In L’Observateur OCDE :
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Jeunes, qualifiés, formés, ouverts sur le monde et pourtant sans travail : voici les caractéristiques d’une génération que l’on dit sacrifiée. Les difficultés des jeunes sont aujourd’hui trop nombreuses, et diffèrent selon les régions et les individus. Beaucoup de jeunes souffrent du chômage ; certains doivent lutter pour leurs libertés fondamentales ou pour créer des structures représentatives de la jeunesse, d’autres sont confrontés à différentes formes de discrimination. Les Indignés sont légion !
Le chômage et la montée des inégalités suscitent de l’indignation et un profond sentiment d’injustice. Les citoyens ont le sentiment de payer le prix d’une crise dont ils ne sont pas responsables, et les jeunes estiment avoir été les premiers sacrifiés. Les nouveaux mouvements de protestation populaire réclament plus de justice sociale à l’échelle mondiale, un nouvel agenda politique, et de nouveaux modèles économiques et sociaux visant non seulement la croissance, mais aussi l’ouverture, l’équité et l’intégration. Notre rôle, en tant qu’acteurs reconnus de la société civile, est de mettre à profit la dynamique de ces mouvements, de relayer leurs revendications auprès des décideurs et de traduire celles-ci en propositions d’actions concrètes.
Le Forum européen de la jeunesse travaille sur ces mêmes problématiques. Il s’emploie à donner aux jeunes les moyens de participer activement à la société et d’améliorer leur destin ; il se fait l’avocat de leurs besoins et de leurs intérêts, ainsi que de ceux des organisations de la jeunesse. Au Forum européen de la jeunesse, l’emploi des jeunes figure en tête de nos priorités. Nous sommes les principaux promoteurs de l’accès des jeunes à la protection sociale, de la qualité des stages et de l’apprentissage, des opportunités accrues de création d’entreprise, et de la nécessité de créer un dispositif de Garantie pour la jeunesse. Nos organisations membres sont de plus en plus nombreuses à souscrire aux Plans d’action nationaux en faveur de l’emploi des jeunes, afin de contribuer par leur action à l’amélioration de la situation des jeunes sur le marché du travail.
Nous sommes, certes, très préoccupés par l’aggravation de la crise et par son impact sur les budgets nationaux à court terme, mais nous sommes aussi convaincus que le « tout austérité » n’est pas la solution. Il est fondamental d’investir plus – et mieux – dans l’éducation et la création d’emploi. C’est pourquoi nous proposons un Plan européen pour l’emploi, afin d’aider les entreprises à investir dans la jeunesse et à recruter des jeunes, grâce à un accroissement des fonds structurels et de cohésion. Autre axe d’action important : la réduction de la précarité – due notamment aux bas salaires et à des mesures limitant l’accès à l’assurance sociale –, et la sécurisation de la transition entre formation et emploi.
Les jeunes font déjà preuve d’une grande flexibilité. Ballotés entre stages et contrats temporaires, dépourvus de protection statutaire car sans ancienneté, ils sont souvent considérés comme des « exclus du marché du travail », privés d’accès aux mêmes niveaux de rémunération et de sécurité de l’emploi que les « inclus ». Les réponses possibles sont multiples, mais toutes passent par une volonté politique forte et par l’investissement !
Il est une mesure importante, qui permettrait de lutter contre le chômage des jeunes et donnerait un coup de fouet à l’économie européenne : un système généralisé de Garantie pour la jeunesse, assorti d’une dotation financière et d’une supervision adéquates, qui garantirait à chaque jeune, au bout de quatre mois d’inactivité, soit une proposition d’emploi, soit une formation, soit une reconversion. Une telle mesure permettrait aux jeunes de rester en contact avec le marché du travail, d’actualiser leurs qualifications et leurs compétences, et ainsi d’améliorer leur employabilité pour l’avenir.
S’il y a trop peu d’emplois sur le marché, la formation, la reconversion et les études ne sont que des solutions temporaires. La réponse réside dans la promotion de l’entrepreneuriat, autrement dit dans la création d’emploi. La création d’entreprise devrait être couverte par cette Garantie pour la jeunesse : c’est une manière pour les jeunes de rester actifs sur le marché du travail, de s’assurer un revenu et d’exploiter leur potentiel. Pourtant, actuellement, les jeunes ne voient pas l’entrepreuneuriat comme une option viable pour gagner leur vie. Trop d’obstacles subsistent.
Les stages et l’apprentissage de qualité peuvent aussi faire partie de la solution, mais leur mise en oeuvre soulève des difficultés. Ils ne doivent pas se substituer à de vrais emplois. Cependant, les stages et les places d’apprentissage de qualité sont fort utiles pour combler l’écart entre les qualifications et les besoins.
Cette inadéquation entre l’offre et la demande de qualifications sur le marché du travail a provoqué l’émergence d’une catégorie de plus en plus nombreuse de jeunes surqualifiés qui, faute d’emplois adaptés, se tournent vers l’émigration ou l’emploi sous-qualifié. Pour y remédier, il faut améliorer l’orientation professionnelle et resserrer les liens entre le système éducatif et le marché du travail. Soulignons aussi les résultats de l’éducation non formelle et des possibilités d’apprentissage informel offertes dans le cadre des organisations de jeunesse et des projets menés par des jeunes. Grâce à ce type d’expérience, il est possible d’acquérir des compétences générales comme des langues étrangères, la confiance en soi, l’aisance à parler en public ou encore la gestion de projets et de budgets.
Nous pensons que les jeunes, en ces temps de crise et d’austérité, ont besoin de véritables investissements plus que de belles paroles. Politiquement et financièrement, les jeunes doivent être une priorité pour l’Europe – ils le méritent vraiment.