de ces actions aux formes et pédagogies variées (ateliers de socialisation linguistique, formation linguistique – alphabétisation, Français langue étrangère -…), sont portées par un large panel d’associations, d’équipements municipaux, d’organismes de formations.Une telle diversité constitue une richesse indéniable, mais elle peut aussi comporter, à l’échelle d’un territoire, le risque d’être quelque peu disparate, hétérogène, voire peu lisible. Ce fut le point de départ d’une réflexion qu’a engagée la direction de la Vie des quartiers et de la Politique de la ville de la municipalité d’Argenteuil en 2012. « Il nous paraissait important, explique Ruddy Okondza, chargé de mission développement local à la Ville, de mieux cerner cette offre linguistique, de nous poser la question de sa couverture territoriale, de mesurer l’adéquation entre offres et besoins des habitants, mais aussi de réfléchir à la question du parcours des apprenants ».
Rendre lisible
Une première mise à plat de l’offre linguistique a alors été réalisée par la Ville. 11 porteurs d’actions ont été repérés (2 organismes de formation, 4 associations, 2 centres sociaux municipaux et 3 centres sociaux associatifs). Des rencontres individuelles ont permis de préciser l’approche et la spécificité de chacun, d’engager un échange sur les besoins des formateurs et les pistes d’amélioration possibles, ainsi que sur les passerelles existantes ou non entre acteurs localement. Cette étape a dégagé plusieurs éléments : un nombre important de dispositifs existants, un enjeu à qualifier l’offre dans le territoire, une absence de langage commun en matière de formation linguistique, des outils de suivi et d’évaluation disparates, un faible turnover au sein des groupes, peu de complémentarité pensée entre des structures aux liens faibles.
Ces constats, appuyés par l’envie de la majorité des acteurs rencontrés d’échanger sur leurs pratiques et difficultés, ont incité la Ville à initier une démarche de formation-action inscrite dans la durée. Accompagnée par l’espace Inter-Ressources de l’IPTR (pôle d’ingénierie au service de la professionnalisation des acteurs), celleci a démarré en décembre et devrait se poursuivre, dans une première phase, jusqu’à la mi année 2013.
Clarifier, qualifier, coordonner
Réunissant les formateurs et coordinateurs des structures intéressées (une dizaine de personnes), ces séances mensuelles permettent d’abord « de se connaître entre structures, puis de travailler à l’élaboration d’un langage et d’un référentiel communs en termes de notions, de compétences et de finalités visées à travers les types d’actions linguistiques animées ». En cela, elles contribuent à clarifier les contenus et modalités pédagogiques des démarches existantes et, en même temps, à s’interroger collectivement sur leur adéquation, à l’échelle du territoire argenteuillais, au regard de l’hétérogénité des besoins et des publics
concernés. Au-delà, ces temps comprennent une dimension formative forte. Les savoir, savoir-faire et outilsapportés par l’organisme de formation permettent de qualifier les acteurs en termes d’ingénierie de leurs actions.
Ces temps de partage de pratiques et de qualification sont très riches et sont une occasion, pour les formateurs notamment, d’ouverture, de rencontres et d’échanges avec leurs pairs.
Enfin, le groupe commence à travailler sur les outils d’accueil, de suivi et d’évaluation employés dans le cadre des actions de formation linguistique, afin de pouvoir les harmoniser à l’échelle de la ville. Ces outils et apports de la démarche pourront être expérimentés durant le deuxième semestre 2013 avant d’en tirer un premier bilan.
Cette dynamique collective de réflexion et de formation sur les notions, les finalités, les méthodes et les outils, est une étape fondatrice pour travailler la notion de parcours linguististique, via une capacité à proposer, à une échelle fine, celles des quartiers, une offre linguistique complète, d’égale qualité et coordonnée entre les structures. Telle est l’ambition ultime de la démarche que la Ville porte, au service des apprenants, de leur progression dans la maîtrise de la langue et, in fine, de leur autonomie dans la société.
Contact : Ruddy Okondza,