In Ludomag – le 21 février 2014 :
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Deux EPN du réseau, très différents, ont été intégrés dans la reforme des rythmes scolaires. L’un en Drôme (Livron), l’autre en Ardèche (La Voulte), les témoignages et regards sont différents. Ils permettront peut être à certains EPN concernés en 2014-2015 de mieux appréhender ce nouveau rôle dans la collectivité. Un article signé Garlann Nizon.
Pouvez vous présenter votre municipalité et votre EPN en deux mots?
Jessica Labanne : Livron est une commune de 9000 habitants située entre Valence et Montélimar. Elle appartient au Canton de Loriol.
Livron a deux groupes scolaires au centre-ville et deux écoles dans les hameaux.
A Livron les temps d’activité périscolaires s’appellent des TAPS.
L’EPI lilO (comprenez Espace Public Internet de Livron Loriol – Ndlr) a été créé en janvier 2013, cet espace est porté par les villes de Livron et Loriol. Deux espaces existent donc de chaque côté de la Drôme. LilO propose de l’accès libre Internet, de l’accompagnement sur mesure, des ateliers collectifs d’initiation et des ateliers partenaires.
Les partenaires sont variés : les écoles, le foyer logement , l’UNRPA (Union Nationale des retraités et des personnes âgées), la MJC, le club de généalogie, l’IME (Institut Médico Educatif), les associations et bien plus encore.
Samuel Pabion : La Voulte-sur-Rhône est une commune de 5084 habitants située entre Valence et Montélimar. Elle a trois groupes scolaires.
Intervention de Vincent Peillon à La Voulte-sur-Rhône.
À La Voulte les temps d’activité périscolaires s’appellent les TAPS.
Le CCM (Comprenez Centre de Communication Multimédia Ndlr) a été créé en avril 1999. Cet espace est porté par la MJC de La Voulte depuis 2004. Le CCM propose de l’accès libre internet, des ateliers collectifs et particuliers d’initiation à l’informatique, des clubs informatiques, des ateliers en direction des adolescents.
Nos partenaires sont variés : les écoles, l’Espace social, l’UNRPA (Union Nationale des retraités et des personnes âgées), la MJC, la maison de retraite, le collège, les associations locales, le syndicat mixte des Inforoutes, le Conseil Général de l’Ardèche, la Région Rhône Alpes, la CORAIA.
L’intégration de l’EPN dans la réforme a-telle été naturelle ? Avez-vous été concerté en amont ?
JL : Très naturelle, lilO était à peine ouvert lorsque les concertations ont été lancées, la médiathèque a été sollicitée, j’ai été invitée aux réunions et j’ai tout de suite eu envie de proposer un module de TAPS.
SP : C’est la MJC qui a été intégrée dans la réforme. L’EPN faisant partie intégrante de cette structure, la direction nous a demandé de nous positionner. En effet, nous avions déjà l’expérience des Contrats éducatifs locaux et Loisirs éducatifs prioritaires (partenariat entre l’Education nationale, la municipalité, jeunesse et sport et la MJC) mais dans ce cadre l’EPN était mis à disposition et le matériel utilisé sur place. dans le cas des TAPS c’est nous qui nous nous déplaçons dans les écoles.
Nous avons été invité à quelques réunions de présentation du déroulement de l’organisation générale.
Avez-vous fait partie d’une équipe projet, d’un comité de pilotage ?
JL : J’ai participé autant que possible aux réunions et concertations autour de la mise en place de la réforme.
SP: La participation a été celle des responsables de la MJC.
Après un trimestre passé, que retenez vous de cette expérience ?
JL: Comme je l’avais pressenti, c’est un excellent point d’entrée auprès du public jeune. Je suis aujourd’hui à mon 3ème groupe d’enfants. Les deux premières périodes ont été très positives malgré quelques difficultés d’ordre technique.
Après une période de TAPs, il est fréquent que les enfants viennent à lilO avec leur parents.
