PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

In CIEP – RIES n°63 – septembre 2013 :

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Depuis plusieurs décennies, la prise en compte de la diversité des cultures à l’école gagne en audience au sein des systèmes éducatifs. Pour autant, les doutes, les interrogations subsistent encore sur la pertinence, l’impact et la mise en œuvre de cette prise en compte dans le quotidien de l’école.

Tout d’abord, on observe une multitude de concepts pour analyser la diversité: multiculturalisme, inter-culturalisme, intégration, identité, assimilation… Quels sont, selon les contextes, les choix et les approches privilégiés et les débats qui les entourent ?

D’autre part, des interrogations de nature pédagogique se posent. Par exemple, quel est l’impact de la valorisation des cultures d’origine des élèves sur leurs résultats scolaires ? Quels sont les personnels chargés de valoriser la diversité culturelle à l’école et comment procèdent-ils ?

Surtout, quelle est la portée attendue des politiques de reconnaissance : une amélioration des résultats scolaires des minorités ? Une reconnaissance du droit de chacun à une ou plusieurs identités ? S’agit-il d’un objectif sociétal (éducation à la tolérance, à l’antiracisme) ? Les initiatives existantes visent-elles des publics spécifiques ou sont-elles conçues pour transformer l’enseignement et l’école pour tous ?

Les textes réunis dans ce numéro 63 de la Revue internationale d’éducation de Sèvres mettent en évidence l’actualité du débat sur ces questions dans plusieurs pays : Algérie, Brésil, France, Malaisie, Norvège, Portugal, Canada (Québec), Suisse, ainsi que dans les instances internationales.

À partir de points d’observation précis tels que le traitement de la diversité linguistique à l’école ou la formation des enseignants à la prise en compte de la diversité culturelle, par exemple, il est possible de mieux cerner les réponses apportées et de comprendre en quoi le débat sur les cultures à l’école reflète les débats sur la diversité socioculturelle dans chaque société.

Un numéro coordonné par Abdeljalil Akkari, professeur à l’Université de Genève

Sommaire du numéro

Actualité internationale

  • Le point sur l’actualité internationale en éducation
    Juan Carlos Gonzalez Faraco
    Espagne : Encore une nouvelle réforme éducative

  • Repères sur les systèmes éducatifs étrangers
    Ana Cristina Pires Ferreira
    Le système éducatif du Cap Vert : réformes et enjeux actuels

  • Notes de lecture
    Philippe Rabaté
    Jorge Gorostiaga, Mariano Palamidessi et Claudio Suasnábar (éd.), Investigación educativa y política en América Latina, Novades Educativas, Buenos Aires, 2012
    Jean-Paul Colleyn
    Jean-François Chevrier, L’hallucination artistique ; de William Blake à Sigmar Polke, L’Arachnéen, Paris, 2012, 683 p.

Dossier
L’école et la diversité des cultures
Coordination : Abdeljalil Akkari

Introduction [pdf – 1,4 Mo]
L’école et la diversité des cultures : entre indifférence et valorisation
Abdeljalil Akkari

Les approches interculturelles dans l’éducation au Brésil
Mylene Santiago, Ana Canen
Cet article présente une analyse des tendances interculturelles dans l’éducation au Brésil. L’examen des récentes politiques éducatives du pays, notamment en matière de formation des enseignants, permet d’évoquer, dans un premier temps, les progrès réalisés pour intégrer, dans la formulation même de ces politiques, les questions liées à la sensibilité interculturelle. Toutefois, des difficultés subsistent, liées à la mise en œuvre des politiques éducatives orientées vers la valorisation de la diversité culturelle, et à leur articulation au système éducatif et à la formation des enseignants. Enfin, les auteurs suggèrent des pistes possibles pour renforcer l’impact des tendances interculturelles dans le déroulement concret des formations proposées aux enseignants.

La diversité linguistique et culturelle dans le système éducatif algérien
Naouel Abdellatif Mami
Après cinquante ans d’indépendance, l’officialisation de la langue arabe classique, l’utilisation de l’algérien parlé (derdj), la reconnaissance du tamazight comme deuxième langue officielle et l’usage « forcé » du français, langue « coloniale », comme langue « étrangère » entraînent toujours, pour la plupart des Algériens, un malaise langagier et identitaire. La reconnaissance de l’anglais comme première langue étrangère, en 1993, n’a fait qu’accroître les débats relatifs à la légitimation politique de la francophonie. Cet article présente et analyse les changements de la politique éducative algérienne en matière linguistique, entre « purification » et « ouverture » dans les écoles, la place et la gestion de la diversité linguistique dans l’éducation ainsi que les retombées de celle-ci sur la qualité des apprentissages en Algérie.

De la diversité des écoles à la diversité à l’école
L’école primaire malaisienne en questions

Régis Machart, Sep Neo Lim
L’enseignement primaire malaisien était morcelé pendant la période coloniale sur des bases ethniques. De nos jours, il l’est en fonction de la langue d’enseignement : les écoles nationales accueillent les Malaisiens pour les scolariser en malais et proposent parfois un enseignement de la langue d’origine. Parallèlement, on trouve des écoles primaires à vernaculaire chinois ou tamoul. Le résultat en est une partition de la société en trois communautés évoluant pratiquement indépendamment les unes des autres. Le gouvernement a mis en place les Vision Schools regroupant sur une même implantation des écoles de types différents afin de remédier à ce clivage.

