PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

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Thèse présentée et soutenue par Michèle Drechsler à l’Université Paul Verlaine – Metz. En s’appuyant sur les théories de l’apprentissage, l’étude montre « que ces espaces de veille peuvent être des lieux privilégiés de personnal knowledge management, et de développement de compétences professionnelles. » – Quelques extraits : Un changement de paradigme avec l’émergence d’un web participatif. Les ressources au coeur du métier d’enseignant et de la gestion des connaissances. Le socialbookmarking, porte ouverte pour l’intelligence collective… écologie pour l’apprenance…

Les pratiques du socialbookmarking dans le domaine de l’éducation : affordances sémantiques, socio-cognitives et formatives 

Michèle Drechsler

Thèse pour le doctorat en sciences de l’information et de la communication, présentée et soutenue par Michèle Drechsler. Sous la direction de François Meyer et Brigitte Simonnot – Novembre 2009 – Université Paul Verlaine de Metz

Résumé de l’auteur

« Le web est devenu participatif et de nouvelles pratiques de catégorisation de l’information émergent, fondées sur des communautés d’intérêt, des stratégies collectives d’indexation des ressources en ligne et de prusage caractérise par la production collaborative de contenus par les usagers (A. Bruns). Ces nouvelles pratiques témoignent de l’évolution des approches traditionnelles de l’organisation des connaissances qui s’’inscrivent dans la lignée des grandes classifications bibliographiques. Les ressources pédagogiques sont au cœur des métiers et le numérique nous oblige à définir ce qu’est un document. Nous faisons une approche instrumentale des ressources numériques orientées pour l’action. Une approche sémantique de l’indexation sociale menée à partir de l’étude d’une base de 10000 ressources pédagogiques nous permet de dégager ses potentialités et ses limites, de dessiner le paysage d’une première ontologie autour de l’éducation. En nous nous appuyant sur la théorie d’activité d’Engeström, l’étude de différentes communautés virtuelles pratiquant le socialbookmarking fait apparaitre différentes activités numériques pour celui qui indexe, utilise les ressources. Les questions de cohabitation entre producteurs et consommateurs, de la légitimité des savoirs, de la dynamique entre les membres est posée. En nous appuyant sur les théories de l’apprentissage, nous montrons que ces espaces de veille peuvent être des lieux privilégiés de personnal knowledge management, et de développement de compétences professionnelles.  »

dart-europe.eu

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Les pratiques du socialbookmarking dans le domaine de l’éducation – Volume 1 PDF, 372 p.

Les pratiques du socialbookmarking dans le domaine de l’éducation – Volume 2 PDF, 355 p.

Quelques extraits

Socialbookmarking : définition

« Le socialbookmarking est une pratique visant le partage de signets ou "bookmarks"pour un site Web public et le fait de les "tagguer" avec des mots-clés. Le socialbookmarking est la pratique de la mémorisation, du captage des adresses d’un site web avec le souhait de pouvoir le revisiter sur son ordinateur. Pour créer une collection de signets, il faut s’enregistrer sur un espace dédié de partage de socialbookmarking qui vous permet de partager les bookmarks, rajouter des "tags" de vos choix, de les rendre "publics" ou "privés". Tout visiteur de sites de socialbookmaking peut chercher des ressources par mots clés, par personne, découvrir les différentes classifications que les utilisateurs ont créées…
Les systèmes de folksonomie ont une caractéristique importante. Avec des mots-clés, on a le potentiel de modifier la manière dont nous stockons et de trouver de l’information. Il devient important de savoir comment récupérer, retrouver des informations en utilisant un cadre créé entre collègues. Le socialbookmarking simplifie la distribution des listes de référence, de bibliographies, papiers, et d’autres ressources entre pairs et étudiants… »
p. 59-61

Extraits de la conclusion

Les pratiques de socialbookmarking
« Les pratiques de socialbookmarking sont axées avant tout sur le partage de signets pointant sur des ressources en ligne que nous avons analysées avec une approche anatomique, historique, et instrumentale. […] Le problème de l’indexation sociale d’une ressource ne peut faire l’abstraction du problème de découpage et des langages associés pour décrire le contenu en ligne et des modifications apportées par le numérique dans la définition même de document dans son mode de production et de diffusion, mais aussi dans sa structure qui devient discontinue, fragmentée et qui peut être plus ou moins "granulée", dans ses modalités de circulation et d’échanges, ainsi que dans son rapport à l’auteur et à l’utilisateur… »

