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La culture de la note est encore très présente dans l’école française, une institution historiquement tournée vers la sélection.
Si ce modèle répondait aux exigences d’un système élitiste avant la massification scolaire, il apparaît aujourd’hui en total décalage avec l’objectif d’élévation du niveau d’étude et les défis posés par la démocratisation des études supérieures.
Ce système de notation, et l’obsession du classement auquel il répond, crée, dès l’école élémentaire, une très forte pression scolaire et stigmatise les élèves qu’il enferme, progressivement, dans une spirale d’échec. Démotivantes, ces mauvaises notes sont vécues comme une sanction et n’apportent en rien les clés d’une possible progression.
Alors que la confiance en soi est indispensable à la réussite scolaire, les conséquences de ce système de classement sur les élèves en difficulté sont désastreuses : fissuration de l’estime de soi, absence de valorisation de leurs compétences, détérioration des relations familiales et, à terme, souffrance scolaire.
La pression scolaire précoce ne fait que nuire à l’efficacité de notre système éducatif : aujourd’hui quatre écoliers sur dix sortent du CM2 avec de graves lacunes :
Pour y favoriser l’acquisition des savoirs fondamentaux l’école élémentaire gagnerait à s’appuyer sur une autre logique que celle de la compétition. Il faut qu’elle devienne pour tous les enfants une étape positive de leur construction, de leur épanouissement, du développement de l’estime soi et de l’élaboration d’un rapport sain aux apprentissages.
D’autres modèles éducatifs ont prouvé leur efficacité en desserrant l’étau de l’évaluation constante. À titre d’exemple, en Finlande – le pays en tête des classements internationaux en matière d’éducation – les élèves sont évalués pour la première fois à 9 ans de façon non chiffrée, et commencent à être notés seulement à partir de 11 ans.
En France, les textes de lois ont déjà beaucoup évolué, et ne font plus référence explicitement à la note comme système d’évaluation ; mais face à l’urgence d’apporter des réponses concrètes à la question de la souffrance scolaire, nous devons franchir un palier supplémentaire et supprimer une notation inutilement sélective à l’école élémentaire.
Nous appelons tous ceux qui souhaitent réaffirmer que l’école élémentaire doit être celle de la coopération et non de la compétition, à signer le présent appel.
Pascal Bavoux, Directeur de Trajectoires-Reflex ;
Eric Debarbieux, Chercheur ; François Dubet, Chercheur ; Jacques Donzelot, Chercheur ;
Daniel Pennac, Ecrivain ;
Marcel Rufo, Pédopsychiatre ;
Michel Rocard, Ancien Premier ministre ;
Louis Morin, Directeur de l’Observatoire des inégalités ;
Agnès Florin, Chercheuse ;
Jean-Marie Petitclerc, Directeur du Valdocco ;
Nicole Catheline, Pédopsychiatre ;
Thomas Sauvadet, Chercheur ;
Paul Robert, Principal de collège ;
Aziz Jellab, Chercheur ;
Axel Kahn, Généticien ;
Eric Maurin, Chercheur ;
Pierre Merle, Chercheur ;
Patrice Bride, Secrétaire général de Cahiers Pédagogiques ;
Boris Cyrulnik, Psychiatre ;
Richard Descoings, Directeur de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris ;