PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

Université été PRISME juillet 2007 La Ferté sous Jouarre

Les deux « objets d’étude » de cette université, l’orientation et les « cartes », ont permis d’aller au cœur de l’éducation tout au long de la vie en croisant les deux dimensions fondamentales de cette éducation que sont le temps et l’espace et par conséquent le rôle, l’enjeu et l’impact des territoires.

Les travaux marquent une étape importante pour PRISME en définissant un champ de réflexion ET d’action original et spécifique:

– liaison, en va et vient constant, entre réflexion et initiatives de
différents niveaux

– consultant et expert actif en tant qu’observateur engagé auprès de
tous les acteurs et les mettant en relations

– approcher et cerner le territoire de l’avenir (imbrication de territoires)

Ce qui se dégage des discussions :

1- l’importance de définir les termes que nous employons, c’est à dire les
représentations qu’ils véhiculent, la charge symbolique dont ils sont
porteurs, les masques qu’ils fournissent aux intentions non exprimées
ou aux choix non explicités. Et donc l’enjeu politique de la sémantique

2- l’émergence des territoires (à définir) comme espaces
pluridimensionnels et lieux d’ancrages, de compréhension, de
réalisation mais aussi de « contrôle » de politiques locales à dimension
nationale voire européenne

3- l’absence, tout aussi significative, de termes pourtant fort utilisés
dans un passé proche ou dans d’autres sphères ou largement
exploités dans le débat public (notamment au moment de la
présidentielle) : par exemple travail, mérite, identité, sécurité. Autant
de termes qui renforcent le trouble, le poudrin idéologique et la
confusion entretenue sur le type de société que l’on prépare ou que
l’on souhaite.

4- La mise en évidence, en contrepoint, des termes porteurs
d’alternatives ou d’initiatives et sur lesquels on peut penser qu’il y a
nécessité et urgence de les approfondir et de les mettre en
cohérence. Par exemple : métier(s), activités, fonctions sociales.
En gros a été esquissée une définition des politiques éducatives à
partir des besoins des personnes en prenant en compte l’individu
dans sa globalité et en tant qu’être social autour de deux notions
fondamentales, le partage et la cohérence. Ce qui implique
l’identification des fonctions et des rôles à assumer comme des lieux
pertinents pour les exercer.

S’est ainsi dessiné un fil rouge : partir des problèmes et situations
vécus, les examiner de façon transversale (dimensions et
conséquences) pour un projet collectifs, porter les réponses pour et
sur les lieux de vie. C’est-à-dire croiser les différentes attentes des
publics (y compris contradictoires) avec les orientations politiques des
collectivités, les conceptions des élus et les intérêts des
professionnels.

I – En partant de l’orientation.

Les exemples fournis et les réflexions ont fait émerger ce que j’appelle la « qualification de la personne » , dans sa dimension individuelle et sociale (savoirs, compétences, adaptabilité, relations, autonomie…) comme finalité ET objectif des politiques inscrites dans l’éducation et la formation tout au long de la vie. Finalité à partir de laquelle se posent l’ensemble des conditions nécessaires, et les actions à mener, pour que chacun où qu’il soit puisse accéder à cette qualification et la gère tout au long de sa vie.

Cet axe permet de

– prendre en compte l’emploi (visé, existant, à créer), y compris dans ses
évolutions et adaptations ;

– tenir compte des mobilités, voulues, souhaitées ou contraintes ;

– prendre en considération les appartenances et identités sociales,
professionnelles, humaines et territoriales ;

– mettre en cohérence et rationaliser la diversité des réponses et des
dispositifs (par exemple AFPA, ANPE, CIO, Missions locales, Centres de
bilan…).

Mais aussi

– organiser l’information à partir des situation rencontrées ou vécues
(jeunes, adultes, seniors, chômeurs, salariés, précaires,
reconversions…) ;

– assembler les compétences professionnelles aujourd’hui fractionnées
ou dispersées (modalités de guichet unique, plateformes …) ;

– mettre en place, en fonction des besoins identifiés, les services
d’accompagnement et susciter les initiatives.

Tout cela suppose une rupture avec les politiques sectorielles (ou plus précisément de leur intégration) au bénéfice d’une politique régionale régulant et pilotant des actions locales (principe d’antennes).

II – L’éclairage apporté autour de la création « d’espaces métiers ».

Ces initiatives sont venues renforcer cette approche. Ce n’est pas une recette à imiter mais une dynamique, une mise en mouvement qui échappe aux logiques « corporatives » en confrontant tous les acteurs concernés par les métiers (contenus, évolution, recrutement, prospective…). Ces notions d’espaces, de plateformes donnent sens et concrétisation à deux impératifs entendus sous les termes de partage et de partenariats : décloisonner, fédérer.

Mais ils amènent à réfléchir davantage aux oppositions ou complémentarités de couples :

– métier et/ou profession

– espace (ouvert) et/ou maison (fermée)

– emploi (installé et statut) et/ou activité (selon quels besoins pour qui).
Définir ces couples permet de prendre en compte la diversité de
situations, de s’inscrire dans des perspectives de développement dit
durable ou soutenable, d’intégrer les mobilités et de comprendre les
interactions nécessaires (réseaux, sites, antennes, plates formes…).

