In RSLN (Regards Sur Le Numérique) – le 20 novembre 2012 :
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Microsoft France inaugure aujourd’hui la classe immersive, premier espace d’apprentissage 100% numérique en Europe. Equipée des dernières avancées technologiques et entièrement repensée, la classe entend favoriser la réussite scolaire en développant de nouveaux outils pédagogiques et de nouvelles méthodes d’apprentissage.
Aujourd’hui au programme, un cours sur le mystère de la construction des pyramides. Les élèves sont réunis au centre de la classe, dans une semi-pénombre. Sous leurs pieds et sur les murs, une carte de l’Egypte est projetée. C’est Noé qui est aux commandes : il repère d’un coup d’œil les pyramides de Gizeh et zoome dessus en écartant les bras.
D’un revers de la main, il transforme la carte en photo satellite et la classe se lance à la recherche des vestiges d’une rampe de construction. D’un geste du doigt, l’enseignant fige l’image sur un mur et demande à ses élèves, stylets à la main, de l’annoter. L’exercice terminé, une animation 3D se lance, dévoilant l’énigme de la construction des pyramides.
Un scénario de science-fiction dans une salle de classe en 2025 ? Pas du tout, c’est tout simplement un exemple d’utilisation de la classe immersive, un espace grandeur nature dédié à l’école à l’heure du numérique, qui ouvre ses portes ce mardi 20 novembre, sur le campus de Microsoft France à Issy-les-Moulineaux.
> L’école doit s’adapter aux nouvelles attentes et aux nouveaux besoins
Petit retour en arrière. En avril dernier, Marc Prensky, l’homme derrière l’idée des digital natives, nous expliquait que la pédagogie actuelle ne prend pas assez en compte les nouvelles générations et leurs spécificités.
Il appelait de ses vœux une nouvelle réflexion sur les contenus de l’enseignement mais également sur la manière d’enseigner pour « préparer les jeunes à leur avenir » :
« L’école doit aller au-delà du monde actuel, c’est-à-dire du présent. L’école d’aujourd’hui doit ressembler au monde de demain. L’école de demain doit donc ressembler au monde d’après-demain.
Il faut préparer les jeunes pour ce qui va venir. Il ne faut pas enseigner uniquement les choses qui sont utiles pour les adultes d’aujourd’hui, mais plutôt chercher et transmettre les choses qui seront utiles pour les adultes de demain. »
Et « il y a urgence » poursuivait Gavin Dykes, spécialiste de l’éducation. L’école ne s’est pas encore adaptée aux transformations des attentes et des usages en matière d’apprentissage : les activités pratiquées en classe – l’écoute prolongée d’un cours magistral en prenant des notes ou le travail solitaire par exemple – ne correspondent plus à ce qu’attendent les élèves, ni à ce que le monde attend d’eux pour leur future vie professionnelle et personnelle.
« Nous vivons dans un monde de silos où la transmission et les apprentissages ne sont pas garantis » expliquait Kevin Bartlett, directeur de l’Ecole Internationale de Bruxelles.
Les compétences clefs à acquérir ont ainsi radicalement évolué : apprendre à trouver des informations, gérer un projet, travailler en équipe, établir de bonnes relations, coopérer, gérer et résoudre des conflits est aujourd’hui fondamental.
Pour le Département d’Etat américain du Travail, 65% des écoliers d’aujourd’hui pratiqueront, une fois diplômés, des métiers qui n’ont même pas encore été inventés.
De ce décalage, entre une école qui ressemble encore trop souvent à celle de 1882 et de nouvelles générations de pratiques et d’élèves, nait un problème l’essentiel : l’ennui à l’école.
Eric Charbonnier, spécialiste de l’éducation à l’OCDE, rappelait que si les élèves qui prennent du plaisir à étudier ont des performances 20% supérieures, près de 64% des élèves s’ennuient à l’école. Et plus de 150 000 jeunes sortent du système scolaire sans diplôme chaque année. Alors, comment redonner goût à l’école et lutter contre l’échec scolaire ?
> Un lieu unique de découverte, d’expérimentation et de formation
C’est pour essayer de répondre à ces questions fondamentales que la classe immersive ouvre ses portes. Unique en Europe, cette vraie classe rassemble les dispositifs numériques les plus innovants en matière d’apprentissage – technologie Kinect, immersion dans l’information, expérimentation et manipulation de modèles en 3D, expériences virtuelles à partir d’objets réels, tablettes, serious games, manuel numériques… – pour offrir aux élèves et aux enseignants une utilisation simple et fluide des nouvelles technologies.
