ÉDUCATlON : Action d’éduquer. Terme emprunté au latin educare (élever, instruire), de ducere (tirer à soi, d’où conduire, mener), verbe dérivé du mot dux (chef, mot qui a aussi engendré « duc »], Le Robert, Dictionnaire historique de la langue française, sous la direction d’A. Rey, 1994. Selon l’idée qu’on se fait de l’éducation, on dira que le terme vient, soit d’educare, soigner les plantes, soit d’educere, faire sortir. On voit par là que l’étymologie est une illusion sur le plan scientifique, voire un abus de pouvoir, O. Reboul, 1984.
Comme l’a affirmé E.Kant, "’éducation est le problème le plus grand et le plus ardu qui puisse être proposé".
L’éducation est l’ensemble des processus, des méthodes et des démarches qui permettent au petit d’homme d’accéder à l’état de culture : "Action exercée par les générations adultes sur celles qui ne sont pas encore mûres pour la vie sociale. Elle a pour objet de susciter et de développer chez l’enfant un certain nombre d’états physiques, intellectuels et moraux que réclament de lui et la société politique dans son ensemble, et le milieu spécial auquel il est particulièrement destiné … Ainsi, sous quelque aspect qu’on considère l’éducation, elle se présente partout à nous avec le même caractère. Qu’il s’agisse des fins qu’elle poursuit ou des moyens quelle emploie, c’est à des nécessités sociales qu’elle répond". La célèbre définition d’E. Durkheim, 1911, qui assimile l’éducation à la socialisation (fonctionnalisme social) et évacue l’éducation des adultes, mérite d’être complétée par ce qu’il en dit dans L’évolution pédagogique en France : "La fonction propre de l’éducation est avant tout de cultiver l’homme, de développer les germes d’humanité qui sont en nous", (p.386).
L’éducation serait-elle une forme d’inculcation ? "Toute éducation consiste dans un effort continu pour imposer à l’enfant des manières de voir, de sentir et d’agir auxquelles il ne serait pas spontanément arrivé". Sur un plan plus général, "l’éducation est avant tout le moyen par lequel la société renouvelle perpétuellement les moyens de sa propre existence", E.Durkheim, 1922. Éduquer est un processus qui a toujours un double objet : l’enfant et le monde, H.Arendt, 1972. On peut le dire avec les mots de P.Freire, 1967 : "Personne n’éduque autrui, personne ne s’éduque seul, les hommes s’éduquent ensemble par l’intermédiaire du monde ».
Il ne suffit plus d’octroyer comme fonction à l’éducation la responsabilité d’assurer une instruction de haut niveau ; il importe désormais que l’éducation fasse la promotion "des connaissances, des valeurs, des attitudes et des aptitudes favorables au respect des droits de l’homme ainsi qu’à un engagement actif en faveur de la défense de ces droits et de la construction d’une culture de paix et de démocratie", (Conférence internationale de l’éducation, Genève, octobre 1994). L’UNESCO,1997, définit l’Éducation de base comme "le bagage minimum d’éducation générale nécessaireaux enfants et aux adultes qui n’ont pas bénéficié d’un enseignement formel, pour les aider à comprendre les problèmes de leur environnement immédiat, et leurs droits et devoirs, en tant que citoyens et individus, et à participer plus efficacement au développement économique et social de leur communauté". La notion d’éducation de base (ou fondamentale) doit être reprise et précisée dans le contexte de l’éducation permanente et être le point de départ d’un processus d’acquisition du savoir qui se prolonge, tout au long de la vie. Comme l’affirme, G.Mialaret, 1991, "l’éducation est une activité humaine qui ne peut se réaliser sans savoir dans quelle (s) direction (s) elle s’exerce".
Au tournant du XX’siècle, le terme d’éducation s’est associer celui de développement. Nul domaine n’exerce un rôle aussi déterminant que l’éducation pour le développement optimal des potentialités de l’être humain et l’essor de la société. On a maintes fois reconnu en elle « le catalyseur d’une réforme permanente de la société, le sens de la vie, la quête du bonheur, le besoin fondamental, le meilleur investissement d’une nation, la marque décisive de la civilisation … L’éducation se voit par ailleurs assigner des objectifs de qualité, de réussite pour tous, de développement intégral, de formation globale … Il nous faut une éducation elle-même développée, éduquée pourrait-on dire", P. Legendre, 1993.
L’école n’est pas le tout de l’éducation. Il faut souligner les effets formateurs dans le quotidien de l’existence. "L’éducation informelle est le processus au long de la vie par lequel chaque personne acquiert et accumule connaissances, capacités, attitudes ; des expériences quotidiennes et de l’exposition à l’environnement au foyer, au travail, dans le loisir ; de l’exemple et des attitudes de la famille et des amis ; des voyages, lisant desjournaux et des livres, ou écoutant la radio ou regardant des films à la télévision. Généralement, l’éducation informelle n’est pas organisée, ni systématisée et même quelquefois, non intentionnelle, jusqu’à présent, elle constitue le plus grand morceau de l’apprentissage total durant la vie d’une personne même pour celles "hautement scolarisées". Ce qu’un individu apprend dans l’éducation informelle, est limité à ce que l’environnement personnel peut lui offrir", Coombs,1985.
Pour F.Dubet, 1999, l’éducation républicaine ne doit pas transiger sur des objectifs fondamentaux tels que : maintenir l’idée d’une culture commune à toute une classe d’âge ; produire une égalité des chances dans l’espace scolaire ; apprendre une citoyenneté, laïque et tolérante ; ne laisser personne sans qualification, sans compétences.
"Si on veut éviter que l’éducation tout au long de la vie ne devienne formation tout au long de la vie, le service public et les associations doivent saisir cette opportunité (opportunité liée à la baisse du plein-emploi, au développement du hors temps de travail. .. ) de développement d’une éducation ouverte sur la culture et la citoyenneté, dont l’ambition ne se limite pas à l’adaptation au marché de l’emploi", Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire, 2003.
Lorsqu’il s’agit de travailler avec les familles, parents et professionnels doivent inventer un nouveau partage de la relation éducative. Dans ce sens, «éduquer, ce n’est pas orienter, c’est accompagner ». L.Ott, 2004.
Au total, "l’éducation transforme en profondeur les comportements individuels par la transmission de valeurs morales et citoyennes permettant aux individus d’être maîtres de leur destin et de bien gouverner leur vie", C. Baudelot et F.Leclercq, 2005. B.Jolibert, 2006, rappelle fort opportunément que l’excellence d’une éducation ne permet jamais de préjuger de la cause qu’elle aidera à servir. Les révolutionnaires les plus déterminés de 1789 avaient été formés dans les collèges religieux à la dévotion de la monarchie ; c’est l’École coloniale qui a produit les anticolonialistes les plus déterminés ; les dissidents soviétiques venaient des plus grandes universités marxistes.
Tendre vers une « orientation éducative» c’est soulever la question du mouvement par lequel l’homme accède à son humanité et la confronter à cette position de P.Freire, 1967, « Personne n’éduque autrui, personne ne s’éduque seul, les hommes s’éduquent ensemble par l’intermédiaire du monde ».
Autoformation ; École ; Éducation permanente ; Famille ; Formation ; Formation tout au long de la vie ; …