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Alors que se profile un nouvel acte de la décentralisation, notre enquête exclusive Médiascopie – La Gazette – MNT dessine l’image, nuancée, qu’ont les administrés du bloc local. Si la commune reste l’échelon « favori », l’intercommunalité s’est installé dans le paysage. Surtout, les Français ont aujourd’hui bien conscience des limites d’action de ces collectivités locales.
La commune reste l’échelon de proximité par excellence et, à ce titre, le favori des Français. Mais, au fil des années, elle a perdu un peu de son aura, notamment en raison de la prise de conscience des limites du pouvoir du maire et de son équipe. L’un des premiers enseignements de notre enquête exclusive montre que, sur l’échiquier territorial, les Français accordent encore une place honorable à l’échelon local – notes au-dessus de 6/10 aux deux questions posées pour chaque item : « pensez-vous que ce mot contribue au mieux-être ? » et « pensez-vous que votre commune/intercommunalité est capable d’agir sur… ? » – (lire « la méthode »).
Opérateurs clés – Même si la commune (qui obtient 6,7 et 6,5 sur les deux questions) distance encore l’intercommunalité (6,1 et 6,3), l’institut Médiascopie déduit de la note de cette dernière qu’elle « s’est finalement imposée comme faisant partie du paysage institutionnel ».
Mais les appréciations liées au bloc communal ne sont pas non plus excellentes, en particulier quand les sondés notent sa capacité d’action. Son pouvoir est alors perçu, sur différentes problématiques, « comme incomplet ou limité, en tout cas rarement incontournable », analyse l’institut Médiascopie.
Dans ce classement des acteurs du « mieux-être », la métropole est, après l’Etat, la plus mal notée. « Certainement parce que les réalisations des métropoles, pourtant déjà très investies dans des projets de compétitivité, ne sont pas encore visibles », commente Maurice Vincent, sénateur maire (PS) de Saint-Etienne (Loire), également président de Saint-Etienne métropole.
L’action des communes et des intercos est appréciée et jugée essentielle dans plusieurs domaines : la tenue des services publics, le vivre-ensemble, le soutien à l’initiative citoyenne, l’action culturelle, la mise en place, le soutien et la gestion des dispositifs consacrés aux plus fragiles (de la petite enfance au grand âge) et, enfin, l’intervention des services techniques – meilleures notes obtenues (7,2 et 7,2). « C’est une vision extrêmement fonctionnelle de l’échelon (inter)communal qui prévaut dans l’esprit de nos concitoyens », en déduit Médiascopie, soulignant que les administrés « ne se trompent pas quant [aux] attributions principales » de cet échelon.
Si l’on observe plus en détail, le bloc local est reconnu comme l’opérateur clé de l’intégration de la nature en ville. « Les projets de création d’espaces verts sont toujours très fédérateurs », confirme Frédéric Ségur, directeur du service « arbres et paysage » du Grand Lyon (Rhône), représentant de l’Association des ingénieurs territoriaux de France. « L’idée est admise que la nature n’est pas là que pour faire beau, qu’elle a un rôle sanitaire, climatique et même social. »
Les agents valorisés – Par ailleurs, aux yeux des Français, l’action du bloc local est portée par l’implication de ses agents. « Enfin une image des territoriaux qui reflète la réalité ! », se félicite Jean-Pierre Moreau, président de la Mutuelle nationale territoriale. On relève que l’item « agents communaux et intercommunaux » est noté quasiment au même niveau que le maire. Un élu que les sondés souhaitent « transparent et accessible », et non « cumulard » (la proposition d’interdire le cumul des mandats est notée 7,2).
Pour capitaliser ces appréciations positives, Médiascopie conseille aux collectivités d’adopter une « communication rythmée par l’identification de projets et de compétences clés », accordant une large place au collectif, qu’il s’agisse des agents ou des élus. Objectif : renvoyer l’image « d’une équipe pour la ville, qui rassemble déjà et ne demande qu’à accueillir de nouveaux membres – la société civile ».
Il faut « toujours se rappeler que ce qui n’est pas vu n’est pas su ! », insiste Denis Muzet, président de l’institut. « Cet effort d’explication fait que, en tant que communicant, on a souvent l’impression de rabâcher. Mais c’est ainsi que l’on défend efficacement un projet de territoire », reconnaît Joëlle Goepfert, directrice de la communication de la communauté d’agglo Orléans Val de Loire (Loiret), représentante de l’association Communication publique.
A l’inverse, les sondés considèrent que l’action des communes et des intercos est limitée en matière de développement économique, de lutte contre le chômage (avec un jugement très moyen sur les maisons de l’emploi et les missions locales), d’aménagement urbain et de logement, excepté en ce qui concerne l’offre de logements sociaux.
Sur le sujet sensible de la sécurité, l’appréciation revêt deux dimensions : si la capacité d’intervention (inter)communale est jugée élevée quand l’item est pris dans sa globalité, c’est aux forces de l’ordre nationales que les Français font confiance quand on rentre dans le détail – par exemple la prévention de la délinquance. « Le bloc communal a l’image d’un échelon qui fait ce qu’il peut » dans ces domaines, en conclut Médiascopie.
Encore une marge de progression – A ces critiques, s’ajoutent les mauvaises notes attribuées aux items « décentralisation » et « nouvelle étape de la décentralisation ». Néanmoins, les propositions suggérées dans l’enquête, qui viendraient renforcer le rôle du bloc local (par exemple, l’élection des conseillers communautaires au suffrage universel direct), sont, elles, bien notées. Ainsi, même si l’échelon local paraît, sous certains aspects, comme « pris » dans le millefeuille de la décentralisation, il a encore, demain, des cartes à jouer.
Rappel de la méthodologie
Quelles perceptions les Français ont-ils de leurs communes et de leurs intercommunalités ? Quelles sont leurs attentes ? Et quelle est la marge de manœuvre qu’ils attribuent au « bloc communal » dans la définition et la mise en œuvre de l’action locale ? L’Institut Médiascopie a soumis au jugement d’un échantillon représentatif de 605 Français plus de 200 mots des communes et intercommunalités sur 2 échelles de 0 à 10 :
- L’une de contribution au mieux-être (« plus vous pensez que ce mot contribue favorablement au mieux-être de la population dans la commune – ou le groupe de communes – où vous habitez » / « moins vous pensez que ce mot contribue favorablement au mieux-être de la population dans la commune – ou le groupe de communes – où vous habitez »),
- L’autre de capacité d’action (« plus vous pensez que votre commune – ou votre groupe de communes – est capable d’agir favorablement sur ce que recouvre ce mot » / « moins vous pensez que votre commune – ou votre groupe de communes – est capable d’agir favorablement sur ce que recouvre ce mot »). Munis de leurs 2 notes, les mots ont été projetés dans le graphique et interprétés selon leur position.
L’enquête a eu lieu entre le 19 et le 27 septembre 2012. La méthode d’enquête « Les Mots de » est une création exclusive de l’Institut Médiascopie. Appliquée à des thèmes du débat public, des territoires, des entreprises et des institutions, des produits ou des marques, elle permet de faire émerger les représentations collectives, la « carte mentale des Français » sur le sujet traité.