PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

Séminaire 2013-2014
L’inclusion
19 novembre 2013, 21 janvier 2014, 18 mars 2014, 20 mai 2014
à chaque fois le mardi, de 9 h 30 à 12 h 30
au Cnam, 292 rue Saint Martin, 75003 Paris
(entrée libre)

Présentation générale du séminaire

Ce séminaire associe, depuis novembre 2004, des travailleurs sociaux et des chercheurs. Il a été conçu par la Chaire de Travail social du Cnam, le Groupement de coopération de Recherches en action sociale et médico-sociale d’Ile-de-France (GRIF), qui rassemble plusieurs instituts de formation en travail social, et le laboratoire LISE-CNRS du Cnam.

Il a donné lieu, après chaque séminaire annuel, aux publications suivntes :

– La prévention : Brigitte Bouquet (dir.), La prévention ; concepts, politiques, pratiques en débat, L’Harmattan, 2005.
– L’évaluation : Brigitte Bouquet, Marcel Jaeger, Ivan Sainsaulieu (dir.), Les défis de l’évaluation en action sociale et médico-sociale, Dunod, 2007.
– La décision : « La décision ; entre rationalité, complexité et incertitude ? », Les Cahiers de l’ACTIF, n° 376-377, septembre-octobre 2007.
– La participation : Brigitte Bouquet, Jean-François Draperi, Marcel Jaeger (dir.), La participation, mythe et réalité, Dunod, 2009.
– La responsabilité : « La responsabilité, entre philosophie, éthique et Droit », Vie Sociale, revue du CEDIAS, n° 3, 2009.
– Autorité et pouvoir : Les Cahiers de l’ACTIF, n° 402-403, novembre-décembre 2009.
– Catégories, catégorisations : Marcel Jaeger (dir.), Usagers ou citoyens ? De l’usage des catégories en action sociale et médico-sociale, Dunod, 2011.
– Autonomie et contrôle : Vie Sociale, revue du CEDIAS, n° 1, 2012.
– Les aidants informels : Vie Sociale, revue du CEDIAS, n° 4, 2012.
– La légitimité : Vie Sociale, revue du CEDIAS, n° 2, 2014 (à paraître).

Problématique du séminaire 2013-2014

Aujourd’hui, les termes « cohésion sociale » et « inclusion sociale » sont de plus en plus utilisés dans les médias, par les politiques et dans le milieu associatif. Pourtant, ils suscitent des interrogations portant notamment sur la distinction entre la notion d’inclusion sociale, très courante en langue anglaise, et celles d’intégration ou d’insertion, ainsi que sur la pertinence
de substituer tel terme à tel autre.
L’inclusion sociale est une notion au périmètre très large, qui caractérise, au sens de Niklas Luhmann, les rapports entre les individus et les systèmes sociaux. Ce mot d’origine anglaise a été promu par des organismes internationaux pour faire le contre-point à la notion d’exclusion. La commission européenne définit ainsi l’inclusion sociale comme un « processus qui garantit que les personnes en danger de pauvreté et d’exclusion obtiennent les possibilités et les ressources nécessaires pour participer pleinement à la vie économique, sociale et culturelle, et qu’elles jouissent d’un niveau de vie et de bien-être considéré comme normal pour la société dans laquelle elles vivent. L’inclusion sociale leur garantit une meilleure participation aux processus de prise de décision qui affectent leur vie et un meilleur accès à leurs droits fondamentaux » (Mise en oeuvre de la stratégie de Lisbonne, 2004).
L’inclusion sociale se caractérise, d’une part, par ‘‘l’inclusion active’’ qui consiste à lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale en intégrant au marché du travail les citoyens qui en sont le plus éloignés, d’autre part par ‘‘l’inclusion des groupes vulnérables’’ qui vise à protéger les franges de la population le plus menacées par la pauvreté et l’exclusion sociale.
Car comme l’écrit Nicolas Lebrun1, « l’inclusion ne se résume pas à des processus d’insertion professionnelle et d’intégration économique, elle consiste aussi en une participation sociale, culturelle et civique à la société ».
Considérée comme le contraire de l’exclusion, l’inclusion sociale concerne tous les secteurs de la société, notamment l’action sociale : « Notre horizon doit être l’ambition commune d’une société inclusive » écrit Thierry Tuot 2. Corollaire de la citoyenneté, l’inclusion sociale est appelée à devenir pour le travail social un référentiel global qui table sur la transversalité et la participation des usagers et des travailleurs du secteur social, avec l’objectif de lutter contre les inégalités sociales, de promouvoir l’autonomie des personnes, de rechercher une vie en société plus juste et porteuse de plus d’égalité. L’inclusion désigne « l’affirmation des droits de toute personne à accéder aux diverses institutions communes, quelles que soient leurs éventuelles particularités » (Chauvière, 2012).
En fait, en France, l’inclusion renvoie à « l’éducation inclusive », terme venant du concept anglais d’inclusive education ? Les politiques publiques d’éducation s’accordent, en effet, sur l’intérêt du passage d’un système d’éducation intégrative à un système inclusif, suivant en cela les recommandations internationales.
Ainsi, l’inclusion préscolaire et scolaire suscite de plus en plus d’intérêt. On parle de trois effets de l’école : « l’école ségrégative », « l’école intégrative », « l’école inclusive ». Dans quelle mesure et à quelles conditions le concept d’inclusion peut-il faire disparaître toute discrimination scolaire et modifier durablement le paysage éducatif ? Comment passer de l’intégration à l’inclusion scolaire ? Selon divers auteurs, l’inclusion éducative peut être définie comme la promotion du respect des différences individuelles de tous les apprenants,acceptant chacun dans son cheminement, tout en le sollicitant de façon optimale. Et la pédagogie inclusive consisterait à favoriser les interactions entre les parents, les enseignants et les intervenants scolaires, de manière à satisfaire les besoins particuliers des jeunes et à leur fournir un environnement favorisant leur épanouissement. La transformation qu’implique l’inclusion sous-tend une véritable rupture dans les pratiques. Cependant, l’éducation inclusive ne peut advenir sur décret et elle ne va pas de soi : elle pose de nombreuses questions. L’école inclusive est-elle une solution alternative ? Répond-elle à une intention complexe, moins disjonctive (intégrer/ne pas intégrer), moins réductrice (réussir/échouer), plus humaine permettant à chacun d’avoir sa place, d’y grandir ? Face à l’ampleur et la complexité des interrogations soulevées, ce séminaire tentera d’aborder ces questionnements.
De même, concernant le handicap, l’inclusion sociale crée un nouveau paradigme qui situe l’usager comme moteur de sa propre vie, au sein d’une collectivité dans laquelle il est citoyen à part entière. La démarche d’inclusion tente de corriger la focalisation de l’intervention sur l’individu, les limites du « milieu ordinaire/spécialisé ». Centrée sur l’analyse des potentialités et des besoins des sujets en situation de handicap, elle vise l’adaptation de l’environnement et la participation des différents acteurs pour que la personne, quel que soit son handicap, ait sa place dans tous les lieux de la vie sociale ou privée. Ces intentions louables sont-elles corroborées par les faits travaillées par les chercheurs invités dans le séminaire ?
Dans le travail social général, le terme semble moins utilisé ou est repris plus par souci de montrer sa connaissance que par précision du concept. Par exemple, le titre L’inclusion sociale en pratique. Intervention sociale et jeunes marginalisés en Europe d’une revue sociale ne reprend pas ensuite le terme inclusion, l’auteure mentionnant qu’elle considère que l’insertion sociale est équivalente de l’inclusion sociale 3. A l’inverse, l’Agence nationale de l’évaluation sociale et médico-sociale (ANESM) spécifie le champ de l’inclusion sociale, comme s’il ne concernait que les problématiques de la précarité, de la grande pauvreté, des CHRS, de l’hébergement d’urgence 4.
Finalement, insertion, intégration, inclusion, seraient des termes considérés par certains comme identiques, par d’autres comme recouvrant des réalités différentes et significatifs d’une évolution des notions – d’insertion à l’intégration, puis de l’intégration à l’inclusion –, montrant une recherche continuelle pour dépasser leurs limites et mieux répondre à la finalité sociale.
« Evolution ou révolution ? » 5, « Voie d’avenir ou voie de garage ? » 6, l’inclusion sociale ne peut s’opérer par la seule force d’un mot, flou et imprécis. Elle soulève des questions d’ordre scientifique, politique, social, éthique, d’autant que le Plan pluriannuel contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale a annoncé des assises interrégionales et des Etats Généraux du travail social pour 2014 en vue de sa « refondation ». L’emploi du terme inclusion à ce propos retient d’autant plus l’attention…

