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Scolarisation des enfants de moins de trois ans
circulaire n° 2012-202 du 18-12-2012
MEN – DGESCO A1-1
Le développement de l’accueil en école maternelle des enfants de moins de trois ans est un aspect essentiel de la priorité donnée au primaire dans le cadre de la refondation de l’école ; de nouveaux effectifs y seront consacrés dès la rentrée 2013.
La scolarisation d’un enfant avant ses trois ans est une chance pour lui et sa famille lorsqu’elle correspond à ses besoins et se déroule dans des conditions adaptées. Elle est la première étape de la scolarité et, pour beaucoup d’enfants, la première expérience éducative en collectivité.
Il s’agit notamment d’un moyen efficace de favoriser sa réussite scolaire, en particulier lorsque, pour des raisons sociales, culturelles ou linguistiques, sa famille est éloignée de la culture scolaire. Cette scolarisation précoce doit donc être développée en priorité dans les écoles situées dans un environnement social défavorisé, que ce soit dans les zones urbaines, rurales et de montagne ainsi que dans les départements et régions d’outre-mer.
Parce qu’elle concerne des « tout-petits » ayant des besoins spécifiques, cette scolarisation requiert une organisation des activités et du lieu de vie qui se distinguent nettement de ce qui existe dans les autres classes de l’école maternelle. Elle nécessite donc un projet particulier, inscrit dans le projet d’école. Elle constitue cependant bel et bien la première étape d’un parcours scolaire et ne se substitue donc pas aux autres structures pouvant accueillir ces enfants : elle doit être pensée dans une logique d’articulation avec celles-ci, et fait à ce titre l’objet d’une concertation au niveau local.
Aussi, pour garantir une répartition efficace des moyens en réponse aux besoins identifiés en concertation avec les partenaires, les directeurs académiques des services de l’éducation nationale (DASEN) engageront des discussions avec les collectivités territoriales pour s’assurer des conditions d’accueil à la mesure des besoins spécifiques des tout-petits et mettre en œuvre la priorité que constitue la scolarisation des moins de trois ans dans les secteurs concernés.
1. Modalités d’accueil
Les projets d’accueil et de scolarisation d’enfants de moins de trois ans présentent des formes variées répondant aux besoins et aux ressources locales :
– un accueil et une scolarisation dans une classe de l’école maternelle, spécifique et adaptée aux besoins des jeunes enfants, dont le projet doit être explicitement accepté par la municipalité en raison des contraintes qu’il porte (présence régulière d’une ATSEM, aménagement de l’espace, matériel et jeux adaptés au jeune âge des enfants, rythmes spécifiques, etc.) ;
– un accueil et une scolarisation des enfants de moins de trois ans dans des classes de l’école maternelle comportant un ou plusieurs autres niveaux. Cette solution peut être efficace si elle correspond à un projet de l’ensemble de l’école maternelle. Elle présente l’avantage de la stimulation apportée par les pairs, mais constitue un cadre moins favorable à une prise en compte des besoins des jeunes enfants. Il est d’autant plus important de veiller aux conditions de scolarisation des plus jeunes enfants pour leur garantir des conditions de développement propices à leur âge ;
– un accueil en milieu mixte, associant services de petite enfance et école, permet d’offrir du temps scolaire dans des dispositifs conçus localement. Ce projet, co-élaboré par l’éducation nationale et les collectivités territoriales, doit garantir la complémentarité des ressources apportées par chaque partenaire dans une cohérence éducative au service du parcours de l’élève.
2. Accueil et place des parents
Établir une relation de confiance avec les familles est essentiel pour permettre à l’enfant de grandir sereinement entre école et maison. Une attention particulière doit donc être portée à la relation aux parents d’élèves.
La prise en charge de chaque enfant fait l’objet d’un échange avec ses parents. Pour en garantir la réussite, ceux-ci sont incités à s’impliquer activement et positivement dans le suivi de sa scolarité. Ils doivent pour cela comprendre les attentes et exigences de l’école et de la vie en collectivité, avoir la possibilité de communiquer avec les personnels de l’école. Un travail en partenariat avec des structures associatives et des services sociaux peut faciliter l’implication des familles les plus éloignées de la culture scolaire.
Le projet d’accueil et de scolarisation au sein de la classe est par ailleurs présenté et expliqué à l’ensemble des parents d’élèves afin de les sensibiliser aux enjeux de cette première scolarisation.
Une attention particulière est portée à la prise en compte des rythmes spécifiques adaptés à ces très jeunes élèves. Les horaires d’entrée et de sortie, le matin et l’après-midi, peuvent faire l’objet de dispositions particulières par rapport aux autres classes pour l’ensemble du groupe d’enfants scolarisés, ou pour chacun d’entre eux, selon une organisation régulière convenue avec les parents, qui s’engagent à la respecter. Cette souplesse est cependant soumise à l’impératif que le temps de présence de chaque enfant demeure significatif.
3. Travail en partenariat : services « petite enfance » et école
La première entrée à l’école maternelle est le début d’un parcours qui est souvent très dépendant de la réussite de cette première approche du milieu scolaire. Ce moment délicat doit être une occasion pour l’école de s’ouvrir à ses partenaires.