SP: Quelques frustrations ! Nous avons ¾ heures d’activité de 15h45 à 16h30 mais dans les faits seulement ½ heure d’activité est effectuée (installation, démarrage, retour au calme….). Les enfants ne choisissent pas l’activité à laquelle ils participent ce qui peut parfois être compliqué à gérer.
Referiez-vous les mêmes propositions aujourd’hui ? Les mêmes ateliers ? Si non pourquoi?
JL : Je ferai les mêmes propositions aujourd’hui mais enrichies par l’expérience de ce premier trimestre.
L’intervention en TAPS est chronophage, en plus du temps d’intervention, il faut penser à la préparation du contenu de module et du matériel , aux déplacements et à l’installation et rangement du matériel. Pour 45 minutes d’animation il faut compter au moins 1h30.
SP: Sur l’horaire 15h45 – 16h30 non car c’est un temps où les enfants ont besoin de se dépenser. De plus le fait de devoir s’absenter de l’EPN peut être problématique.
Avez-vous des idées en tête pour les mois à venir ou l’année prochaine ?
JL : Les idées ne manquent pas, les moyens un peu plus.
SP : Une réorientation des horaires semblent se profiler. Déjà 2 groupes scolaires sur 3 on choisit le temps de pause méridienne. Les enfants seront plus posés pour des activités multimédias.
Que conseilleriez-vous à un EPN intégré dans la réforme l’année prochaine ?
JL : De ne pas hésiter à profiter de ce point d’entrée dans les écoles. Les enseignants ont un grand besoin d’accompagnement au numérique même lorsqu’ils sont utilisateurs réguliers. De bien chiffrer le temps dédié aux TAPS et de le valoriser dans les bilans.
SP : De bien réfléchir aux ateliers qu’il va proposer en fonction de l’horaire et du temps d’activité qui lui est imparti.
Comment se passe la relation avec les enfants ?
JL : Je suis très bien accueillie dans les écoles, que ce soit par les enfants ou par les équipes enseignantes. En général, à la dernière séance les enfants sont déçus que ça soit déjà fini et c’est l’occasion de leur parler de la possibilité de venir à lilO pour continuer ou pousser plus loin les activités. Souvent je les vois pousser la porte de l’EPI avec leurs parents dans les semaines qui viennent.
SP: Les enfants sont parfois agités. On peut parfois perdre du temps à demander le calme pendant l’activité.
Quel point vous semble le plus positif ?
JL : Les retombées en fréquentation de l’Espace, les participants à mon TAPS sont prescripteurs auprès de leurs parents, de leurs frères et sœurs collégiens ou lycéens. Et bien sûr le fait de permettre à des enfants d’utiliser un ordinateur.
Nous sommes en 2014 et j’ai encore, dans mon groupe de cette période, 2 fillettes de 9 ans qui n’ont jamais utilisé d’ordinateur. Certains enfants en raison du manque de moyens, de motivation et/ou de connaissances de leurs parents n’ont accès à aucune activité culturelle, artistique ou sportive en dehors de l’école. Et c’est un point vraiment positif de cette réforme que de réduire cette inégalité.
SP : Pour la majorité, les enfants sont contents de participer à cette activité.
Quel point vous semble le plus négatif ?
JL : L’impossibilité pour le moment de mettre en place un vrai projet suivi, 1 heure c’est court. Ce temps de TAPS doit être ludo-éducatif sans être de l’apprentissage. Il n’est pas question de faire garderie mais de proposer une activité aux enfants sans que ça soit trop lourd ou fatiguant. L’objectif principal de cette réforme étant d’alléger les journées. J’aimerai pouvoir accueillir les enfants dans mon EPI, mais avec le déplacement, le temps d’activité sera encore plus court.
SP : L’énergie et le temps passé pour seulement ½ heure d’activité. Le nombre d’enfant par groupe (18 maxi). L’équipement de la salle informatique de l’école. 7 PC seulement et un réseau LAN n’est pas très stable.
Pouvez vous nous décrire un déroulé type ?
JL : J’ai un groupe pour 6 à 8 séances de période vacances à vacances.
Mon module s’appelle découverte de l’ordi.
