In Marianne – le 9 juin 2014 :
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Pour Yves Durand, député PS du Nord et rapporteur de la commission parlementaire sur les rythmes scolaires, "il est temps de mettre fin aux bobards de l’UMP" sur cette réforme. D’autant plus, écrit-il, que la droite fait preuve de "complaisance vis-à-vis des organisateurs des journées de retrait, qui d’ailleurs scolarisent le plus souvent leurs enfants dans des écoles privées hors contrat".
>>> Tribune par ue dans Marianne daté du 30 mai
L’école est faite pour les élèves. C’est une évidence. Pourtant, la polémique autour de l’aménagement du temps scolaire le fait oublier. En revenant sur la décision de la précédente majorité de supprimer une demi-journée de classe, Vincent Peillon n’a fait qu’appliquer les préconisations de tous les spécialistes préoccupés par les conditions d’apprentissage des enfants. Les rapports de l’Académie de médecine, les chronobiologistes, les parlementaires de gauche comme de droite ont condamné unanimement la semaine de quatre jours. Tous les syndicats enseignants comme les deux grandes fédérations de parents d’élèves ont milité pour annuler cette absurdité pédagogique qui avait pour seul but d’économiser des postes d’enseignants sur le dos des élèves.
Certes, il n’est jamais aisé de changer l’organisation du temps de l’enfant et donc d’obliger les parents à des adaptations de leur mode de vie professionnel comme familial. Les parents ont été entendus si on en juge par les réactions des grandes fédérations de parents d’élèves. Il est aussi indispensable de prendre en compte les conditions de vie des enseignants. Des compensations financières ont été légitimement accordées. Enfin, le récent décret pris par le ministre de l’Education nationale, Benoît Hamon, répond aux préoccupations des maires, notamment en zones rurales.
Il est donc temps de mettre fin aux bobards de l’UMP.
Le premier invoque la liberté qu’auraient les maires d’organiser le temps scolaire. Chacun sait que, l’école étant gratuite, laïque et obligatoire, l’organisation du temps scolaire relève de l’Etat qui assure ainsi l’égalité de tous les enfants. Quelle pagaille pour les parents et les enfants si une commune pouvait faire travailler les élèves le lundi alors qu’on prolongerait le week-end dans la commune voisine. Mais au-delà de l’argument polémique se cache la sempiternelle défiance que les plus conservateurs ont toujours nourrie à l’égard de l’école républicaine. La complaisance de la droite vis-à-vis des organisateurs des « journées de retrait », qui d’ailleurs scolarisent le plus souvent leurs enfants dans des écoles privées hors contrat, en est un signe. Sous cette prétendue liberté des maires transparaît la volonté de mettre en cause le caractère national, donc égalitaire, de l’éducation.
Deuxième bobard, l’organisation du temps périscolaire, du ressort des communes, creuserait les inégalités entre les enfants selon qu’ils habitent une commune pauvre ou une commune riche. Denain, ville la plus pauvre de France, est l’une des premières à avoir mis en place la réforme des rythmes scolaires. Même si l’Etat a tenu à aider les communes en difficulté, l’engagement dans des activités périscolaires relève davantage de la volonté politique que des moyens financiers. Loin de creuser les inégalités entre communes, la réforme des rythmes scolaires les réduira.
C’est à ces conclusions que, députés de droite et de gauche, nous étions parvenus en 2010 après de fructueux travaux de la mission parlementaire que présidait Mme Tabarot, proche de M. Copé. Nous avions considéré unanimement que de nouveaux rythmes scolaires sont un maillon essentiel de la nécessaire refondation de l’école. Non seulement ils offrent aux élèves de bonnes conditions d’apprentissage, mais ils créent aussi des rapports nouveaux et confiants entre les enseignants et les parents par l’encouragement à bâtir des projets territoriaux autour de l’école. La réforme remet l’école au centre de la cité. Alors, pourquoi ce qui était vrai hier ne le serait plus aujourd’hui ? L’école vaut mieux que des positionnements partisans. Arrêtons la polémique. Le seul intérêt qui vaille est la réussite de tous les élèves.