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Autonomie et responsabilisation
Le rôle et la fonction des chefs d’établissement évoluent largement depuis une trentaine d’année, dans un contexte marqué par une double tendance : une autonomie plus importante est accordée aux établissements ; cette autonomie s’accompagne d’une responsabilisation accrue, les établissements doivent rendre des comptes (en Angleterre, les rapports d’inspection d’établissements sont rendus publics). On assiste en parallèle à une pénurie croissante de candidats pour les postes de direction (ceci n’est pas vrai en France).
Dans cette évolution, Barroso distingue néanmoins deux modèles :
- Celui initié par les anglo-saxons qui mènent une politique néolibérale accorde le libre choix de l’établissement par les parents et les met en concurrence.
- Celui privilégié par les pays tels l’Allemagne, le Portugal, l’Espagne, l’Italie ou encore la France qui consiste à améliorer l’existant de accordant plus d’autonomie et en décentralisant le système.
Différents degrés d’autonomie
L’autonomie des établissements s’apprécie différemment selon les pays. Les pays du nord de l’Europe accordent une très large autonomie aux acteurs locaux (à l’échelon de la commune bien souvent). Ces pays ont une forte décentralisation politique. Les pays du Sud de l’Europe sont quant à eux peu enclins à favoriser l’autonomie des établissements. Au milieu se trouvent la Belgique et les Pays-Bas qui laissent une forte autonomie aux établissements, et l’Allemagne ou la France où les avancées sont timides et prudentes.
Quelle décentralisation ? Quelle responsabilisation ?
L’OCDE distingue deux modèles de décentralisation, selon qu’elle accorde la responsabilité à des instances locales (intermédiaires entre l’État central et les établissements) ou aux établissements eux-mêmes. Dans ce dernier cas, les parents, enseignants et représentants participent davantage aux prises de décision.
Mais la responsabilisation des établissements prend des formes diverses elle aussi :
- Autonomie administrative et pédagogique : Pays Bas, Republique Tchèque ; Angleterre
- Peu de marge de manœuvre (budget et RH) : Grèce, Turquie
- Forte autonomie pédagogique et faible autonomie administrative : Nouvelle Zélande, Corée, Japon.
A qui rendre des comptes ?
Là encore, les situations sont très variables. L’Angleterre est la pays où la reddition de comptes à été poussée le plus loin, les rapports d’inspection des établissements sont rendus publics. Au Portugal, le chef d’établissement rend des comptes à l’assemblée qui l’a élu pour quatre ans. En France, ce sont les lettres de mission et les contrats d’objectifs qui servent pour l’évaluation des chefs d’établissement. En Italie, même si l’évaluation existe dans les textes officiels, elle n’a pas de réalité dans le quotidien des établissements.
Bibliographie
- Endrizzi Laure, Thibert Rémi (2012). « Quels leaderships pour la réussite de tous les élèves ? ». Dossier d’actualité Veille et Analyses, n°73, avril.
- AFAE (2010). « Équipe de direction, équipe enseignante ». Administration et éducation, n° 127, octobre.
- Barroso Joao (2007). « L’autonomie et la gestion de l’école publique : Entre le marché, le managérialisme et la démocratie ». In Derouet Jean-Louis & Normand Romuald (dir.). L’Europe de l’éducation : entre management et politique. Lyon : INRP, p. 85-100.
- Barzanò Giovanna (2011). « School autonomy and the new “accountabilities” of European education leaders : Case studies in England, France, Italy and Portugal ». Italian Journal of Sociology of Education, vol. 9, n° 3.
- Eurydice (2007). Autonomie scolaire en Europe. Politiques et mécanismes de mise en œuvre. Bruxelles : Commission européenne.
- OCDE (2011). « Autonomie et responsabilisation des établissements d’enseignement Quel impact sur la performance des élèves ? ». Pisa à la loupe, n° 9, octobre, p. 4.
- Pont Beatriz, Nusche Deborah & Moorman Hunter (2008). Améliorer la direction des établissements scolaires, Volume 1 – Politiques et pratiques. Paris : OCDE.