In l’expresso – le café pédagogique – 4 février 2013 :
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Christine Passerieux pose la question des missions de l’école maternelle et voit cohabiter deux logiques antinomiques, derrière cette antinomie, les tensions sont toujours sources du creusement des inégalités, puisque notre école maternelle, même si elle réussit, ne participe pas à faire accéder tous les enfants au langage de scolarisation.
« Il y a eu une époque des bains de langage, des bains de littérature, mais on peut les tremper dans plein de bains… infiniment il ne se passera pas grand chose si on ne leur permet pas d’accéder à une attitude réflexive. » Faut-il pour autant évacuer rapport entre apprentissage et développement ?
La tentation est alors grande de chercher à l’extérieur de l’école les réponses sociologisantes, psychologisantes.
Elle pointe que les travaux de la matinée avaient pour but de montrer que l’ambition pour tous est compatible avec l’âge des élèves et leurs compétences.
La question n’est donc pas de réduire les apprentissages fondamentaux, mais de mettre en place des situations porteuses de sens, exigeantes, avec des significations culturelles, dans l’ensemble des domaines et ce dès le plus jeune âge. « Afin de lutter contre une logique d’adaptation, il faut maintenir la même exigence pour tous dans des situations qui les sollicite chacun. »
Elle revient sur la solitude décrite par Christophe Joigneaux dans des approches individualisantes et individualistes, « approches qui freinent le développement, enferment chacun à lui-meme, ne lui permettent pas le développement nécessaire. »
Elle conçoit le rôle de l’école maternelle, comme la meilleure prévention possible « d’abord dans l’enseignement, mais c’est aussi l’apprentissage de la rencontre avec un autre que soi, de l’échange avec les autres, qui va permettre de comprendre que d’autres points de vue sont possibles, contre le spontanéïsme qui privilégie les dispositifs, en particulier ces dispositifs prétendument ludiques (pour les adultes…), qui s’appuieraient sur le fait que l’autonomie serait immédiate alors qu’elle est construite et que ça demande du temps. » Elle rappelle la fonction d’étayage de l’adulte.
Enfin elle revendique que l’école maternelle soit un lieu de plaisirs, « parce qu’apprendre est profondément jubilatoire : combien les enfants confrontés à des problèmes à résoudre trouvent du plaisir à être dans le partage, l’échange, ce qui n’est possible que s’ils sont en condition de comprendre ce qui se passe, leur arrive. »
Elle invite enfin chacun à prendre en charge les changements nécessaires, à réfléchir à ce qu’on veut faire de cette école, ce qu’on veut transmettre : « la période est particulière, le gouvernement semble accorder de l’importance à l’école maternelle, ses déclarations le signifie, il ne faut pas rater le coche, la période passée fut difficile, les changements dépendent de nous : « nous chacun » et « nous ensemble » de façon à ce que nous apportions nos questionnements, nous frottant à la recherche et à nos propres travaux. »