Les enseignants face à la diversité culturelle des élèves
Études menées dans des établissements scolaires au Portugal
Maria do Carmo Vieira da Silva
Le Portugal, traditionnellement pays d’émigrants, fut confronté à la réalité de l’immigration notamment à partir de la « révolution des œillets » du 25 avril 1974. Si la diversité des cultures fut alors perçue comme une nouveauté dans le contexte scolaire, un fait étrange apparut : certains groupes, plus particulièrement dans la communauté tsigane (seul groupe ethnique au Portugal) et chez les personnes originaires des anciennes colonies portugaises, rencontrèrent de grandes difficultés pour se faire accepter à l’école et pour s’y intégrer, et leurs résultats scolaires s’en ressentirent de manière négative. Cet article fait état de l’enquête menée sur ces groupes, sans négliger l’importance de la formation des enseignants à la diversité culturelle.

Un rapport difficile à la diversité dans l’école de la République
Approche sociohistorique du modèle français
Olivier Meunier
La question du traitement de la diversité culturelle dans les politiques éducatives en France a longtemps été inexistante devant l’exigence républicaine d’une culture commune basée sur la citoyenneté nationale et le principe d’égalité. À partir d’une présentation sociohistorique (1970-2010), cet article montre comment et dans quels contextes le sanctuaire scolaire s’est progressivement ouvert sur le monde réel, pour prendre en considération et mieux accueillir la diversité des cultures qui façonnent la société française. Il témoigne d’une progression non linéaire, soumise à des conjonctures politiques liées à des évènements sociétaux, où les principes républicains sont réaffirmés, à commencer par la laïcité et la citoyenneté.

Enseignants venus d’ailleurs : tension entre culture professionnelle et personnelle
Le cas de la Suisse romande
Nilima Changkakoti, Marie-Anne Broyon
Malgré les recommandations fédérales concernant l’intégration d’enseignants issus de la migration dans la formation des enseignants, en Suisse comme ailleurs, le contraste entre la diversité des élèves (élevée) et celle des enseignants (faible) reste grand. L’article aborde cette thématique par le biais d’une recherche menée en Suisse romande auprès d’enseignants issus de la migration. Comment gèrent-ils leurs différentes appartenances pendant leurs études et les débuts dans la profession ? Sont-ils obligés de s’assimiler pour devenir enseignants ? Peuvent-ils au contraire faire valoir leurs spécificités, dans quelles conditions ?

Pratique de l’apprentissage interculturel
L’exploration de concepts par de futurs enseignants norvégiens
Lise Kvande, Claudia Lenz
La Norvège explore les moyens d’intégrer de nouveaux groupes minoritaires, ethniques ou religieux, dans une société traditionnellement plus homogène. L’éducation est une composante essentielle de cette démarche. Elle peut contribuer à créer une culture de respect mutuel et de valorisation de la diversité et du pluralisme. Mais comment l’enseignement et l’apprentissage peuvent-ils concrétiser ce souhait ? Quelles sont les méthodes pédagogiques propres à relever ce défi ? L’article décrit une approche innovante, celle de l’apprentissage conceptuel. Par l’intermédiaire du « projet de glossaire interculturel », les futurs enseignants dialoguent avec des pairs venus d’autres pays, grâce auxquels ils apprennent à mieux connaître d›autres cultures, et à réfléchir à leur propre perception de la société et de la diversité. Après un bref aperçu de la situation de l’éducation interculturelle en Norvège, les auteurs présentent l’outil pédagogique et son application dans le cadre d’une coopération internationale.

Enseignement culturel de la religion et édification de la modernité
Le cas du Québec

Louis Levasseur
L’école québécoise a renouvelé l’enseignement de la religion en 2007 avec un programme axé non plus sur l’éveil de la foi mais sur l’étude objective des confessions religieuses et sur le développement des compétences délibératives des élèves dans une société culturellement et religieusement pluraliste. L’enseignement, en ce sens, serait des plus modernes, mais à la lumière du discours des enseignants, cette modernité serait partiellement autre que celle qui oriente le discours des concepteurs du nouveau programme.

Le concept de « citoyenneté mondiale » : un apport potentiel pour l’éducation multiculturelle ?
Sobhi Tawil
Parmi les trois priorités de l’initiative mondiale « l’éducation avant tout » (Education First) lancée en 2012 par les Nations-Unies, on trouve l’idée de « favoriser la citoyenneté Mondiale ». Cependant, cette notion reste vague sinon contestée, et par conséquent difficile à concrétiser dans le domaine de l’éducation. S’il est vrai que la mondialisation et la multiculturalité croissante des sociétés contemporaines transforment progressivement la conception et la pratique traditionnelle de la citoyenneté, la réalité juridique de la citoyenneté, ainsi que sa pratique, restent encore largement ancrées au niveau de l’État-nation. Cet article tente de clarifier la notion de « citoyenneté mondiale », son application possible dans le domaine de l’éducation à la citoyenneté et sa contribution potentielle à l’enrichissement de l’éducation multiculturelle.

Les auteurs

Références bibliographiques
Bernadette Plumelle

Abstracts

Resúmenes

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Categories: 4.2 Société

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