In Observatoire des Inégalités – le 28 mars 2014 :
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Au total, 4,4 millions personnes sont en difficultés « fortes ou graves » face à l’écrit, soit 11 % des 18-65 ans résidant en France en 2011.
Au total, 4,4 millions personnes sont en difficultés « fortes ou graves » face à l’écrit, soit 11 % des 18-65 ans résidant en France en 2011 indique l’Insee [1]. Si l’on se restreint à la population ayant été scolarisée en France, le chiffre est de 7 %, soit 2,5 millions d’adultes que l’on peut qualifier d’illettrés [2]. Ce à quoi il faut ajouter 1 % de la population qui n’a pas pu passer les tests à cause d’une maîtrise insuffisante du Français. Ces difficultés pèsent à la fois sur l’insertion professionnelle et compliquent l’accès à l’information et à certains services de la vie quotidienne.
L’étude de l’Insee, qui combine les données dans trois domaines de l’écrit (lecture de mots, compréhension d’un texte simple et production de mots écrits), montre notamment que les résultats en lecture sont très fortement liés aux langues utilisées durant l’enfance. Ainsi 55 % des personnes scolarisées dans une autre langue que le français hors de France connaissent des difficultés graves ou fortes en 2011. Autant les plus jeunes rattrapent très rapidement leur retard linguistique, autant cela semble plus difficile pour les adultes, notamment pour ceux qui sont issus de milieux modestes et qui n’ont pas accès à une formation complémentaire.
Si l’on prend l’ensemble des 18-65 ans, en 2011, les hommes se trouvent plus souvent en difficultés « graves ou fortes » (13 %) que les femmes (10 %). Si l’on ne prend que les personnes ayant été scolarisées en France, on compte 9 % d’hommes et 6 % de femmes d’illettrés.
La situation s’améliore très lentement. La part de personnes en difficulté grave ou forte à l’écrit s’est réduite de 12 à 11 % entre 2004 et 2011. Celle des illettrés de 9 à 7 %. Les générations récentes sont mieux formées : les difficultés en lecture et en écriture augmentent avec l’âge. Un quart des personnes nées entre 1946 et 1951 sont dans ce cas, contre moins d’un dixième de personnes nées après 1987. Comme l’indique l’Insee, la baisse de la part de personnes illettrées résulte de la disparition dans l’échantillon de générations nées avant 1946 entre l’enquête de 2004 et celle de 2011. La progression de l’accès à l’enseignement secondaire à partir des années 1960 a permis le recul du taux de personnes en situation d’illettrisme.
La situation chez les jeunes 4,4 % de la population des jeunes de 18 ans sont en situation d’illettrisme selon les évaluations du ministère de l’éducation, qui souligne que ce chiffre tend plutôt à diminuer [3]. Au total un jeune sur dix est « en difficulté de lecture » : le ministère souligne que la proportion atteint 30 % pour la Guadeloupe, la Martinique et la Réunion, 50 % en Guyane et 75 % à Mayotte. |
Part des personnes ayant des difficultés graves ou fortes à l’écrit Unité : % |
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2004 | 2011 | |
Selon le pays et la langue de scolarisation | ||
Scolarisés hors de France dans une autre langue que le français | 60 | 55 |
Scolarisés hors de France en français | 23 | 25 |
Scolarisés en France | 9 | 7 |
Selon le sexe | ||
Hommes | 14 | 13 |
Femmes | 11 | 10 |
Selon l’âge | ||
De 18 à 29 ans | 7 | 7 |
De 30 à 39 ans | 10 | 10 |
De 40 à 49 ans | 12 | 11 |
De 50 à 59 ans | 18 | 15 |
De 60 à 65 ans | 22 | 18 |
Ensemble de la population des 18-65 ans | 12 | 11 |
Source : Insee , personnes de 18 à 65 ans – France métropolitaine |
L’illettrisme selon les territoires |
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Cinq régions (Haute-Normandie, Ile-de-France, Nord-Pas-de-Calais, Picardie et Provence-Alpes-Côte d’Azur) ont réalisé une extension régionale de l’enquête nationale de l’Insee [4]. L’Ile-de-France est avec le Nord-Pas-de-Calais, la région la plus touchée par les difficultés à l’écrit, respectivement 13 % et 12,1 % contre 10 % pour la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Par contre le taux d’illettrisme est de 5 % pour l’Ile-de-France contre 7 % au niveau national. Les études régionales montrent que les profils des personnes en difficulté à l’écrit se différencient selon les structures de population (immigration récente ou non), d’emploi ou encore selon le niveau de scolarisation. |
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Notes
[1] « Pour les générations les plus récentes, les difficultés des adultes diminuent à l’écrit, mais augmentent en calcul », Insee première n°1426, décembre 2012. Résultats de l’enquête Information et vie quotidienne menée auprès de 14 000 personnes en 2011.
[2] Les personnes illettrées sont celles qui ont été scolarisées mais qui ont de graves difficultés face à l’écrit
[3] Voir « Les évaluations en lecture dans le cadre de la Journée défense et citoyenneté », Note d’information n°13.09, juin 2013.
[4] « Les personnes en difficulté à l’écrit : des profils régionaux variés », Insee Première n°1475, novembre 2013.
Date de rédaction le 24 octobre 2005
Dernière révision le 28 mars 2014