1 Nicolas Lebrun, Cohésion et inclusion sociale, les concepts, Think tank européen, 2009.
2 Thierry Tuot, La grande nation pour une société inclusive, Rapport au Premier ministre, 2013.

3 Evelyne Baillergeau, « L’inclusion sociale en pratique. Intervention sociale et jeunes marginalisés en Europe », revue
Sociétés et jeunesse en difficulté, n° hors série, 2010.
4 ANESM, Expression et participation des usagers dans les établissements relevant du secteur de l’inclusion sociale, 2008.
5 Michel Chauviere, « Intégration, insertion, inclusion… évolution ou révolution ? », APF, Dijon, 27 novembre 2012.
6 Bernard Monnier, Carla Deniro, Bernard Horenbeek, « L’inclusion sociale : voie d’avenir ou voie de garage ? », revue
Etopia, n°19, 2005.

Programme (susceptible d’être complété)

1. Mardi 19 novembre 2013, de 9 h 30 à 12 h 30 (amphi Fourastié, accès 11) :
Inclusion, insertion, intégration : changements de mots, changements de paradigme ?
Intervenants :
Dominique Schnapper, professeure émérite, EHESS
Marcel Jaeger, professeur titulaire de la chaire travail social et d’intervention sociale, Cnam
Animatrice : Brigitte Bouquet, professeure émérite (Cnam-Lise)

2. Mardi 21 janvier 2014, de 9 h 30 à 12 h 30 (amphi A) : Les débats autour de la notion
d’inclusion et leurs enjeux
Intervenants : Eve Gardien, Michel Chauvière
Animatrice : Barbara Rist (Cnam-Lise)

3. Mardi 18 mars 2014, de 9 h 30 à 12 h 30 (amphi A) : Les « politiques inclusives » :
inclusion scolaire, inclusion et handicap…
Intervenants : Serge Ebersold, Anne-Marie Waser
Animatrice : Chantal Goyau (GRIF)

4. Mardi 20 mai 2014, de 9 h 30 à 12 h 30 (amphi A) : L’impact de la thématique sur les
formations et les pratiques
Intervenants : Patrick Dubechot, autre intervenant(e) en attente de confirmation
Animateur : Philippe Lyet (GRIF)

Print Friendly

Répondre