Et surtout pour en inventer les nouveaux usages. Car ce laboratoire grandeur nature de la pédagogie d’aujourd’hui et de demain, développé notamment en partenariat avec le groupe de recherche Compas, adossé à l’Ecole Normale Supérieure, n’est pas une vitrine.
Il a pour but d’expérimenter en format réel, avec de vrais élèves et de vrais enseignants dans le cadre de vrais cours, pour pouvoir retenir les outils pédagogiques innovants les plus utiles et les plus efficaces pour l’école de demain.
C’est justement pour induire de nouveaux usages que la classe a été pensée comme un espace flexible, et ainsi casser la logique d’une classe figée. Le cabinet d’architecture Fielding Nair International a ainsi créé un espace ouvert, entièrement modulable pour faciliter une nouvelle culture de la connaissance et du travail collaboratif, au service de l’enseignant et de l’élève : la culture de l’école se réinvente aussi grâce à de nouveaux espaces.
> Un espace au service de l’enseignant et de l’élève
« L’école ne peut plus nier les écrans » : c’est ce que nous expliquait Divina Frau-Meigs, sociologue des médias. Et c’est tant mieux car ces outils auraient beaucoup à lui apporter : 78% des parents considèrent en effet que le numérique peut apporter une plus grande motivation aux élèves, 65% pensent que c’est l’outil d’une meilleure compréhension des cours.
Même écho du côté des enseignants, pour qui le numérique apparaît comme l’outil de cours plus attractifs, d’élèves plus attentifs et plus actifs. Le mot « outil » est essentiel. Car le numérique n’est pas une solution en soi : il ne peut rien faire seul, sans l’engagement pédagogique et la relation privilégiée entre le professeur et l’élève.
C’est un outil au service de l’enseignement, pour permettre de développer l’envie d’apprendre, d’enrichir l’apprentissage, d’élargir les compétences, de personnaliser les rythmes ou encore de mieux évaluer les élèves.
« La mission fondamentale de l’école n’a pas changé, il s’agit toujours de former des citoyens productifs et créatifs. Mais la culture numérique doit faire partie intégrante de la formation de nos élèves : l’école doit s’adapter » détaille Edouard Rosselet, inspecteur d’académie.
C’est ce qu’étaient venus nous raconter Pascal Cherbuin et Pascal Bihouée, professeurs de sciences physiques, pour qui le numérique a permis de changer leur manière d’évaluer leurs élèves :
« On ne comprend pas les difficultés d’un élève à travers une note. [Face à une mauvaise note] soit il s’arrête de travailler, soit il s’accroche dans la souffrance » détaillait Pascal Cherbuin. Et dans les deux cas, c’est un échec.
C’est pourquoi ils ont créé des outils numériques pour suivre individuellement leurs élèves, « jusqu’à supprimer les notes elles-mêmes » au profit « d’un tableau de compétences qui donnent une image de l’élève » et qui permet de « mieux cerner leurs points forts et faibles » selon Pascal Bihouée.
Résultat ? Les élèves apprécient – « ne pas avoir de notes enlève tout le stress » – et les enseignants peuvent se concentrer sur la progression des élèves et sur le cœur de ses compétences pédagogiques.
C’est dans cette logique de réinvention au service des enseignants et des élèves que se place la classe immersive, qui s’appuie sur des scénarii éducatifs élaborés par des enseignants et des spécialistes de l’éducation pour proposer un enseignement plus participatif, immersif et personnalisé.
> Une expérience grandeur nature pour tous
Parce que c’est en expérimentant le plus largement possible que de nouvelles pratiques pédagogiques émergeront, la classe immersive accueillera des élèves de tous horizons, niveaux et disciplines : de primaire, mais aussi de collèges et lycées, et des étudiants qui viendront y faire cours avec leurs enseignants.
La classe, accessible gratuitement, sera également un lieu de formation pour les enseignants, pour leur permettre de créer et d’innover dans leurs pratiques et leurs usages des outils numériques :
« C’est une classe et non pas seulement un lieu. L’idée est de mettre à disposition des dispositifs d’éducation innovants. Et de laisser les enseignants bénéficier de ces dispositifs, pour voir comment ils peuvent en profiter » explique Thierry de Vulpillières, directeur des partenariats éducation chez Microsoft France.
Sur RSLN, nous suivrons tout particulièrement la classe de Sébastien Chéritat, instituteur à l’Ecole des Chartreux, et qui viendra régulièrement faire cours dans la classe immersive. Promis, on vous en reparle très vite.