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Mes chers petits,
Toi, mon petit-fils, tu t’inquiètes d’une inquiétude de ta sœur rencontrées lors de l’une de ses activités extra-universitaires. On pouvait imaginer qu’à vos âges la question religieuse était réglée, mais ta sœur vient de relancer le débat. Elle a adhéré à l’AFEV (Association de la fondation étudiante pour la ville) cette remarquable association qui invite les étudiants à soutenir, le plus souvent à leur domicile, les enfants de milieux modestes, en difficulté pour les apprentissages scolaires. Elle a été confrontée à l’importance (la prégnance?) du fait religieux dans ces rencontres.
Notre famille métissée (catholique et laïque) n’a jamais vécu de difficultés concernant la religion. La loi de 1905, à l’initiative du député socialiste Aristide Briand qui prône "une laïcité sans excès" a mis fin à 25 ans d’affrontements. Le Concordat de 1801 restant en place en Alsace/Moselle. Aujourd’hui, ta sœur, dans le cadre de son cursus des Beaux-arts, va effectuer un stage Rue de Valois, chez la ministre Aurélie Filipetti qui a, entre autres, la charge des 87 Cathédrales de France. Cette veinarde va participer à une inspection (comme Michelet, incroyable !!). Le débat récurrent à propos des lieux de cultes fait rarement mention que les édifices postérieurs à 1905 restent à la charge des associations cultuelles maitres d’ouvrages. Mais le vrai débat tourne, en fait, autour de la question de l’enseignement des religions à l’école comme faits culturels.
Si je reprends ma casquette de pédopsychiatre, je peux justifier que la découverte des religions ou de la laïcité trouve un terrain très favorable à l’âge du primaire. Pourquoi? Avant, l’enfant est pris dans un processus de pensée magique, c’est le temps des contes de fées, de la fanstasmagorie et on voit bien le succès des nouveaux contes: les cadeaux de Noël en sont le témoignage. À partir de 6 ans, la notion de mort apparaît chez l’enfant et les religions ou le désir d’une société égalitaire pour l’avenir sont des moyens de qualité pour tempérer cette crainte. Sais- tu que 90 enfants sur 100 adhèrent à la religion ou la position laïque de leurs familles, de même que 90 sur 100 suivent le même parcours politique. Donc la révolution est le fait de 10% de mutants.
Tiens, j’oubliais en plus: "laïcité "provient du vocabulaire théologique: le laïc désigne dans la religion catholique un fidèle baptisé non clerc. Ta soeur d’ailleurs s’inquiète de la force du message religieux chez les enfants très jeunes, sans défense et sans possibilité de critique. Comment répondre à ses constatations de terrain? Il faut sans doute incorporer au sein de l’Éducation Nationale l’étude non seulement des religions mais aussi de la laïcité (l’enseignement civique?). Les religions monothéistes mais aussi bouddhistes, animistes, antiques… Tout cela dans le cadre d’un enseignement optionnel, tout au long du primaire et les parents en étant informés, voire participants.
J’ai toujours, tu le sais, pensé que la connaissance protège de la crainte. J’ai amassé une somme d’ouvrages sur la loi de 1905, nous relirons les attaques de Clémenceau contre Aristide Briand, décidément remarquable négociateur et voilà que Vincent Peillon relance, de manière latérale, le débat à propos de sa demande de neutralité dans l’enseignement catholique sur la proposition de "Mariage pour tous". Allons de l’actualité à l’histoire. Pour mieux comprendre le présent, appuyons nous sur le socle du passé. Je vous attends avec impatience et comme tous les laïcs autour d’une galette des rois.
Votre grand-père qui vous souhaite une belle année, pleine de succès universitaires.