PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

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Il y a ceux qui sont dedans et ceux qui sont dehors.

Il y a ceux qui désespèrent et ceux qui s’aveuglent encore sur des pratiques caduques et pathétiques.

Il y a ceux qui s’accrochent avec ténacité et enthousiasme et ceux qui s’en tiennent aux bonnes-vieilles-méthodes-d’autrefois,

"moi d’ailleurs je n’ai pas de problème dans ma classe…"

 

 

 

 

 

 

Ces derniers ne s’interrogeant jamais sur ce qui se passe… dans l’heure qui suit, hors de l’école ou avec le collègue qui prend la suite !

Il y a les utopiques (j’en suis), les dérangeurs (j’en suis aussi) qui voudraient qu’on arrête de faire des réformes en aval, pour proposer et œuvrer en amont…

Il y a les inquiets (qui sont peut-être les mêmes) qui se demandent combien de temps, à quel prix ils vont tenir, et comment vont-ils continuer de transmettre, d’exercer cette profession extraordinaire, dans laquelle ils ont mis l’essentiel de leurs valeurs et parfois de leur vie : enseigner et former.

           Il y a les enfants et l’immense vague de leurs attentes, leurs maladresses, leurs violences aussi, avec des besoins qui sont trop souvent confondus avec leurs désirs.

             Il y a les parents avec leurs inquiétudes, leurs doutes et au-delà de leurs réactions passionnées ou passionnelles parfois à l’encontre des enseignants, leur désir profond d’un univers scolaire meilleur, plus sécurisant, plus interactif avec leurs enfants.

             Il y a tous ceux qui de près ou de loin coexistent avec l’école, qui s’en servent ou qui la maltraitent, ceux qui glosent sur ce qu’elle devrait être, ceux qui l’attaquent parce qu’elle les menace, ceux qui la manipulent pour des enjeux quelquefois suspects.

             Il y a aussi bien sûr les politiques. Et je voudrais distinguer les institutions et les personnes. C’est avec les personnes que les choses bougent. C’est avec tel élu, tel fonctionnaire qui s’engage, qui prend sur lui d’affronter le maquis des règlements, les marécages des lieux communs, la jungle épaisse des habitudes ou les savanes stériles des commissions, pour défendre, soutenir une avancée significative, un projet, un changement dans l’univers de l’École. C’est telle personne et j’en connais, qui au-delà de sa fonction, parmi toutes les priorités, soutient, dynamise une idée et la lance dans la vie en œuvrant pour qu’elle ne se banalise pas, pour qu’elle ne se dévitalise pas, pour qu’elle reste passionnante et efficiente !

           Il y a les syndicats ! Ah ! les syndicats d’enseignants, sans lesquels rien ne semble possible, avec lesquels rien n’est facile… avec lesquels rien n’est possible si on les braque, si on leur impose, si on ne les sensibilise pas. Mais eux aussi changent, évoluent, s’intéressent de plus en plus au pédagogique et au relationnel, s’ouvrent et prolongent leurs réflexions sur le sens de l’école d’aujourd’hui et par là-même sur la finalité de leur action et de leur engagement.

             L’immense peuple de l’école qui rassemble des gens d’horizons, de cultures si différents, ce peuple de l’école si passionné, si antagoniste par moment, si divisé, si perplexe et pourtant si désirant de quelque chose d’autre, de quelque chose de nouveau, pour aller au-delà d’une espérance et d’une promesse vers une école qui socialise, qui renforce l’autonomie des enfants, qui leur permette de trouver une place dans le concret de la vie.

L’école doit changer, c’est une banalité de le dire, chacun en est persuadé,

mais personne ne semble s’accorder encore: sur le comment, dans quelle direction et avec quels moyens…

             Quelques antiennes reviennent souvent ; la formation des enseignants, qu’on a cru réglée en France, par la mise en place des IUFM et la création d’une nouvelle étiquette : Professeur d’école, l’augmentation du nombre des professeurs, une décentration possible, une gestion plus rigoureuse du matériel, des novations technologiques…

             Les colmatages sur le bateau-École sont fréquents, parfois efficaces circonstanciellement, ponctuellement, mais toujours limités par le court terme, apaisants tout au plus, dérisoires souvent par rapport aux problématiques du terrain. Les enseignants hésitent entre la séduction pédagogiste (prenant appui sur des techniques audio-visuelles, sur la technologie avancée Internet et autre médias) et la tentation répressive avec le retour à des contraintes, des exigences plus coercitives. Peut-être faudra-t-il trouver une troisième voie : la voie du milieu : cohérence, rigueur, affirmation de valeur et engagement.

