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RÉSUMÉ
Améliorer la situation économique des jeunes en France
La situation économique des jeunes n’est pas satisfaisante. Les inégalités scolaires se sont accrues depuis plus d’une décennie, en raison d’une forte baisse des résultats des élèves les plus défavorisés. Le taux de chômage des 20-24 ans n’est pas passé en dessous de 16 % depuis près de 30 ans. Les jeunes français sont très pessimistes quant à l’avenir et expriment une grande méfiance vis-à-vis des institutions. Le filet social hésite entre autonomie et solidarité familiale, et est inéquitable car les jeunes qui sont au chômage et ne disposent pas d’un soutien familial solide financièrement se trouvent dans une situation précaire. La politique d’éducation prioritaire devrait réellement devenir une priorité et les dépenses d’éducation devraient être rationalisées de façon à drainer davantage de ressources vers l’enseignement primaire. Il est souhaitable d’amplifier l’autonomie des universités, de même que l’indépendance financière des jeunes. Le fonctionnement du marché du travail dont certaines caractéristiques pénalisent les nouveaux entrants doit être réformé et les services d’accompagnement des jeunes vers l’emploi améliorés. Ce Document de travail se rapporte à l’Étude économique de l’OCDE de la France 2013 (www.oecd.org/eco/etudes/France).
Classification JEL : H52 ; I21 ; I24 ; I25 ; J20 ; J30
Mots clefs : France, jeunes, éducation, échec scolaire, éducation primaire, enseignement supérieur, marché du travail, emploi, chômage, insertion professionnelle
Table des matières
Améliorer la situation économique des jeunes en France
La priorité du quinquennat
A partir d’une situation déjà peu favorable, les jeunes sont durement touchés par la crise
Accroître l’autonomie des jeunes
Le filet social fonctionne bien pour les soins de santé et les aides au logement
Un système hybride qui accorde un poids important aux prestations familiales
… qui est assez inéquitable et bride l’autonomie des jeunes
Pour une réelle extension du RSA sous conditions strictes
Les jeunes sont pessimistes face à l’avenir et méfiants vis-à-vis des institutions
Lutter contre l’échec scolaire
Le système éducatif échoue dans la réduction des inégalités
Privilégier les interventions précoces
Augmenter considérablement les moyens de l’éducation prioritaire
Utiliser efficacement les moyens de l’éducation prioritaire
Améliorer la formation des enseignants
Donner de l’autonomie aux directeurs d’écoles
Revoir les rythmes scolaires
Réduire encore drastiquement le recours au redoublement et améliorer le soutien scolaire
Mieux orienter
Les jeunes dans le système d’enseignement supérieur
Rééquilibrer le financement public en faveur des universités et relever les droits d’inscription
Amplifier l’autonomie des universités
Lutter contre l’échec en licence
Développer les liens universités-entreprises
Augmenter l’emploi des jeunes et faciliter leur insertion professionnelle
La France enregistre de mauvaises performances structurelles sur le marché du travail des jeunes
Agir à la fois sur la demande et l’offre de travail
La dualité des contrats de travail pénalise les jeunes
Le niveau du salaire minimum tend à exclure les jeunes peu qualifiés de l’emploi
Contrats aidés : privilégier l’alternance ciblée sur les moins qualifiés
Lutter contre les discriminations ethniques à l’embauche
Mieux coordonner l’accompagnement des jeunes
Intervenir dès le décrochage
Les écoles de la deuxième chance semblent obtenir des résultats prometteurs qu’il faudrait évaluer
Territorialisation des problèmes qui touchent les jeunes
La concentration spatiale des difficultés
La politique de zonage manque de cohérence
Pas de discrimination positive dans l’accompagnement vers l’emploi dans les quartiers défavorisés
Bibliographie
Encadré
1. Recommandations pour améliorer la situation des jeunes
Tableaux
1. Évolution des compétences des élèves scolarisés en dernière année du primaire (CM2) dans les établissements publics
2. Taux de redoublement
3. Mobilité des salariés ayant un emploi temporaire après un an
