Séminaire OZP : Les enjeux des fonctions spécifiques
Paris, 7 décembre 2013
Les relations avec les parents, les collectivités et les associations
Dès son origine, la politique de l’Éducation prioritaire a posé comme centrale la question du partenariat. Réaffirmer ce principe est nécessaire aujourd’hui face aux tendances récurrentes de l’enfermement du monde scolaire sur lui-même.
Poser la question du partenariat c’est d’abord faire émerger la question de la complexité : complexité des situations des familles, complexité des différentes professionnalités opérant dans le champ de l’Éducation prioritaire, complexité enfin des dispositifs qui ont quelquefois bien des difficultés à se dégager une identité propre et par conséquent à se reconnaître entre eux.
Poser la question du partenariat c’est s’interroger sur les finalités de l’action commune : Que veut-on faire avec l’ensemble des partenaires ? Est-ce là un effet de mode ? La réponse à une injonction ? Un engagement partagé ? Ne s’agirait-il pas plutôt de rechercher comment on peut faire émerger de l’intelligence partagée ?
La pratique du partenariat : quelques principes
En premier lieu, il est nécessaire, afin de faire tomber les méfiances et les ignorances réciproques, d’apprendre à se connaître et à reconnaître l’ensemble des partenaires participant peu ou prou à l’action éducative auprès des enfants et des jeunes d’un territoire donné. Il convient donc de distinguer les partenaires institutionnels et ceux qui exercent directement une fonction co-éducatrice, et au premier plan les parents.
Pourquoi est-on partenaire ? Ce qui réunit c’est le partage d’une option sociale forte et la volonté de chercher un langage commun avec les familles d’origine populaire. Il faut donc partager des valeurs éducatrices et accepter que l’institution scolaire ne soit pas dans la toute puissance et reconnaisse que d’autre acteurs puissent faire mieux qu’elle.
La pratique du partenariat : réalités des pratiques
La mise en œuvre des actions engagées avec les familles fait émerger la fonction de traducteur : il s’agit bien souvent d’aider à décoder l’école et à permettre de distinguer ce qui relève des responsabilités spécifiques de l’institution scolaire et des collectivités territoriales.
La pratique du partenariat fait émerger plusieurs questions assez centrales pour la réussite de l’action éducatrice :
– Le travail commun sur la temporalité : ainsi le temps de réalisation des interventions et de leur évaluation n’est pas le même pour des travailleurs sociaux, des élus municipaux ou des personnels de l’institution scolaire.
– Les investissements engagés au fil des années par les collectivités territoriales varient beaucoup d’un territoire à l’autre et peuvent impacter les projets de l’Éducation nationale.
– Le turn-over des personnels et des pilotes est souvent incompréhensible pour les partenaires et constitue un vrai handicap pour la continuité et l’efficacité du partenariat.
– La grande mobilité des populations dans certains territoires constitue un obstacle au suivi des actions.
De l’avis général, la nécessité du partenariat, en dépit des difficultés rencontrées, ne se discute pas. L’importance de l’éducation partagée, fondée sur la reconnaissance des compétences de chacun, constitue un enjeu majeur. La question des parents est centrale, encore faut-il distinguer différentes catégories : petits groupes de parents de classe moyenne, parents militants, parents des familles populaires dont les savoirs ne sont jamais valorisés…
Le travail partenarial implique d’aborder des questions essentielles à l’Éducation prioritaire (niveau scolaire des élèves, climat des établissements, mixité sociale, implantation des options en collège, stabilité des responsables et des équipes de l’Éducation nationale) et d’y apporter des réponses à tous les échelons : aux niveaux de l’école ou de l’établissement, de la ville, de l’académie ou d’une politique nationale.
Compte rendu rédigé par Marc Douaire