In Vous Nous Ils – l’e-mag de l’éducation – 18 février 2013 :
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Plusieurs instituteurs travaillent avec des professeurs de collège à Trappes (Yvelines) afin de créer une vraie continuité école élémentaire-collège. A l’école Henri Wallon, trois classes ont déjà un pied au collège Youri Gagarine.
L’école Henri Wallon et le collège Youri Gagarine font figure de précurseurs dans l’académie de Versailles. Alors que le projet de loi pour la refondation de l’école ambitionne de renforcer la liaison école-collège, afin de pallier la cassure de l’entrée en 6e et l’échec scolaire, des établissements scolaires expérimentent l’école du socle. A Trappes, depuis septembre 2011, l’école élémentaire Henri Wallon mène un travail en binôme avec le collège Youri Gagarine, bénéficiant du programme ECLAIR . L’objectif ? Immerger ponctuellement les écoliers au collège pour mieux les y préparer. « Nous étions école pilote l’an dernier et depuis d’autres écoles de la ville ont rejoint l’expérimentation », indique Patrice Asnar, directeur de l’école Henri Wallon.
Trois classes sont impliquées cette année, dont deux classes de CM1 : « Les élèves ont cours d’éducation physique et sportive, tous les lundis matins, avec un professeur du collège Gagarine. Cela génère un échange de pratiques intéressant entre les enseignants », constate Patrice Asnar, « certaines activités, que nous n’osions pas mettre en place, sont désormais organisées à l’école ».
Une approche différente
L’échange se fait dans les deux sens. Ainsi, une classe de CM2 se rend tous les jeudis matins, de 8h30 à 10h, au collège Gagarine situé à 5 minutes pour suivre un cours « de grands » avec Vincent Moinard, professeur de SVT. « En septembre, je laissais mon collègue faire le cours tout seul et je circulais dans les rangs. Depuis octobre, nous intervenons en complémentarité et ça fonctionne très bien », témoigne Sandrine Rabah, professeur des écoles de 27 ans. Elle explique sa démarche : « Je tenais à me rendre au collège pour proposer une approche différente des sciences, avec davantage d’expérimentations. » Ainsi, ses élèves ont eu le droit de disséquer… un cœur d’agneau : « la circulation sanguine est au programme. Sans cet échange avec M. Moinard, je n’aurais pas pu organiser cet exercice pratique et je n’aurais pas été aussi loin dans les notions abordées », confie Sandrine Rabah.
Un mur tombe
Patrice Asnar est convaincu des vertus de l’initiative : « Les élèves appréhendent moins d’aller au collège et de croiser les plus grands. Cela les rassure de connaître certains enseignants qui leur serviront ensuite de référents. Un lien se crée. » Selon Sandrine Rabah, « cela les habitue à avoir plusieurs professeurs et à se confronter à différentes manières de travailler. Ce projet fait tomber un mur entre l’école et le collège. » Autre effet bénéfique : les enseignants du collège se rendent mieux compte de l’écart entre l’école et le collège. « Du coup, ils adaptent leur niveau d’exigence et leur pédagogie face aux jeunes 6e », ajoute ce directeur d’école.
Mais tout n’est pas si simple à mettre en place : « nous manquons de temps et de moments de rencontre entre le 1er et le 2nd degré », regrette Patrice Asnar, « à l’image de la concertation sur les rythmes scolaires, l’initiative est intéressante mais elle pourrait être largement optimisée ». Autre problème : « Cette expérimentation, impulsée par l’inspectrice de la circonscription et le principal du collège, est intimement liée à la motivation d’enseignants volontaires. Or le turn-over et le manque de temps des enseignants du réseau d’éducation prioritaire (REP) ne facilite par la pérennité de l’initiative… »
Charles Centofanti