In Questions d’éduc UNSA Education :
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Avec l’autonomie de l’EPLE et la création de zonage comme les ZEP, la territorialisation est progressivement en oeuvre dans l’Éducation nationale. Ainsi émergent de nouvelles politiques éducatives, dont l’enseignement agricole avait déjà ouvert la voie.
Mais, depuis les années 1980, ce sont surtout la globalité éducative et l’articulation des actions des différents acteurs éducatifs qui sont interrogées sur les territoires.
Les autres acteurs éducatifs et la décentralisation ?
Les acteurs du sport, de l’éducation populaire ou de la culture n’ont pas vécu leur rapport aux collectivités territoriales de la même manière que l’École. Tout d’abord parce que ces domaines sont partagés depuis longtemps entre les services de l’État, ceux des collectivités et les structures souvent associatives qui interviennent sur le terrain. Si l’État s’est progressivement éloigné de l’intervention directe auprès des publics, il conserve des missions d’aide et de conseil, d’accompagnement et de financement, d’expertise et de formation. Les communes sont au cœur des contractualisations successives qui ont cherché à articuler les interventions éducatives des clubs et associations, des services municipaux et de l’École. Le désengagement constant de l’État, depuis des années, a conduit les départements et les Régions à se doter de services de la Culture, des Sports, de la Jeunesse et, pour certains, de l’Éducation populaire.
Enseignement agricole et animation du territoire rural
Au-delà de sa mission d’enseignement et de formation, l’établissement d’enseignement agricole, s’est vu confier une dimension d’animation et de développement du territoire rural. Ainsi son lien avec les associations locales, et tout particulièrement avec les foyers ruraux –créés à l’initiative du ministère de l’Agriculture-, a longtemps été un axe privilégié pour la mise en place d’actions culturelles. L’enseignement
socioculturel –spécificité toujours très présente dans les établissements d’enseignement agricole- demeure un levier actif pour créer des dynamiques territoriales, impliquer habitants et élèves dans des projets communs pour renforcer les partenariats locaux.
Dans l’Éducation nationale ?
Ce modèle, bien que largement apprécié, ne s’est pas développé dans l’Éducation nationale. Dans le cadre de leur autonomie, les EPLE ont la possibilité d’élaborer des projets qui conjuguent enseignements et apports culturels, socioculturels, sportifs.
La lutte contre l’échec scolaire a également conduit à la construction de partenariat. Les zonages se superposant, Éducation prioritaire et politique de la Ville ont appris à construire ensemble des démarches éducatives conjointes. Certains mouvements d’Éducation populaire se sont investis dans la mise en oeuvre de structures de remédiation, tels les ateliers relais.
Pour le niveau de l’école primaire et de certains collèges, c’est autour du Projet éducatif local (PEL) ou de territoire (PET) que la démarche d’articulation et de coéducation cherche à se construire. Le projet de loi sur la Refondation de l’École, sans le rendre obligatoire, l’inscrit d’ailleurs comme une piste à privilégier.
Qu’est-ce qu’un Projet éducatif local ?
La notion de Projet éducatif local (PEL) est apparue dans les années 80, dans le cadre des politiques publiques d’aménagement des rythmes de vie de l’enfant et de la politique de la Ville.
Deux objectifs furent mis en avant : d’une part mettre de la cohérence entre les activités scolaires et hors temps scolaire et, d’autre part, répondre aux inégalités sociales des territoires.
Des villes comme Rennes ont voulu aller plus loin et ont avancé l’idée de «villes éducatrices» pour promouvoir des politiques éducatives intégrant l’Éducation formelle, non formelle et informelle, et favorisant une autre conception de l’Éducation.
De là sont nés le «Réseau Français des villes éducatrices» et la «Charte des villes éducatrices». Plus récemment, des partenaires d’horizons institutionnels divers (associations d’Éducation populaire, réseau des acteurs de la réussite éducative, syndicats dont l’UNSA Éducation, etc) ont rédigé et signé «l’appel de Bobigny» en faveur d’une politique d’Éducation globale et ambitieuse.
Le PEL ne doit pas être :
- une juxtaposition de dispositifs qui reviendrait à faire prévaloir la logique de guichets sur celle de projet ;
- une simple complémentarité entre les différentes activités où celles hors temps scolaire viendraient uniquement servir le projet d’établissement ;
- une politique municipale si bien intentionnée soit elle.
Le PEL devrait être :
- une autre approche de l’Éducation à la citoyenneté et de la formation tout au long de la vie ;
- un moyen pour construire, sur tous les territoires, un projet et des objectifs d’Éducation globalisée, multi-partenaires pour la réussite de tous et partagés par tous ;
- un cadre inscrit dans la loi qui permette de rassembler tous les partenaires : Éducation nationale, Jeunesse et Sports, Ville, Culture, Santé, collectivités locales et associations ;
- un projet qui s’appuie sur un diagnostic partagé et articule les différentes activités formelles, non formelles et informelles.
Le PEL – ce que la Loi devrait inscrire :
- le rôle de pilotage de l’État : l’Éducation globale doit rester une mission de l’État, ce qui n’empêche pas d’instaurer une gouvernance avec les collectivités territoriales ;
- la nécessité de l’égalité entre tous les territoires.
Le PEL – les questions à se poser :
- l’Éducation nationale et ses services académiques sont-ils les mieux placés pour conduire au nom de l’État les Projets Educatifs Locaux ?
- La commune est-elle le niveau pertinent d’intervention des collectivités ?
- Quelle doit être la durée d’un Projet Éducatif Local ? Ne faut-il pas des PEL sur trois ou cinq ans ?
- Quels en sont les moyens et les acteurs ?
L’avis de la fédération UNSA Éducation !
Aujourd’hui, il nous faut repenser une politique d’Éducation globale qui favorise la réussite de tous sur tous les territoires. L’État doit impulser les PEL mais en garantir aussi l’égalité.