In Le Monde – le 4 novembre 2013 :
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Scolariser ses enfants dans le collège ZEP de son quartier ? Nathalie Debotte n’y a jamais songé. Elle habite pourtant à deux pas. Comme bon nombre de Parisiens en quête d’un logement moins cher, cette directrice photo d’un magazine s’est installée à la Plaine Saint-Denis – le quartier du Stade de France et des studios de télévision, aux portes nord de Paris. Elle a troqué, il y a huit ans, son 40 m2 du 18e arrondissement contre un 150 m2. Fréquenter la petite école du secteur ne lui a pas posé de problème. Pour le collège, c’était une autre histoire.
Premier problème : la « mauvaise réputation » du collège. « Je n’ai rien vu de mes propres yeux, mais a priori, il y aurait pas mal de violence », rapporte cette mère de famille de 46 ans. Seconde crainte, celle de voir sa fille de 12 ans, bonne élève, être « tirée vers le bas ». « Je préfère que mes enfants soient moyens dans un bon collège, plutôt qu’excellents dans un mauvais. » Pour son aînée, son choix s’est porté sur un collège privé parisien. Les petits frères de– 9 ans et 7 ans suivront le même chemin.
Ces nouveaux habitants de la Plaine – Parisiens trentenaires ou quadragénaires, classes moyennes voire « bobos » –, le collège Iqbal-Masih ne les voit pas frapper à sa porte. Il a pourtant belle allure, ce bâtiment de brique et de verre. Achevé en 1998, la même année que le Stade de France, il est sorti de terre quand la Plaine n’était encore qu’une vaste friche industrielle.