4. Part des enfants d’immigrés dans la population de 20-29 ans et non scolarisés, sélection de pays de l’OCDE, autour de 2007
Graphiques
1. NEET dans les pays de l’OCDE, 2010
2. Taux de pauvreté, jeunes versus population totale
3. Chômage des jeunes et chômage total, 15-24
4. Les pays qui ont des taux d’emploi plus élevés pour les jeunes sont plutôt ceux qui ont aussi des taux d’emploi plus élevés pour les seniors, 2011
5. Les jeunes et l’avenir
6. Consommation de substances psychoactives parmi les 15-16 ans scolarisés, 2010
7. Niveau de confiance des jeunes dans les institutions, les médias et les multinationales
8. Population ayant au moins un niveau de formation du deuxième cycle du secondaire par groupe d’âge, 2010
9. Un nombre important d’élèves ne maîtrisent pas les compétences de base
10. Dépenses totales consacrées à l’éducation dans les pays de l’OCDE, 2009
11. Les écarts de performance entre systèmes éducatifs ne sont pas liés aux dépenses pour l’éducation dans les pays de l’OCDE les plus riches
12. Inégalité des résultats de PISA entre élèves
13. Score PISA des étudiants les moins performants (10ème percentile), 2009
14. Relation entre performance des élèves en lecture et contexte socio-économique
15. Taux de rendement d’un même ‘investissement en capital humain selon l’âge
16. Dépenses d’éducation pré-primaire, 2009
17. Ratio des dépenses annuelles par élève de l’enseignement primaire par rapport au deuxième cycle de l’enseignement secondaire, 2009
18. Évolution des difficultés selon le secteur et les zones d’éducation
19. La ségrégation scolaire est élevée en France
20. Salaire des enseignants du primaire et secondaire, 2010
21. Le redoublement scolaire est très utilisé en France
22. Taux de chômage et salaire réel des jeunes sortis depuis un à quatre ans de leur formation initiale
23. Dépenses par étudiant selon les différents secteurs de l’enseignement supérieur, 2009
24. Degré d’autonomie des universités en Europe, 2010
25. Indicateurs du marché du travail des jeunes
26. Explication de l’écart entre le taux de chômage de la France par rapport à celui d’autres membres de l’OCDE
27. Taux d’emploi par groupe d’âge, classification hiérarchique
28. Les difficultés des jeunes reflètent un problème général de fonctionnement du marché du travail
29. Sensibilité du taux de chômage des jeunes aux aléas de la conjoncture, 15-24 ans
30. Travail temporaire des jeunes, 2000-11
31. Durée de la période d’essai, 2008
32. Salaire minimum et âge, 2010
33. Distribution des salaires moyens par tranche d’âge, 2009
34. Part des emplois aidés dans l’emploi des jeunes de moins de 26 ans
35. Scolarisation dans l’enseignement secondaire supérieur, 2009
36. Le dialogue social ne semble pas être de bonne qualité
37. Nombre d’apprentis en fin d’année selon le niveau de diplôme
38. Écart entre le taux de chômage des enfants d’immigrés et celui des enfants d’autochtones âgés entre 20 et 29 ans, 2007
Produit d’une initiative européenne adoptée en 1995 et fondées sur une pédagogie différente des schémas scolaires classiques, les E2C sont créées à l’initiative des collectivités territoriales et des acteurs de l’insertion professionnelle. L’engagement des entreprises dans le dispositif permet d’intégrer la réalité locale du marché du travail. La multiplication des E2C a été l’une des principales mesures du plan d’urgence du gouvernement en 2009 visant à combattre le chômage des jeunes. En 2012, le réseau comptait une centaine de sites dans près de la moitié des départements (contre le quart en 2008) et a accueilli environ 12 000 stagiaires. Le coût moyen du parcours d’un jeune dans une E2C, d’une durée de sept mois en moyenne, est d’environ EUR 6 000. Même si les E2C obtiennent des résultats prometteurs en termes d’insertion, l’efficacité réelle de ces programmes n’a jamais vraiment été évaluée, ce qui en limite le développement (Cahuc et al., 2011). Une évaluation est en cours au Ministère du travail et sera publiée en 2013. Les Epide sont composés de 20 établissements et offrent 2 300 places pour des jeunes recevant une formation comportementale, générale et professionnelle (stages en entreprises) en internat pour un budget annuel d’EUR 84 millions, soit environ EUR 39 000 par place. Une enveloppe budgétaire d’EUR 419 millions a été consacrée par l’État en 2012 à la mise en œuvre de l’accompagnement (allocation Civis, le Fonds pour l’insertion professionnelle des jeunes, E2C, Épide et contrat d’autonomie). Signe d’une mauvaise allocation des ressources, cela représente en pourcentage du PIB (0.02 %) environ le sixième des dépenses publiques annuelles moyennes engagées depuis environ quarante ans dans les contrats aidés hors alternance, dont l’efficacité est très faible. Territorialisation des problèmes qui touchent les jeunes La concentration spatiale des difficultés Les difficultés auxquelles la jeunesse française est confrontée ont une dimension territoriale marquée. Environ 7 % de la population française vit dans les 751 zones urbaines sensibles (ZUS) qui sont formellement « caractérisées par la présence de grands ensembles ou de quartiers d’habitat dégradé et par un déséquilibre accentué entre l’habitat et l’emploi ». Les habitants des ZUS sont plus jeunes en moyenne que dans les unités urbaines environnantes : près d’un habitant sur trois a moins de 20 ans contre un sur quatre dans leurs agglomérations et dans l’ensemble de la population (Onzus, 2011). Or ces territoires concentrent les difficultés socio-économiques : le niveau de vie moyen est nettement plus faible que celui de leurs agglomérations (d’environ 45 %), le taux de pauvreté est 2.5 à 3 fois plus élevé, la population est moins diplômée, le chômage deux fois plus prégnant, les logements de moins bonne qualité, l’insécurité plus forte, etc. (Onzus, 2011). La pauvreté touche particulièrement les jeunes de ces quartiers et le taux de chômage des 15-24 ans y est supérieur à 40 %. Au total, environ un jeune chômeur (ou NEET) sur sept de 15 à 24 ans réside en ZUS. Ces conditions d’extrême précarité sont lancinantes depuis plusieurs décennies. Les mécanismes spatiaux de l’exclusion dans les banlieues françaises peuvent provenir d’effets négatifs de ségrégation sociale (acquisition du capital humain, réseaux permettant d’accéder à l’emploi, stigmatisation des quartiers et discrimination de la part de certains employeurs), de l’enclavement (mauvais appariement spatial ou « spatial mismatch ») (Gobillon et Selod, 2007) augmentant le chômage frictionnel, et d’un mauvais accompagnement dans l’emploi. Les principaux enseignements suivants peuvent être tirés des analyses menées sur cette question :
• Au-delà des caractéristiques individuelles, les effets de voisinage semblent contribuer à l’échec scolaire (Goux et Maurin, 2007) ;
• le niveau d’éducation et le contexte familial restent les éléments déterminants de l’accès à l’emploi et du niveau de salaire ;
• lorsque l’on contrôle finement par les caractéristiques individuelles observées, le fait de résider en ZUS est négativement associée à la probabilité d’accéder à l’emploi (Aeberhardt et al., 2010a et 2010b ; Couppié et Gasquet, 2011) ;
• Améliorer la formation des enseignants en mettant l’accent sur les pratiques pédagogiques et en combinant davantage formations académique et professionnelle en alternance. Rationaliser les coûts non salariaux pour pouvoir augmenter la rémunération des enseignants.
• Réduire drastiquement et rapidement le recours au redoublement et mettre en œuvre une meilleure individualisation de l’enseignement afin de prévenir le décrochage scolaire.
• Réformer les fonctions et mieux contrôler l’activité des conseillers d’orientation-psychologues. Séparer nettement les fonctions d’orientation des fonctions psychosociales et approfondir les fonctions spécifiques d’orientation en développant les liens avec les entreprises. Impliquer davantage les enseignants dans l’orientation des élèves via une formation adaptée. Introduire une première année de tronc commun dans le deuxième cycle des voies technologique et professionnelle. Fournir via leservice public d’orientation une information détaillée sur les débouchés des formations proposées par les établissements de l’enseignement supérieur