INSERTION DES JEUNES ISSUS DE QUARTIERS SENSIBLES – les hommes doublement pénalisés – Thomas COUPPIE
In Céreq – Bref n°309 – 2013 :
Accéder au site source de notre article.
Les jeunes issus des zones urbaines sensibles (Zus) connaissent depuis dix ans des difficultés d’insertion croissantes. La dégradation a particulièrement affecté les hommes. Au-delà d’origines sociales défavorisées et de faibles niveaux de formation, ils semblent plus qu’hier pâtir de « l’effet quartier ». Pour les femmes des Zus, au contraire, cet effet s’estomperait
Au moment où la réflexion s’engage sur une nouvelle géographie de la politique de la Ville, quel bilan peut-on dresser des difficultés d’insertion des jeunes résidents des zones urbaines sensibles (Zus)? Trois cohortes* (1998, 2004 et 2007) ont été suivies pendant leurs trois premières années sur le marché du travail, chacune faisant face à une conjoncture économique moins favorable que la précédente. Cette détérioration économique a davantage pénalisé les jeunes débutants de Zus que les autres jeunes urbains. Dans ces quartiers sensibles, la montée des difficultés a eu un impact limité sur l’accès à l’emploi des femmes et des diplômés de l’enseignement supérieur. En revanche, les hommes et les jeunes sans diplôme ont été fortement concernés. Ces populations semblent de plus en plus nettement pâtir d’un « effet quartier ».
Une population toujours socialement désavantagée
Les jeunes qui habitaient un quartier classé en Zus pendant leurs études et au moment de leur entrée sur le marché du travail constituent, à l’image des habitants de ces quartiers, une population socialement désavantagée. Parmi ces jeunes, les enfants d’ouvrier sont majoritaires, ceux dont le père est cadre ou profession intermédiaire sont beaucoup plus rares que parmi les autres jeunes urbains (14 % contre 35 %). Leur environnement familial est plus éloigné du marché du travail : pour la cohorte 2007, seuls 59 % ont un père effectivement en emploi quand ils finissent leurs études (contre 76 % des autres jeunes urbains) et, pour une majorité d’entre eux, leur mère est inactive. D’autre part, les jeunes issus de l’immigration, et particulièrement de l’immigration non européenne, sont très largement surreprésentés dans ces quartiers ; 45 % ont au moins un de leurs parents né à l’étranger contre 19 % des autres jeunes urbains (cf. graphique page suivante).
En relation avec ces caractéristiques sociodémographiques, les carrières scolaires des jeunes des quartiers se révèlent en moyenne nettement plus courtes, et plus chaotiques. Ainsi, au sein de la cohorte 2007, 28 % sont entrés en classe de sixième avec au moins une année de retard, contre 15 % des autres jeunes urbains. Dès les premiers paliers d’orientation, après la troisième,plus de la moitié des jeunes de ces quartiers ont été orientés vers les filières de l’enseignement professionnel, contre moins du tiers des autres jeunes urbains. Pour autant, ils ont eu moins souvent accès à des formations par apprentissage, formations qui ont la vertu de faciliter le passage de l’école au travail.