Accélérer la « transformation numérique de l’économie française » en 180 propositions. C’est ce que préconise le rapport de la mission Lemoine, remis vendredi 7 novembre à Emmanuel Macron, Marylise Lebranchu, Thierry Mandon et Axelle Lemaire. Il est désormais en ligne sur une plateforme ouverte aux commentaires.
Les neuf mois de travaux ont permis l’audition de plus de 500 personnes, bien au-delà du cadre de la filière numérique. Il faut dire que c’est aux transformations que connaît l’ensemble de l’économie que s’intéresse ce rapport, ce qu’il nomme la « nouvelle grammaire du succès ».
Entretien avec Philippe Lemoine, Président du Forum d’Action Modernités et de la Fondation internet nouvelle génération, (FING) rapporteur de la mission.
La transformation numérique n’est-elle pas engagée depuis longtemps déjà ?
La nouveauté, c’est l’articulation de deux phénomènes, l’apparition de la crise en 2008 et la généralisation d’outils grand public comme les smartphones ou les tablettes. Cela implique des changements très grands dans les relations entre les acteurs. Si bien qu’aujourd’hui, il n’y a plus aucune activité économique qui ne soit pas profondément transformée – dans les outils technologiques mais aussi dans les manières de travailler, de faire, de produire, de vendre, de gagner de l’argent, de communiquer… C’est l’avenir global de l’économie qui est en cause.
Quelles sont les principales conséquences de cette transformation que vous avez identifiées ?
On peut distinguer trois grandes famille d’effets. Ceux liés à l’automatisation, avec des conséquences sur l’emploi, la productivité du capital, les matières premières. Les implications de la dématérialisation, à savoir de nouveaux circuits de commercialisation et communication. Et enfin ce qui est lié aux personnes et aux données. Face à cette batterie d’effets importants, nous avons souhaiter illustrer la stratégie générique à mettre en œuvre, à travers 180 propositions. Après il faut définir vers quel type de société on veut aller, et c’est là qu’intervient le politique. Il faut dégager des valeurs, imprimer une marque. L’avenir numérique n’est pas écrit une fois pour toute.
En quoi les relations entre les acteurs économiques sont-elles modifiées ?
Jusque-là, les technologies de l’information étaient diffusées par les grandes entreprises et les organisations. Or aujourd’hui, ceux qui font la course en tête, ce sont les personnes. Ce sont elles qui inventent de nouveaux modèles d’affaires- comme l’économie du partage. Et les entreprises courent après cela et doivent s’adapter. Désormais les individus jouent un rôle dans l’innovation. Il faut donc inventer des stratégies qui permettent de bénéficier de ces nouveaux apports.
Quels nouveaux acteurs sont apparus ?
On était habitué à un monde à deux pôles : celui du marché et des intérêts privés et de l’autre côté le monde public, soucieux de l’intérêt général. De plus en plus il y a un troisième type d’acteurs, qui se soucent de ce qu’on appelle les communs. C’est le cas de fondations comme Wikipedia, OpenStreetMap ou Mozilla, qui aujourd’hui bénéficie de financement essentiellement privés. Il faut, au niveau européen, favoriser le développpement de ce types d’acteurs.
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