Un changement de paradigme avec l’émergence d’un web participatif
« Avec l’arrivée du Web2.0, le web devient de plus en plus participatif et il peut favoriser le partage de la connaissance. […] Avec l’apport du web, une des questions centrales de la redocumentarisation du monde de l’éducation est de savoir jusqu’où la formalisation technique des documents et de l’information peut se confondre et permettre une représentation des connaissances pour mieux repérer les ressources utiles, les décrire et les retrouver au quotidien. Nous avons analysé des projets de portail de ressources dans le domaine de l’éducation qui nous ont montré des similitudes et des différences sur les modalités d’évaluation et le système de repérage des ressources, les uns faisant appel aux spécialistes de la documentation, d’autres faisant appel à des experts, ou tout simplement aux utilisateurs que sont les enseignants. Les politiques éditoriales diffèrent et nous avons mis en valeur les spécificités de quelques projets et les résultats de certaines recherches s’y référant. Les banques d’objets d’apprentissage en ligne soulèvent de nombreuses questions : comment choisir une ressource ? Avec quels choix et quels critères ? Comment évaluer une ressource et l’indexer avec les mots-clés adéquats pour la retrouver aisément? Telles sont les questions qui nous intéressent tout particulièrement dans les dispositifs de socialbookmarking où nous avons dégagé différentes tensions… »

Les ressources au coeur du métier d’enseignant et de la gestion des connaissances
« Nous avons retenu la définition du dictionnaire "Littré" qui nous semble la moins ambiguë et la plus large possible. "Une ressource est ce qu’on emploie pour se tirer d’un embarras, pour vaincre des difficultés (moyens matériels ou autre)". Cette définition ouverte nous a permis de dégager la place des ressources numériques pour les enseignants, qui les employant quotidiennement, peuvent "se tirer d’un embarras" en ayant accès à des contenus qui facilitent l’organisation des apprentissages, leurs mises en scène, en fonction des élèves et des programmes. Si les ressources sont au coeur du développement de compétences des enseignants, elles prennent leur sens et leur source dans un contexte d’usage, leur permettant de vaincre les difficultés relatives à scénarisation et à la gestion des apprentissages. Elles sont au coeur du référentiel de compétences attendues des enseignants… »

Des ressources éducatives vues comme des instruments
« Dans notre étude, nous avons décrit la notion de ressource éducative en nous reposant sur l’approche instrumentale de Pierre Rabardel qui fait la distinction entre l’artefact (l’outil "brut") et l’instrument, qui est le résultat d’un processus d’appropriation par une personne donnée, dans la confrontation dans une situation ou un contexte donné. Les signets du socialbookmarking pointant sur des ressources jugées intéressantes pour une réutilisation éventuelle en différé, peuvent être considérés comme des artefacts de différents niveaux de granularité, collectés, mémorisés, capitalisés. […] La logique d’utilisation d’une ressource a toute sa place dans le domaine de l’éducation. Elle soulève le problème du rapport entre la prescription de la ressource dans les descriptifs de la ressource et l’usage réel qui en est fait plus tard. L’enseignant sera amené à détourner une ressource en fonction de ses besoins, du contexte de sa situation pour gérer les apprentissages à un moment donné. »

Le socialbookmarking, une porte ouverte pour l’intelligence collective ?
« Les bases de ressources de socialbookmarking génèrent des propositions d’usages qui doivent être évaluées en fonction des sens et des significations qu’elles génèrent chez les enseignants, dans un "champ instrumental collectif". […] Le dispositif de socialbookmarking qui vise à archiver, mémoriser, partager des signets en groupes ou en communauté, peut être considéré comme un "dispositif processuel de la mémoire" fonctionnant sur le travail coopératif des usagers partageant leurs signets développant une mémoire collective. Mais ces bases de signets ne sont pas de simples "magasins" ou de "simples puits" à ressources et si on se réfère à la remarque de Pierre Lévy, l’enregistrement des données n’a pas de valeur en soi. Ce qui vaut, c’est "l’intelligence collective qui s’en nourrit ", partout distribuée, sans cesse valorisée, coordonnée en temps réel, qui aboutit à une mobilisation effective des compétences… »

Le socialbookmarking, une écologie pour l’apprenance ?
« … En empruntant l’expression de Philippe Carré, on peut dire qu’en pratiquant le socialbookmarking, les enseignants et les acteurs de l’éducation sont appelés à devenir des "travailleurs du savoir". A travers les entretiens et les réponses des questionnaires, nous avons dégagé les différents leviers qui transparaissent : les apprentissages sont inscrits dans un projet stimulant; les enseignants développent le sentiment d’efficacité à apprendre et peuvent mettre en œuvre une pédagogie du choix de leur formation et de leur parcours ; ils peuvent prendre un plaisir direct à se former.
Nous avons vu que le socialbookmarking favorise la mise en place de l’apprenance qui ne s’exerce pas uniquement dans le cadre des formations institutionnelles mais à travers une "écologie de l’apprenance", toute entière tournée vers la démultiplication des occasions d’apprendre, en dehors du temps de travail.
Comme le disait une enseignante interrogée "avec le socialbookmarking, je suis une machine à apprendre, et je le sais". Il n’est plus question de trouver les moyens d’apporter le savoir aux acteurs, mais de donner aux sujets les moyens d’aller le chercher. Les outils du socialbookmarking sont au service d’un apprentissage permanent, le savoir devenant la matière première du XXIème siècle, la détention de l’information régissant un capitalisme cognitif. »