III – Les actions présentées.

Durant ces trois jours les interventions et les actions (Ile de France, Ateliers pédagogiques, Ecole des territoires…) ont souligné trois pistes de réflexion et de travail :

– une évidence : fournir des outils adaptés aux objectifs et aux publics
cibles, c’est-à-dire à quels besoins doivent-ils répondre ; d’où qui les
exprime, comment et où ? et qui les traite

– une nécessité : mutualiser les outils et la réflexion, les adapter aux
demandes et attentes : c’est le rôle des professionnels et l’échange
entre eux ;

– un partage : identifier les rôles et les spécificités des professionnels
d’une part, des associations d’autre part pour fournir des bases solides
pour les partenariats, les cahiers de charge et les contractualisations.
Ces pistes visent à donner du contenu à l’accompagnement (et au
pilotage) et à mieux cerner les moyens de l’expression des besoins et
de leur analyse, les réponses aux besoins identifiés ; et comment
mobiliser et mettre en œuvre les « formes » d’action adaptées
(dispositifs, coopératives, mutuelles…).

IV – Des pistes à explorer, des réflexions à poursuivre

La Région et le local sont devenus, à y regarder de près, les lieux d’émergence d’une autre société (travailler et vivre autrement) à partir des préoccupations concernant les modes et cadres de vie, les échanges et relations humaines, l’environnement et relations sociales…. c’est-à-dire le type de développement.

Les cartes (représentation des problèmes dans l’espace) fournissent un outil essentiel en inscrivant spatialement les dispositifs existants, leurs relations, les stratégies possibles de développement ou de transformation et les liens avec des espace plus larges (nation, Europe, planétaire).
Elles obligent et permettent la confrontation des points de vue et leurs croisements possibles, la mise en relation des problèmes à partir d’une vision critique des structures.

C’est la découverte du rapport avec le projet de développement d’un territoire donné, fondé sur des micros projets inscrits dans les perspectives de :

– développement durable, équitable et soutenable ;

– l’aménagement équilibré du territoire en articulation avec les autres
territoires ;

– la construction d’espaces humains vivants et accueillants.

Ces pistes obligent ainsi à une vision globale afin de mettre en cohérence les différentes actions : l’habitat (le construit) avec le transport (les déplacements), les activités (emplois, services, bénévoles, loisirs) avec l’éducation et la formation (établissements scolaires, apprentissage, formation continue, universités), la santé (hôpitaux, médecine, dispensaires) avec les services à la personne…

Une vision globale permettant de prendre en compte les parcours de vie individuels dans leur dimension collective en s’appuyant sur deux leviers vitaux:

– la mise en place de lieux et d’activités intergénérationnels de
rencontres et d’échanges (échanges de savoirs, tutorats, projets
communs, accompagnements…),

– le soutien au développement associatif, notamment celles de
l’éducation populaire en définissant un « statut » du bénévolat.

A y regarder de près l’intergénérationnel et la mobilisation associative s’inscrivent dans le développement de pratiques de coopération et la croissance de formes diversifiées d’économie sociale ou solidaire fondées sur la satisfaction des nécessités et des besoins et non sur la marchandisation.

Du pain sur la planche pour PRISME ! Et qui impose de convaincre les collectivités que pour dépasser le slogan ou la révérence sans contenu, l’Education et la Formation tout au long de la vie ne peuvent se définir à partir de politiques sectorielles (jeunesse, sports, petite enfance, habitat, emploi, santé…) cloisonnées ou étanches.

Au contraire c’est à partir des besoins de la personne que les parcours de vie doivent être pris en compte et que les réponses doivent être apportées et prises en charge collectivement. Ce qui suppose expertise des attentes et demandes, leur analyse pour déterminer les besoins, appel à l’intelligence collective pour utiliser les expertises et discuter des priorités de réalisation ou de propositions sur lesquelles les collectivités ont à prendre des décisions.

Le réseau va devoir se consacrer à œuvrer dans ce sens à travers l’évolution de son site, la structuration de sa lettre et probablement proposer des sessions de formation d’acteurs, répondre à des missions d’accompagnement de collectivités, et organiser, en fonction de cela, le programme nos rencontres mensuelles de l’année scolaire 2007/2008.

Nos travaux permettront ainsi d’alimenter la réflexion/action collective et de contribuer aussi à des publications portées par des associations oeuvrant dans le champ de la « promotion des initiatives sociales en milieux éducatifs ».

Tous les participants de près ou de loin aux travaux de cette quatrième université d’été ont donc « PRISME ouvert » pour alimenter la construction des projets sus-visés !

Contribution à envoyer à
mailto:[prisme.reseau@wanadoo.fr->prisme.reseau@wanadoo.fr]

Jean ROUCOU
Président de PRISME

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Categories: UNIVERSITES D'ETE

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