PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

Source :

Accéder au site source de notre article.


"Ce fut, il y a 50 ans, une décision personnelle du président Charles de Gaulle, en dépit des fortes réticences de son premier ministre Georges Pompidou et de son ministre de l’Education nationale Christian Fouchet.

L’avenir vu par Fillon ( ou comment revenir 50 ans en arrière ). Les décrets créant le  »collège d’enseignement général » par lequel doivent désormais transiter tous les petits Français après le CM2 paraissent le 3 août 1963, ce qui entraîne rapidement la disparition complète de l’examen d’entrée en sixième.

Cinquante après ( en guise d’anniversaire ? ) l’ancien ministre de l’Education nationale puis Premier ministre François Fillon propose le rétablissement de l’examen d’entrée en sixième parmi les 35 mesures qu’il vient de lancer ces jours ci en guise de pré-programme de futures présidentielles .

Cela est d’autant plus piquant que François Fillon se targue d’être un héritier du  »gaullisme » et même d’avoir une attitude  »gaullienne » . Or, en l’occurrence, la création du collège d’enseignement général ( avec son corollaire, la disparition complète de l’examen d’entrée en sixième ) a été l’une des principales décisions personnelles de Charles de Gaulle, à laquelle il tenait beaucoup.

C’est le général de Gaulle qui, délibérément, s’est engagé à fond pour surmonter les réticences voire les résistances. Deux mois ont passé sans que le ministre Christian Fouchet ait rencontré son directeur général Jean Capelle. C’est alors que le Président de la République, contrairement à tous les usages, convoque Jean Capelle : « J’eus la surprise – raconte le directeur général – d’être appelé à l’Elysée pour un entretien en tête à tête avec le général de Gaulle […]. Il m’écouta attentivement, puis m’accompagna jusqu’à la porte de son bureau, me disant avec la plus grande bienveillance : ‘’ Je comprends vos difficultés : rassurez-vous, la décision sera prise ici’’ »( Jean Capelle, préface au livre de Jean Ferrez : « Le collège », Berger-Levault, 1982, p.8 )

Un Conseil des ministres restreint a lieu à l’Elysée le 4 avril 1963 : il sera décisif, comme le raconte Jean Capelle, invité et présent. Cette participation d’un directeur à un Conseil des ministres est d’ailleurs tout à fait étonnante : elle signifie que le général de Gaulle veut marquer de façon éclatante qu’il passe outre à l’avis de son ministre de l’Education nationale et qu’il n’hésite pas à traiter directement avec l’un de ses collaborateurs.

« Le Président m’invita à m’asseoir à côté de lui ; puis il me donna la parole pour un bref exposé sur la généralisation de la formule : collège de premier cycle. Après quoi il s’adressa à Georges Pompidou : ‘’ Je crois, M. le Premier ministre, que la généralisation des collèges de premier cycle permettra de mieux résoudre le problème de l’orientation des jeunes et d’assurer les meilleures conditions d’une véritable égalité des chances. Vous êtes bien d’accord ? ‘’. Sans enthousiasme et sans commentaire, Georges Pompidou répondit affirmativement » (Ibid, p.8).

Une dernière précision : comme l’a dit avec une grande justesse Jacques Narbonne – le conseiller technique pour l’enseignement auprès du Président de la République Charles de Gaulle – on ne peut pas prétendre que la réforme du collège de 1963 a esquivé la question de l’opposition possible entre un enseignement proprement secondaire ( d’élite ) et une prolongation d’étude pour la masse des élèves : «  La réforme de 1963 entendait précisément interdire le glissement vers le collège unique d’aujourd’hui. Elle avait pour principe de s’opposer à la suppression du primaire supérieur. Elle entendait le conserver comme un élément fondamental du dispositif de démocratisation sous la forme des sections d’enseignement ‘’ court ‘’ des CES. Le mélange final des sections lycée ( voie I ) et des sections courtes ( voie II ) dans le collège unique est à l’opposé de la réforme décidée par le Général et le recteur Capelle.» (Jacques Narbonne, « De Gaulle et l’éducation ; une rencontre manquée », Denoël, 1994, p. 408)."

Print Friendly

Répondre