ACTEUR SOCIAL: L’agent est essentiellement agi, l’acteur « pourvu de conscience et d’initiative, capable de stratégie … est reconnu comme co-producteur de sens".
L’auteur est capable de création, responsable de ses actes dans le sens de décider ce qui est légitime pour lui, J. Ardoino, 2001.
Le passage d’une orientation subie à une orientation choisie, par l’individu: mythe ou réalité? R. Boudon, 1973, a proposé une formalisation des choix d’orientation dans la perspective de l’acteur social (individualisme méthodologique).
Nous retiendrons une conception de l’acteur indissociable d’un contexte organisationnel qui permet de penser la notion: « d’espace de jeu", J.M. Berthelot, 1983, et de « règles du jeu" adoptées par M. Crozier dans l’Acteur et le Système (les contraintes de l’action collective), 1977: « L’acteur n’a que rarement des objectifs clairs et encore moins des projets cohérents: ceux-ci sont multiples, plus ou moins ambigus, plus ou moins explicites, plus ou moins contradictoires. Au cours de l’action il en changera, ou reconsidérera sa position. Partout son comportement est actif, s’il est toujours contraint et limité, il n’est jamais directement déterminé; même la passivité est toujours d’une certaine manière le résultat d’un choix. Et c’est un comportement qui a toujours un sens; le fait qu’on ne puisse
le rapporter à des objectifs clairs ne signifie pas qu’il ne puisse être rationnel, tout au contraire. Au lieu d’être rationnel par rapport à des objectifs, il est rationnel, d’une part par rapport à des opportunités et à travers ces opportunités, au contexte qui les définit et, d’autre part, par rapport au comportement des autres acteurs, au parti que ceux-ci prennent et au jeu qui s’est établi entre eux. C’est enfin un comportement qui a toujours deux aspects: un aspect offensif, la saisie d’opportunités en vue d’améliorer sa situation; et un aspect défensif, le maintien et l’élargissement de sa marge de liberté donc de sa capacité d’action". En définitive, l’acteur social c’est le sujet qui agit en saisissant les opportunités qui s’offrent à lui dans le cadre des contraintes qui sont les siennes. Cette théorisation permet d’articuler deux réalités indissociables: la liberté des acteurs et l’existence de systèmes organisés et cohérents. On le voit, la notion (d’acteur" introduite par les théories de l’action qui postulent qu’elle est au principe d’une analyse de la constitution de la réalité sociale s’oppose par conséquent au concept de sujet", utilisé par le structuralisme ou encore à la notion d’agent" qui renvoie à une détermination passive.
Agir, c’est être placé dans une conjoncture unique que l’on n’a pas voulue", R. Aron, 1981.
Depuis la publication de l’ouvrage de A. Touraine en 1984, la formule, (le retour de l’acteur", est devenue d’usage courant. Selon ce sociologue, ce que nous nommons la société est un système, mais un système d’action. Et l’action n’est pas seulement décision: elle est visée d’orientation culturelle à travers des relations sociales conflictuelles".
La sociologie de l’expérience scolaire de F. Dubet, 1998, prend en compte dans l’expérience sociale la position de l’acteur et les logiques d’action au sein d’un système de tensions. Parce que l’homme est pluriel", un acteur et ses dispositions, (au sens de P. Bourdieu), ne peut jamais être défini, c’est-à-dire réduit, à une seule situation, ni même par une série de coordonnées sociales. B. Lahire, 1998, s’inspire de la métaphore des (plis constitutifs de la personne", chère au philosophe G. Deleuze, pour affirmer que l’acteur individuel est le produit de multiples opérations de plissements ou d’intériorisations et se caractérise donc par la multiplicité et la complexité des processus sociaux, des dimensions sociales, des logiques sociales qu’il a intériorisés ".
~Expérience; Individu; Sociologie; Sujet; …