PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

In Veille et Analyse TICE – le 4 mars 2014 :

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L’utilisation de l’expression « apprendre à apprendre » est sur de nombreuses publications, médiatiques ou non, mais rarement, on ne précise ce que cela signifie. Or c’est bien évidemment essentiel dès lors que l’on veut faire avancer les choses. Deux publications en kiosque récentes attirent indirectement notre attention là dessus. Le numéro de mars de la revue Sciences Humaines qui à pour thème de dossier « apprendre pas soi même » et la revue Socialter de février mars, qui a un dossier spécial éducation intitulé « Allumer le feu ». L’article d’Hubert Guillaud dans Internet actu va dans le même sens ou encore le texte de Dominique Cardon .

Sans rentrer dans le détail des contenus, on voit que cette question de l’apprendre taraude l’esprit de nombre de personnes, chercheurs y compris qui bien souvent, lorsqu’ils abordent nouvellement cette question, sont étonnés de ce qu’ils observent. Montaigne et sa tête bien faite qu’il préfère à la tête bien pleine n’était qu’un précurseur de cette analyse, mais lui aussi avait du mal à opérationnaliser cette question. Comment faire en sorte d’atteindre cet objectif ?

Avec le terme « métacognition » les choses se sont progressivement éclaircies, mais l’expression « apprentissages méthodologique » les a plutôt assombries, voir cachées. Le premier terme qui recouvre les connaissances sur la connaissance et ses processus exprime l’importance qu’à la réflexivité et l’analyse des propres fonctionnements mentaux pour améliorer son propre potentiel d’apprentissage. L’approche par les méthodes tend à affirmer qu’il est possible de faire un entraînement systématique des processus qui permettent d’apprendre. Un livre ancien de Michel Coeffe suivi par un travail sur ce sujet, a tenté d’explorer au mieux ces processus. L’un des problèmes posés par cette approche est de laisser penser qu’il y a des sortes de « machineries » qui peuvent s’appliquer systématiquement et donc permettre à tous d’apprendre avec les méthodes. Skinner en son temps avait fait le même rêve, et Benjamin Bloom, avec sa taxonomie avait mis des mots dessus. Mais tout cela était oublier un des apports fondamentaux de la recherche : le rôle des contextes (Claude Bastien) et celui des analogies (Emmanuel Sander et Douglas Hofstadter). D’une part il s’agit de « situer » ce que l’on apprend dans un milieu dans lequel vivent cet objet d’apprentissage et celui qui apprend, d’autre part l’histoire individuelle de chacun de nous prépare chaque jour notre cerveau au lendemain. Enfin n’oublions pas non plus ici tout ce que nous enseigne la didactique professionnelle (Pierre Pastré, Gérard Vergnaud etc…)

A partir de là il nous semble qu’il faut contester vivement l’idée de « l’apprendre à apprendre » lorsqu’elle est conçue comme un en-soi, une finalité en elle-même. En contestant ce type d’expression, nous apportons ici un élément complémentaire qui est la situation. Même si les spécialistes de la didactique professionnelle pourront discuter cette approche. Pour nous on ne peut que « apprendre à apprendre de » suivi de l’énoncé de la situation comme le montre notre schéma que nous vous proposons ici.

Apprendre à apprendre

 

Nous avons pour l’instant distingué six situations génériques qui sont suffisamment différentes pour amener à distinguer des manières d’apprendre à apprendre relativement différentes les unes des autres. Pour l’instant entrer dans chacune d’elle demande un important travail que nous ne pouvons pour l’instant présenter ici. Toutefois nous tenons à préciser l’importance qu’ont ces situations. Certes les modalités de l’apprendre à apprendre sont différentes, mais elles peuvent aussi avoir quelques invariants. Mais comme le disent certains chercheur, ces invariants n’existent pas indépendamment des situations, mais sont présents dans différentes situations. Même un peu paradoxal, ce propos tend à montrer que c’est le sujet qui fait vivre ces invariants et non pas la situation seule.

Les usages du numériques semblent, selon certains, imposer ce type de travail « méta ». En fait il ne fait qu’amplifier quelque chose qui était présent dès l’arrivée de l’écriture papier puis l’imprimerie : dès que des supports externes à l’humain, dès lors qu’une médiation technologique se glisse entre le sujet et l’expression de sa connaissance, alors l’apprendre à apprendre de devient plus important. L’environnement informationnel et communicationnel a élargi le champ des possibles et donc impose à chacun de nous une charge mentale différente de la précédente ou tout au moins enrichie. Si apprendre à apprendre de est désormais essentiel, ce n’est pas pour autant qu’on peut l’enseigner (tous les apprentissages ne sont pas nécessairement des objets à enseigner). Par contre la richesse des contextes de vie et l’insistance quotidienne sur la réflexivité, la réflexion sont un terreau essentiel pour tous ceux qui veulent se développer dans ce monde envahi de moyens numériques nouveaux, personnels.

A débattre et à approfondir

Bruno Devauchelle

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