Sommaire

Introduction
(p. 1-11)

PARTIE 1. Les ressources pédagogiques dans tous leurs états
     À la confluence de plusieurs disciplines

Chapitre 1. Du Mundaneum à Internet. Un changement de paradigme

1.1 D’Otlet à la naissance d’Internet: des déplacements documentaires (p. 12)
       – Vision anatomique et historique du document
       – Qu’est-ce que la documentation ?
       – Le numérique et la production des connaissances
1.2 Mise à plat du document numérique. Documents et objets documentaires (p. 24)
       – Définition des objets pédagogiques
       – Objets pédagogiques et réutisabilité
       – Langages de structuration, indexation des ressources
         Modèle de structuration du LOM et du SCORM. Controverses. Web sémantique
1.3 Ressources et produsage : pour une alchimie des usagers (p. 42)
       – Les évolutions du Web
       – Apports du web participatif pour la documentation
       – Produsage des ressources
       – Etat de l’art : produsage et systèmes collaboratifs de marquage

Chapitre 2. Socialbookmarking et produsage. Mémoires et interactions sociales

2.1 Le socialbookmarking, un exemple de produsage (p. 59)
       – Définition du socialbookmarking
       – Qu’est-ce que la folksonomie ?
       – Les avantages de la folksonomie
       – Les inconvénients de la folksonomie
       – Folksonomie et redocumentarisation
       – Les grandes folksonomies élargies
       – Les folksonomies étroites
       – Définition du « tagging »
       – Du tag au nuage de la connaissance
2.2 Les tensions en jeu dans le socialbookmarking (p. 76)
2.3 Le socialbookmarking : lieu de mémoire et d’interactions sociales (p. 79)
       – Une mémoire connective et écosystémique
       – Des lieux d’élimination et d’enregistrement
       – Une mémoire avec une « vision sociale périphérique »

Chapitre 3. Ressources au coeur de l’activité des enseignants

3.1 Les ressources pédagogiques au coeur des débats actuels (p. 86)
3.2 Quelle place pour la professionnalisation des enseignants ? (p. 90)
       – Les ressources au coeur du métier des enseignants
       – Capitaliser et échanger les savoirs au-delà de la salle des professeurs
       – Le transfert des savoirs, de l’individuel au collectif
       – Connaissances et pratique

Chapitre 4. Les bases de ressources éducatives vues comme des instruments

4.1 L’approche instrumentale de Rabardel (p. 106)
4.2 Transfert au niveau du dispositif de socialbookmarking (p. 109)
4.3 Caractéristiques de l’approche instrumentale des ressources (p.  114)
       – La ressource numérique en constante évolution
       – La ressource au delà d’un simple objet
       – La logique d’utilisation d’une ressource
       – Apport du « champ instrumental collectif »

Chapitre 5. Champs interdisciplinaires pour une « in-discipline »? À la lumière des SIC

5 .1 Articulation de différentes disciplines avec les SIC (p.117)
5. 2 SIC et science de l’activité humaine ? (p.122)
5. 3 Pour une « in-discipline » à la lumière des SIC ? (p. 122)
 

PARTIE 2. Pratiques du socialbookmarking
     Vers une écologie de l’apprenance : Pour quels apprentissages ? Et quelles compétences ?

Chapitre 6. Pratiques du socialbookmarking à la lumière de la théorie de l’activité

6.1 La théorie de l’activité selon Engeström (p.125)
6.2 Modèle d’opérationnalisation de la théorie de l’activité (p. 146)

Chapitre 7. Quelles affordances pour l’apprentissage et la formation ?

7.1 Notion d’affordances (p. 148)
7.2 Approche des apprentissages – Cadre théorique (p. 150)
       – Socialbookmarking et connectivisme
       – Tagging et sérendipité
       – Tagging et théorie de l’étiquetage
       – Socialbookmarking et métacognition
       – Socialbookmarking et PKM
       – Socialbookmarking et co-construction du savoir
       – Vers l’émergence d’une intelligence collective ?
7.3 Approche de la formation – Cadre théorique (p. 186)
       – Socialbookmarking et apprenance
       – Entre innovation et énovation
       – Socialbookmarking et autodidaxie
7.4 Démarche méthodologique (p. 194)
       – Spécificités de l’outil de socialbookmarking
       – Présentation de la démarche
       – Corpus de 9 entretiens, méthode
       – Corpus choisi pour l’analyse de communautés « Diigo »
       – Utilisation des outils de modèle AODM
7.5 Présentation des résultats et interprétation  (p. 205)

Conclusion
(p.280-296)

 

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