La scolarisation des enfants avant trois ans se conçoit en complémentarité des autres services de petite enfance gérés principalement par les collectivités territoriales. Tous les enfants ne sont pas en mesure d’assumer les contraintes propres à une scolarité, même adaptée : une concertation est nécessaire pour déterminer le moment opportun pour scolariser chacun. C’est pourquoi il est utile de mettre en place une structure locale permettant aux familles d’échanger avec les personnels de ces services, les enseignants de maternelle, etc., afin que leur soient proposées des solutions adaptées, avec des possibilités de passage d’une structure à l’autre.
La qualité de la prise en charge éducative des enfants de moins de trois ans est largement dépendante des collaborations qui s’établissent entre les collectivités territoriales, l’éducation nationale et les autres services ayant en charge la petite enfance (Caf, PMI, etc.). C’est pourquoi on favorisera une concertation régulière et durable avec les collectivités territoriales et les différents services de l’État chargés des questions de petite enfance, au niveau local et départemental.
La rédaction des projets d’accueil et de scolarisation, concertée au plus près du contexte, à la lumière d’une analyse partagée des besoins, inclut l’implantation de locaux et de matériels spécifiques.
4. Pilotage
Les inspecteurs de l’éducation nationale (IEN) sont les pilotes naturels des projets locaux, avec les directeurs des écoles maternelles concernées. Ils sont garants de la nécessaire concertation avec les collectivités territoriales. Ils évaluent la pertinence et l’efficacité des dispositifs.
Les recteurs et les DASEN s’assurent des moyens nécessaires au développement des projets qu’ils déterminent comme prioritaires en fonction de leur implantation.
Les DASEN dressent la liste des écoles dans lesquelles des dispositifs de scolarisation des enfants de moins de trois ans sont implantés. Les postes concernés seront donc identifiés au mouvement intra-départemental. Les enseignants souhaitant postuler doivent être dans une démarche volontaire d’adhésion au projet de l’école et doivent s’informer des conditions de fonctionnement par consultation du projet d’école, contact direct avec le directeur ou l’IEN de la circonscription. Les DASEN veilleront lors de l’affectation à la cohérence entre les nominations et les conditions du poste sollicité. Les professeurs affectés recevront une formation complémentaire associant, autant que nécessaire, les personnels territoriaux.
Une série de séminaires interacadémiques, inscrits dans le programme national de formation, rassemblera, dans le courant du premier semestre 2013, les cadres académiques et les IEN chargés de mission maternelle.
La direction générale de l’enseignement scolaire établira un bilan de ce dispositif et favorisera les mutualisations. Un espace de ressources et de mutualisation est ouvert sur le site Éduscol. Une sélection de ces ressources sera diffusée largement aux enseignants et aux partenaires pour soutenir l’effort qualitatif fait localement par chaque équipe.
Les principes, présentant les paramètres à prendre en compte lors de l’élaboration des projets, sont énoncés en annexe.
et par délégation,
Le directeur général de l’enseignement scolaire,
Jean-Paul Delahaye
Annexe
Principes de référence pour la mise en place de dispositifs d’accueil et de scolarisation des enfants de moins de trois ans
Les différents principes sont communs à toutes les modalités d’accueil et de scolarisation d’enfants de moins de trois ans.
Les dix points énoncés sont les principes nationaux qui doivent permettre une mise en œuvre adaptée aux besoins locaux et aux moyens réunis pour mener à bien chaque projet.
Ce cadre peut être complété en fonction des conditions de mise en œuvre des projets ; c’est par exemple le cas lorsque les dispositifs prévoient l’usage de transports scolaires.
1. La scolarisation des enfants de moins de trois ans concerne les enfants dès l’âge de deux ans, ce qui peut conduire à un accueil différé au-delà de la rentrée scolaire en fonction de la date anniversaire de l’enfant.
2. La solarisation des enfants de moins de trois ans nécessite un local adapté, ou une adaptation des locaux et un équipement en matériel spécifique, définis en accord avec la collectivité compétente.
3. La structure mise en place accueille prioritairement des enfants du secteur de l’école où elle est implantée.
4. Le projet pédagogique et éducatif est inscrit au projet d’école. Lorsqu’un dispositif d’accueil est implanté hors des locaux d’une école maternelle, il est inscrit au projet de l’école de laquelle il dépend.
5. Le projet pédagogique est présenté aux parents. Dans les secteurs les plus défavorisés un travail avec les partenaires locaux concernés est déterminant.
6. Le projet pédagogique et éducatif prévoit explicitement les modalités d’accueil et de participation des parents à la scolarité de leur enfant.
7. Les horaires d’entrée et de sortie le matin et l’après-midi peuvent être assouplis par rapport à ceux des autres classes, en conservant toutefois un temps significatif de présence de chaque enfant selon une organisation régulière, négociée avec les parents qui s’engagent à la respecter.
8. Dans les écoles qui les scolarisent, les enfants de moins de trois ans sont comptabilisés dans les prévisions d’effectifs de rentrée.
9. Les enseignants qui exercent dans ces structures reçoivent une formation dont certaines actions peuvent être communes avec les personnels des collectivités territoriales. Ces formations concernent l’ensemble des membres de l’équipe d’école pour maîtriser les connaissances et compétences spécifiques à la scolarisation des moins de trois ans.
10. Les formateurs, et notamment les conseillers pédagogiques des circonscriptions concernées par ces dispositifs, suivront une formation adaptée au niveau départemental ou académique pour faciliter l’accompagnement des équipes dans la définition et la mise en œuvre de leur projet.