I

             Si je poursuis l’image, il faudrait pour le bateau-École une révolution équivalente à celle des multicoques dans l’univers de la voile.

Un changement de regard, de concepts, une dynamique nouvelle

pour faire de l’univers scolaire une école de vie.

             Il y a deux ans, une émission diffusée un dimanche soir, juste après le film, sur France 2 présentait un reportage sur "les professeurs qui réussissent". Ce qui m’a frappé, c’est la cohérence qu’il y avait entre ces enseignants qui ne se connaissaient pas et qui cependant, avec des modalités différentes, proposaient des points communs, des attitudes et des comportements, qui m’ont semblé poser des jalons possibles pour une autre pédagogie,

             une pédagogie que j’appelle de l’implication.

J’ai retenu quelques points qui paraissaient leur être communs.

* Ils étaient la plupart du temps dans la salle et non au tableau ou à leur bureau.

* Ils avaient un contact physique ludique, chaleureux et bienveillant avec les élèves.

* Ils introduisaient des échanges personnalisés, sorte de sauce, de liant qui donnait à la matière transmise une vie, un goût, une odeur, une densité particulière.

* Ils s’appuyaient sur les compétences de la classe. Avant de répondre ils recherchaient un appui chez les autres élèves.

* Ils étaient manifestement passionnés par la matière qu’ils avaient à transmettre.

* Ils cultivaient tous une dimension inter et intra relationnelle qui allait au-delà de la relation fonctionnelle visant à la transmission et à l’intégration d’un savoir ou d’un savoir-faire, pour développer ce qui m’a semblé relever plus du savoir-être, du savoir-créer et du savoir-devenir.

             Je me situe pour ma part, dans la catégorie des praticiens utopiques, un peu monomanes, c’est-à-dire fixé, accroché à une seule idée de base, qui s’appuie sur une croyance confirmée par l’expérience :

             la nécessité d’apprendre la communication relationnelle dans tout le cursus scolaire, comme une matière à part entière.

             Aux quatre matières de base : lire, écrire, compter, s’exprimer en ajouter une cinquième : communiquer.

             En proposant inlassablement d’introduire un apprentissage de la communication au même titre que les matières de base : le calcul, le français, l’histoire, la géographie, la biologie, avec une méthodologie de base accessible et transmissible à chacun.

             Dans la foulée des travaux de Françoise Dolto, qui a suscité, nous en bénéficions tous les jours, beaucoup de changements dans les crèches, dans les maternelles, dans les conduites parentales de la petite enfance, mais qui a buté semble-t-il sur les changements touchant à "la grande école, aux collèges et aux lycées." qui n’a pas induit à mon avis suffisamment de changements dans les conduites pédagogiques du primaire et du secondaire, qui n’a pas éveillé chez les enseignants l’implication personnelle qui supposerait la remise en cause de leur positionnement relationnel en situation de classe. Je me situe comme un pédagogue de la relation, faisant le pari qu’il est possible de transmettre des règles d’hygiène relationnelle plus dynamiques et structurantes que l’improvisation, le spontanéisme chaotique ou la simple bonne volonté et les bonnes intentions (qui s’apparentent à des vœux pieux) qui sévissent massivement actuellement.

           Je propose que l’on puisse enseigner la communication à la fois comme outil (directement exploitable dans le contexte scolaire) et comme une pratique concrète, s’appuyant sur le vécu immédiat (avec toutes ses implications dans l’univers de l’enfant : loisirs, famille, société proche et élargie.

             Je crois cela possible, nécessaire et urgent pour rassembler, pour donner au peuple de l’école, une cohérence plus grande à partir d’un langage commun, intégrant des pratiques différentes mais articulées autour de quelques bases repérables qui serviront de balises. En rappelant qu’une balise ne vous dit pas d’aller à tel ou à tel endroit, mais vous indique que si vous avez envie d’aller à tel endroit, c’est dans cette direction et que tant de kilomètres vous attendent.

             En cessant donc de proposer des réformes en aval pour introduire une réforme structurante en amont, en enseignant la communication de l’implication et donc promouvoir pour cela des enseignants relationnels et engager plus l’école dans la voie d’une ouverture et d’une inscription dans une vie en devenir, dont les mutations rapides qui, même si elles sont insécurisantes, peuvent être aussi très… stimulantes.

 

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