La première séance est une prise de contact et de discussion autour des usages de l’ordinateur. Qui utilise, pourquoi comment. Cette séance est assez libre, on échange, j’explique qui je suis et comment fonctionne mon espace. Puis on allume les ordinateurs et on échange du vocabulaire. S’il reste du temps on lance un jeu. Puis on éteint les ordinateurs.
Les 2 ou 3 séances suivantes, les enfants découvrent Tux Paint et la possibilité de dessiner avec un ordinateur (beaucoup ne font que regarder des vidéos sur youtube ou jouer à des jeux en ligne à la maison). Ceux qui le veulent sont photographiés pour que je créée des tampons à leur image pour qu’ils puissent s’inclure dans les dessins. Ils sauvegardent en fin de séance leur dessin le plus réussi afin que je leur imprime pour la séance suivante.
Une des séances consistent à découvrir l’intérieur d’un ordi, j’apporte du matériel démonté dans une boite, des cartes que nous avons créées à lilO avec les noms et les photos des composants et périphériques et une vieille tour. Cette séance est très appréciée, ils adorent mettre les mains dans le cambouis !
Une autre séance j’apporte des CD-ROM Mobiclic ou Toboclic de la médiathèque.
En fonction des groupes et de la réactivité des enfants j’adapte mes propositions. J’ai eu un groupe qui a adoré jouer à Tux typing. Nous avons Track Mania qui est installé sur les postes et certains enfants ont eu envie de faire des courses.
Mon programme à la base était d’utiliser des services web pour ce module de TAPS, des soucis de réseaux m’empêchent de bénéficier d’un accès internet stable. J’ai du complètement repenser le contenu de mon module pour qu’il soit cohérent même sans Internet. Finalement c’est plutôt un bien car les enfants avec Internet deviennent plus passifs, par habitude et ou facilité. Sans connexion ils explorent finalement plus de possibilités de l’ordi.
SP : Un groupe pour 6 à 8 séances de vacances à vacances. Mon module s’appelle « Activités multimédias ».
Nous proposons des jeux en réseau. Le jeu de course TrackmaniaTM, qui se prête très bien à un format court par une mise en route rapide et une prise en main facile. Les enfants découvrent tous les modes de jeu : course contre la monte, en équipe, etc ; avec des niveaux de difficultés croissant. Pour finir on explore le mode de construction de circuit et la personnalisation des véhicules.
Combien de séances par semaine ?
JL : J’interviens actuellement une fois par semaine. Nicolas Capt, un de mes collègues qui a la double casquette médiathèque et EPI intervient 2 fois par semaine sur un module de TAPS reporter avec les tablettes.
Nous proposerons le même module pour une intervention sur les écoles de Loriol qui vont passer à la semaine de 5 jours en 2014/15.
Nous réfléchissons à un module supplémentaire qui serait proposé par Jean-Claude Bondaz, mon collègue animateur, renfort CUI-CAE de la deuxième vague.
Le fait que nous soyons en capacité de proposer ces activités aux collectivités a été un argument de taille pour la prolongation du CUI de Jean-Claude que je n’ai pas hésité à brandir auprès de mes élus et responsables.
Nous aimerions proposer un TAPS Sport Numérique, qui aurait sans doute un grand succès…
Nous échangeons également autour d’un TAPS radio, de mon côté j’aimerai faire évoluer mon TAPS sur de la création de film d’animation.
SP : Une fois par semaine
Combien de groupes différents ?
JL et SP : Autant de groupes que de périodes soit 5 pour cette année.
Combien d’enfants par groupe ?
JL : Un enfant par poste soit 8 à 10 enfants
SP :Entre 16 et 18 enfants, pour 7 ordinateurs.
Combien êtes-vous pour l’encadrement ?
JL : Je suis seule.
SP : Je suis seul. Ma collègue me remplace en cas d’absence.
Source : Garlann Nizon, le blog des EPN, http://epi.pole-numerique.net/amenagement-des-rythmes-scolaires-et-epn-retour-dexperience
Rythmes scolaires : rencontre avec les équipes… par EducationFrance